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Famille du Chevalier Goybet

Etienne Montgolfier Superieur de St Sulpice au Canada

ETIENNE MONTGOLFIER SUPERIEUR DE ST SULPICE AU CANADA ( 1712- 1791)
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Né le 24 décembre 1712 à Vidalon-lès-Annonay(France) et mort le 27 août 1791 à Montréal (Québec), est un un prêtre sulpicien français. Il est seigneur de Montreal en tant que supérieur de St Sulpice  et évêque de Québec de 1763 à 1764. Il est l'oncle des frères Joseph-Michel et Jacques-Étienne Montgolfier  célèbres inventeurs des aérostats. Il a des ançètres communs avec les goybet qui descendent du père des inventeurs.  

 

 

Voir également 

Famille Montgolfier,

Pierre Montgolfier papetier

Famille des freres Montgolfier

Ançêtres Goybet et Avignon

Marc Seguin Inventeur

Le pont suspendu d'Avignon

Folco de Baroncelli Camargue

Académiciens des sciences de la famille , voir également :

Les Bravais : Scientifiques

Famille des frères Montgolfier

Lespieau : General Théodore + Academicien Robert lespieau

Marc Seguin Inventeur

Autres  figures hautes en couleur 

Saint Vladimir de Russie

Saint Louis et son père Louis VIIl le Lion  

Napoleon Theil Révolution 1848

Folco de Baroncelli Camargue

Charles Dullin et Jean Vilar

Pour les officiers généraux  et les autres membres de la famille voir :

 Site Goybet Actu // Syrie-USA

 

Il étudie les humanités ainsi que la philosophie et la théologie au séminaire de Viviers entre 1732 et 1741. Ordonné prêtre le 23 septembre 1741, il décide d’entrer chez les sulpiciens et enseigne la théologie dans les établissements de la Compagnie en France.

Affecté au Canada, il arrive à Montréal en octobre 1751; très rapidement, il obtient la reconnaissance de ses pairs et est nommé supérieur en 1759. Ce poste lui octroie automatiquement les titres d'administrateur des seigneuries appartenant aux Sulpiciens, de curé en titre de la paroisse de Montréal et de vicaire général de Québec pour le district de Montréal. Il est aussi supérieur ecclésiastique et aumônier des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Après la Conquête, en 1763, il se rend en France et en Angleterre pour défendre les intérêts de la Compagnie et négocier la nomination d’un nouvel évêque de Québec, Mgr de Pontbriand étant décédé en 1760. C’est alors que, élu unanimement et en secret par le chapitre de Québec le 15 septembre 1763, il est choisi par le Saint-Siège pour succéder à ce dernier, malgré le fait que la propagande ait estimé l’élection entachée de nullité, sans cependant s’opposer à sa personne. Mais après avoir été informé que le gouverneur James Murray favorise la candidature de Jean-Olivier Briand, il préfère remettre sa démission le 9 septembre 1764, et est de nouveau nommé vicaire général en 1766. Entre-temps, le 29 avril 1764, il obtient alors du séminaire de Saint-Sulpice de Paris un acte de donation complète des possessions canadiennes en faveur du séminaire de Montréal, assurant l’avenir des Sulpiciens qui consentent à devenir sujets britanniques au Canada.

On propose une nouvelle fois l’épiscopat à Montgolfier en 1784, à titre de coadjuteur de Québec, mais il refuse en 1785 à cause de son âge trop avancé, préférant alors consacrer son énergie au gouvernement et au recrutement des sulpiciens. Il meurt à Montréal le  27 août 1791 1,2.,

 

 

Le dictionnaire historique des hommes illustres du Canada et de l’Amerique publié en 1857 par Bibaud Jeune President general de l’institut polytechnique et Docteur de la faculté des droits de l’université de St jean de New york présente la biographie d’Etienne Montgolfier. Il est donc juste de donner à notre grand Oncle toute la place qu’il mérite . Sans avoir été aussi connu que ses neveux, les fameux aerostiers , il n'en a pas néanmoins joué un role clef dans la préservation de la religion catholique et de la culture Française au Canada.

Dictionnaire des hommes illustres du Canada

La Nouvelle-France désignait l'ensemble des territoires de l'Amérique du Nord sous administration française, avant 1763. Dans sa plus grande dimension, avant le Traité d'Utrecht (1713), la Nouvelle-France comprenait cinq colonies possédant, chacune, une administration propre : le Canada, l'Acadie, la Baie d'Hudson, Terre-Neuve, la Louisiane.
La frontière occidentale de ces colonies était ouverte sur tout l'ouest du continent, sans délimitation précise.


QUÉBEC: Deux possibilités quant à l'origine et la signification de ce mot. La première est qu'il viendrait de la langue iroquoise et signifierait «Là où le fleuve se rétrécit». La seconde veut qu'il découle plutôt du mot montagnais «képak» qui veut dire «débarquez». Champlain aurait donc pris l'invitation faite par les autochtones de débarquer pour le nom de l'endroit.


CANADA: Ce mot est originaire de la langue iroquoise, plus particulièrement du mot «kanata» qui signifie «village». Jacques Cartier crut qu'il s'agissait là du nom de tout le pays. Le nom de Canadien ne sera utilisé que par la population francophone de la vallée du Saint-Laurent (les Québécois d'aujourd'hui), jusqu'à ce que les compatriotes anglais se l'approprient vers la fin du XIXe siècle. Désireux de souligner le caractère distinct de leur identité, les Canadiens deviendront Canadiens-Français, puis finalement Québécois dans les années 1960.

ACADIE: Ce nom provient peut-être de «Arcadie» (la légendaire province grecque) ou encore «La Cadie» (une adaptation française d'un mot micmac qui signifie «endroit fertile»). En 1755, plusieurs Acadiens sont déportés et se réfugieront en Louisiane pour devenir les Cadiens ou "Cajuns"

Aux 17e et 18e siècles, la société se découpe en trois groupes principaux : la noblesse, la bourgeoisie et les roturiers ou « petites gens ». L'habitant en Nouvelle-France, appartient à ce dernier groupe qui représente 90 pour cent de la population adulte laïque.

Quelques roturiers obtiennent la concession de seigneuries ou, encore, ils les achètent, grâce aux revenus tirés de la traite des fourrures ou de leur toute autre source. On les appelle « seigneurs habitants ». D'autres occupent des charges civiles comme marguilliers ou capitaines de milice, ce qui les place au-dessus du commun, sans toutefois leur apporter le prestige dont jouissent les classes supérieures. On peut pourtant dire qu’une «élite rurale» se dessine dans ce milieu.

S’il ne vit pas richement, l’habitant de la Nouvelle-France vit bien et peut-être mieux que le paysan français. C’est ce qu’indique une lettre signée en 1699 par l'intendant Jean Bochart de Champigny :

« Les habitants qui se sont attachés à la culture des terres et qui ont tombé dans de bons endroits, vivent assez commodément, trouvant des avantages que ceux de France n'ont point, qui sont d'être presque tous placés sur le bord de la rivière [fleuve], où ils ont quelque pêche et leur maison étant au milieu du devant de leur terre qui se trouve par conséquent derrière et aux deux côtés d'eux. Comme ils n'ont point à s'éloigner pour la faire valoir et pour tirer leur bois qui est à l'endroit où se terminent leurs terres, ils ont en cela de très grandes facilités pour faire leurs travaux. »

Cette description ne s’applique pas à tous les habitants qui doivent composer avec des facteurs aussi aléatoires que le hasard, la longévité des parents ou le nombre de fils qui les soutiennent dans leurs travaux.


 

Puis il y eut l’invasion Anglaise puis Americaine et la fin de la nouvelle France.

Etienne Montgolfier a assumé la responsabilité de la seigneurie de Montreal et de sa communaute religieuse dans des circonstances difficiles entre les pressions de la royaute Anglaise sur le clerge et les administrations et la guerre d’independance Americaine qui voulait faire du Canada sa 14 eme colonie . Nous retracerons le contexte historique, detaillerons les populations qui se trouvaient deja en nouvelle France avant la conquete puis nous evoquerons en detail la biographie de deux fameux Superieurs de St Sulpice . Dollier De Casson ( 1636-1701). et Etienne Montgolfier et celle de Jean de Brebeuf patron du Canada.

 

 

 

Plaque notre Dame bon Secours

Les 1001 secrets de Notre Dame du bon secours/ Radio canada/Emission /le 15/02/2016

Rétablissement de l’ancienne chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours brûlée en 1775 alors que les Anglais voulaient faire de ce lieu une caserne. Etienne Montgolfier eut l’honneur de replacer solennellement la première pierre de l’ édifice et la douce consolation de voir notre Dame du Bon Secours rendue au culte, en moins de deux ans.
 


LE CONTEXTE HISTORIQUE :

Des dates Importantes :

1492 : Christophe Colomb decouvre l’amerique

1534 : Jacques Cartier decouvre le golfe du St Laurent et aborde à Gaspé , ou il prend possession du territoire au nom du roi François 1er

1608 : Champlain fonde Quebec au pied du lac diamand

 



1609: Pour prouver ses bonnes intentions à ses allies hurons, alguonquins et montagnais, Champlain se joint à eux sur le sentier de la guerre. Il remonte la rivière des Iroquois (Richelieu) jusqu'à un lac auquel il laissera son nom. C'est là que Champlain affronte les Iroquois pour la première fois. Champlain et ses alliés sont vainqueurs mais les Iroquois seront désormais les ennemis mortels de la Nouvelle-France.

1610: Etienne Brulé, quitte les Français pour aller vivre parmi les Hurons. Ce faisant, il devient le premier Européen à atteindre les lacs Ontario, Huron et Supérieur

1627: Fondation de la Compagnie de la Nouvelle France, un regroupement de marchands qui a pour but l'exploitation des fourrures et pour mandat la colonisation de la colonie. Le régime seigneurial est instauré.

1634 : A la suite de la demande du chef Améridien Capitanal, Champlain envoie le sieur de la Violette fonder un poste de traite des fourrures à l’embouchure de la riviere St Maurice, trois rivieres. La compagnie des cent associes cree la premiere seigneurie à Beauport.

1641 : Début de la première guerre Franco Iroquoise

7 Mai 1642 : Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance , accompagnés d’une cinquantaine de personnes debarquent sur l’ile de Montreal . Fondation de Ville – Marie c est a dire Montreal. Paul Chomedey de Maisonnneuve
represente la societe notre dame de Montreal.

1649: Début du génocide de la nation huronne par les Iroquois

22 Septembre 1653 : Maisonneuve revient de France avec 100 soldats engages pour defendre Montreal contre les Iroquois A bord du navire se trouve marguerite Bourgeois venue ouvrir une ecole . Elle ecrit qu’ á Quebec tout est si pauvre que cela fait pitié . A son arrivée á Montreal , elle ne trouve pas d’enfants d’age scolaire à cause d’une forte mortalite infantile.

1657 : Arrivée des Sulpiciens à Montreal .

1660 : Dollard des Ormeaux et ses compagnons sauvent Montréal d'une attaque iroquoise, au prix de leurs vies.

1663 : Louis XIV depuis peu au pouvoir , après avoir demandé des comptes à la compagnie des cent associés et remarquant qu’elle n’ a pas rempli son devoir d’assurer la colonisation de la nouvelle France, dissout la compagnie et rattache la colonie à la couronne. C’est la fin de 60 ans de compagnie privillégiées.

1669 : Dollier de Casson se joint a l’expedition de Robert Cavelier de la Salle. Lac Ontario, Niagara, lac Erié… Il prend possession des territoires au nom du roi de France .

1670 : Dollier de casson est nommé Superieur de St Sulpice, seigneur de Montreal

1682 : Rene Robert Cavalier de la Salle descend le Mississipi jusqu’a son embouchure et prend possession de cet immense basin au nom du roi de France . L’empire Français en Amerique s’ etend depuis Quebec jusqu’au delta du mississipi. .

1689: 1500 guerriers iroquois, sous les ordres des Anglais, débarquent secrètement à Lachine, sur l'île de Montréal. Ils brûlent 56 des 77 maisons du village, tuent 24 habitants et en capturent environ 90 autres. De ces prisonniers, 46 reviennent dans la colonie, les autres sont torturés et brûlés en Iroquoisie. C'est le tristement célèbre Massacre de Lachine.

1690 : Les Anglais sous les orders de l’Amiral Phipps , assiègent Quebec . Phipps dépeche un envoyé auprés de Frontenac , le Commandant des troupes Françaises et exige qu’il se rende sur l’heure.

Frontenac retorque : << Je n’ai point de réponse ä faire à votre general que par la bouche de mes canons et à coups de fuzil. >>. Les Anglais seront battus et Quebec sauvé.

1701 : La Grande Paix de Montréal est enfin signée entre les Iroquois et les Français. Le gouverneur Callière accueille 1300 ambassadeurs amérindiens lors de grandioses festivités qui eurent lieu à la mission iroquoise de Sault-Saint-Louis (aujourd'hui Kahnawake. Ce traite permet l’etablissement de nouvelles paroisses.

1711: Les Britanniques mettent sur pied une invasion de Québec et Hovender Walker en est nommé commandant en chef. Lorsque l'imposante flotte pénètre dans le Saint-Laurent, huit navires heurtent des récifs et coulent, causant la mort de 900 personnes. Le conseil de guerre décide de rebrousser chemin.

1713: L'Acadie est cédée à l'Angleterre. Très rapidement, il devient évident que les nouveaux dirigeants anglais n'ont aucune intention de respecter les libertés des Acadiens. On les empêche de quitter le territoire conquis pour éviter qu'ils aillent s'allier aux forces de la Nouvelle-France. On a également besoin d'eux pour fournir les garnisons anglaises en nourriture. En 1730, le lieutenant Lawrence Armstrong commence à octroyer des terres à des colons bostonnais mais refuse d'en faire autant pour les Acadiens dont la population s'accroît sans cesse.

1713: Avec le traité d'Utrecht, la France doit céder Terre-Neuve et la Baie d'Hudson à l'Angleterre. La Nouvelle-France se trouve désormais stratégiquement encerclée.

Octobre 1751 Etienne Montgolfier quitte La Rochelle pour joindre ses confreres de Montreal.

1755 : Debut de la deportation des Acadiens. Les Acadiens refusent de prêter serment à la couronne britannique. Désireux d'empêcher ces valeureux colons français de quitter l'Acadie pour aller défendre le Canada, le gouverneur Charles Lawrence met sur pied un projet militaire.

Il s’empare de la population desarmée, l,entasse sur des navires et la disperse par groupes dans les colonies Americaines.. Les familles sont déchirées, les enfants séparés de leurs parents et les maris de leurs épouses. C'est la déportation des Acadiens, un des crimes les plus odieux de toute l'histoire de la Nouvelle-France. On compte environ 12 000 personnes ainsi déportées.

Lawrence ordonne à ses hommes: "Vous devez faire tous les efforts possibles pour réduire à la famine ceux qui tenteront de s'enfuir dans les bois."

Decembre 1756 : William Pitt ( pere) devient premier ministre de la grande Bretagne . Il est convaincu que la guerre se gagnera en Amerique et non en Europe . Il projette de s’emparer de Louisbourg et de Quebec ; une fois ces conquetes realisées , le reste de la colonie suivra. Debut de la guerre de 7 ans

 

Video : La guerre de 7 ans racontée par Voltaire 

 



17 Septembre 1759 : Claude Nicolas Roch de Ramezey , lieutenant du roi à Quebec , remet la ville de Quebec au general George Townshend , successeur de Wolfe. Durant le siege de Quebec, la cathedrale et l’eglise Notre Dame des victoires sont incendiées.

Montgolfier cette annee là est nommé Superieur de St Sulpice et á ce titre dirige la seigneurie de Montreal.

8 Septembre 1760 : capitulation de la nouvelle France . La ville de Montreal est prise. Fin de la nouvelle France en Amerique . Instauration d’un regime militaire.

1763 : La Proclamation royale accorde la liberté à la religion catholique au pays tant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne." Donc, non-reconnaissance de la suprématie du pape, interdiction de toute communication avec Rome, contrôle civil étendu sur les propriétés ecclésiastiques, extinction projetée des congrégations masculines par l'interdiction imposée d'entrer dans la colonie aux religieux. En même temps, l'Église anglicane est désormais « établie» et les Canadiens encouragés à se convertir au protestantisme. Bref, Londres limite la liberté religieuse aux seuls actes du culte, en attendant l'assimilation planifiée de ses nouveaux sujets.

L'article IV du Traité de Paris garantissait aux descendants des pionniers français le droit de « pratiquer le culte de leur religion suivant les rites de l'Église romaine », mais avec cette restriction inquiétante : « en tant que le permettent les lois de la Grande-Bretagne ». Or, ces lois - Bill du Test et autres - écartaient précisément les Catholiques de toutes les charges publiques, de tous droits politiques, voire de maints droits civils.

L'Abbé Montgolfier est nommé en secret évêque de Québec.

1764 : Les deux premières paroisses anglicanes se forment à Montréal et à Québec.

1766 : Le 21 janvier, le pape Clément XIII signe la bulle nommant Jean-Olivier Briand évêque de Québec. Il sera consacré à Paris le 16 mars 1766. Le docile Jean-Olivier Briand doit faire un serment d'allégeance au roi pour son intronisation comme «surintendant» de l'Église romaine au Canada. On refuse ainsi le titre romain d'évêque de Québec.

Le clergé canadien est réduit à 138 prêtres. Mgr Briand est nommé surintendant du culte catholique. Il devient le 7e évêque de Québec.

1767 : Les sulpiciens fondent à Montréal le Collège Saint-Raphaël (futur Collège de Montréal)..

1774 : Suivant les recommandations du gouverneur Carleton, Londres décrète le «Quebec Act» dont le but est d'apaiser les Canadiens pour qu'ils ne se joignent pas à la révolution américaine des 13 colonies. Le territoire du Québec est considérablement agrandi pour inclure la vallée de l'Ohio et la région des Grands Lacs. Le Serment du Test est changé; les catholiques peuvent maintenant avoir accès à la fonction publique si toutefois ils prononcent un serment d'allégeance à la couronne d'Angleterre (qui existe d'ailleurs toujours pour nos députés fédéraux). Le texte demeure muet au sujet du statut des langues française et anglaise.

L'Acte de Québec délie les Canadiens de l'obligation de prêter le serment du Test pour accéder à une charge publique; il redonne aussi à l'Église le droit de percevoir la dîme des catholiques, dispensés en conséquence de la payer à l'Église anglicane. C'est une première concession majeure rendant de nouveau possible la viabilité économique des paroisses.

Au même moment, Londres approuve le choix de Monseigneur Briand quant à son coadjuteur. Or, comme Rome a pouvu ce poste du droit de succession, l'Église canadienne est assurée de la présence perpétuelle d'un évêque en Amérique du Nord.

Les Américains sont outrés que l'Angleterre permette aux Canadiens de garder leur religion catholique et empêche leur expansion vers l'ouest. Pour cette raison et en réaction à des taxes jugées excessives, les Américains lancent leur révolution. Ils tentent de convaincre les Canadiens se joindre à eux alors que le clergé prend position pour l'Angleterre. Les habitants choisiront finalement la neutralité.

1775: Après la signature du Quebec Act, des Anglais choqués vandalisent le buste de George III qui avait été installé sur la Place d'Arme à Montréal. Ils y inscrivent sur la base «Voici le pape du Canada et l'idiot d'Angleterre» (traduit de l'anglais). Ceci démontre bien le mécontentement des marchands anglais établis ici.
Les «Bastonnais» (nom que les Canadiens donnaient aux rebelles américains) tentent alors de conquérir le Québec par les armes. En septembre, ils assiègent le fort Saint-Jean et sont victorieux sur l'armée britannique.

Le 12 septembre, Montréal capitule et devient une ville américaine. Les nouveaux occupants établissent leur quartier général au château Ramezay. Les Anglais quant à eux, fuient vers Québec qui est assiégée à son tour.

C’ est dans la nuit du 30 au 31 Decembre que les generaux Montgomery et Arnold tentent un assaut qui s’averrera infructueux . Montgomery y trouve la mort .

C'est le début de la fin pour les Américains qui devront évacuer le territoire en juin 1776. Le sort en est jeté, le Canada sera britannique.

Mgr Briand et Mgr Montgolfier, le supérieur des Sulpiciens à Montréal, prêchent et font prêcher par les curés la loyauté à la Couronne, surtout lors de l'invasion américaine alors que se manifestent les sympathies pro-américianes des Canadiens. À ceux qui ne comprendraient pas, les cures refusent les sacrements. Après l'expulsion des Américians en 1776, l'évêque ordonne que soit chanté un Te Deum dans toutes les églises.

 



 LA SEIGNEURIE DE L'ILE-DE-MONTREAL

 

 

 

En 1636, la totalité de l'île de Montréal est concédée en seigneurie à Jean de Lauson. En 1640, la seigneurie est acquise par la Société de Notre-Dame de Montréal (ou Compagnie des Associés pour la Conversion des Sauvages), une société pieuse formée dans le but d'établir une colonie de peuplement à cet endroit et d'évangéliser les Amérindiens. Le 9 mars 1663, la seigneurie est donnée au Séminaire de Saint-Sulpice de Paris.

Pour assurer le peuplement du territoire, les Sulpiciens divisent l'île en « côtes », un ensemble de terres comptant une série de concessions1. Les premières côtes apparaissent sur le bord du fleuve Saint-Laurent, en aval et en amont de Ville-Marie. Le terme «côte» sera encore utilisé quand, vers 1700, on commence à concéder des terres à l'intérieur de l'île2.

Après la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne, en 1763, les Sulpiciens du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal en demeurèrent possesseurs et demeurèrent ainsi les seigneurs de Montréal jusqu'à l'abolition de la seigneurie en 1859.

De 1763 à 1840, la seigneurie de l'Île de Montréal est au centre d'un débat acharné, car une partie importante des marchands britanniques réclament avec insistance du gouvernement britannique qu'il dépossède les Sulpiciens de la seigneurie. Toutefois, les autorités britanniques se trouvent dans une position délicate sur cette question entre les exigences des marchands et les Sulpiciens, ces derniers prêchant la loyauté à l'empire britannique auprès de la population de la colonie. Il en résulte une longue période d'incertitude juridique sur le statut de la seigneurie, pendant laquelle les autorités, sans trancher sur le fond de la question, laissent néanmoins les Sulpiciens en possession de la seigneurie. Les événements de 1837-1838 firent pencher les autorités en faveur des Sulpiciens, car ceux-ci font preuve d'un zèle particulier dans leur collaboration avec le gouvernement colonial pour contrer le mouvement démocratique des Patriotes.

En même temps, les mécanismes du régime seigneurial deviennent inadaptés au territoire de plus en plus urbanisé de l'île de Montréal, en particulier le droit de lods et ventes, en vertu duquel les Sulpiciens, en tant que seigneurs, perçoient une redevance sur chaque vente de terrain qui s'effectue dans la seigneurie. Des négociations entre le gouvernement et les Sulpiciens conduisent à une entente par laquelle d'une part les droits seigneuriaux des Sulpiciens seraient officiellement reconnus mais d'autre part on initierait un mécanisme d'abolition volontaire de ces droits seigneuriaux moyennant une certaine compensation.

En 1840, une ordonnance des autorités coloniales confirme les droits des Sulpiciens sur la seigneurie et institue un mécanisme de commutation du régime de tenure des terrains selon lequel les tenanciers qui en feraient la demande pourraient obtenir l'abolition du régime seigneurial sur leur terrain en échange du paiement aux Sulpiciens d'un droit de commutation. Compte tenu de l'existence de ce régime de commutation particulier en place pour la seigneurie de l'Île de Montréal, la loi générale de 1854 sur l'abolition obligatoire du régime seigneurial au Canada ne s'applique pas à cette seigneurie. Toutefois, une loi ultérieure de 1859 en rend les principes essentiels également applicables à la seigneurie de l'île de Montréal.

Voir également :

 

 

 

 



LES AMERINDIENS


vraissembablement venus à pied d'Asie pendant la dernière ère glacière les premières nations s'établissent sur tout le continent américain. Il faudra toutefois attendre le réchauffement du climat et le retrait des glaciers pour voir arriver les premiers humains sur l'actuel territoire québécois. Contrairement aux civilisations urbaines qui existent en Amérique du Sud (Aztèques, Incas et Mayas), les habitants du Nord vivent généralement en nomades. Mais il est faux de croire que ces populations étaient primitives et simples. Les nations amérindiennes étaient parfois réunies en confédération et avaient des croyances et des philosophies très développées. Dans la partie qu'occupera la nouvelle France on retrouve plusieurs nations autochtones. Voici donc les trois principaux groupes, ainsi que le lieu qu'ils occupaient lors de l'arrivée de Champlain en 1605.


1 / LES ALGONQUIENS (Algonquins, Crees, Ojibwés, Micmacs, Naskapis, Abénaquis, Montagnais)

Le premier groupe est celui des Algonquiens. Ils se subdivisent en plusieurs nations. En Gaspésie et en Acadie, on retrouve les Micmacs. Il s'agit d'un peuple très brave et d'humeur joyale, et très tôt ils se lieront d'amitié avec les Français. Ils partagent ce territoire (aujourd'hui appelé le Nouveau-Brunswick) avec les Abénaquis et les Malécites. Un autre groupe algonquien habite la rive nord du Saint-Laurent, le Labrador et les régions du Saguenay et du Lac Saint-Jean. Il s'agit des Montagnais (ou Innu). Ce peuple est également tout à fait amical à l'égard des Français et accueille les missionnaires très pacifiquement. Ils aiment beaucoup faire du troc avec les Français... surtout pour obtenir des fusils dans l'échange (ce qui était toutefois interdit par les autorités françaises). Au nord du territoire montagnais on retrouve les Cris, et à l'est, la péninsule du Labrador est occupée par les Naskapis.
Les Algonquiens étaient des peuples nomades. Les hommes pêchaient et chassaient alors que les femmes recueillaient baies, racines ainsi que différentes graines. Ils vivaient dans des wigwams, des tentes de forme de cônes renversés faites de bois et recouvertes d'écorce ou de peaux de bêtes. Leurs vêtements étaient confectionnés de peaux et de fourrures d'animaux. L'été, leur moyen de transport de prédilection était le canot. L'hiver, les raquettes et le toboggan étaient de mise. Leur hiérarchie sociale était patriarcale, c'est-à-dire que les hommes étaient les chefs des familles et des tribus. Le shaman occupait aussi une place importante dans la société algonquienne. Il était réputé pour ses talents de guérisseur ainsi que pour ses capacités d'influencer les forces de la nature et de chasser les mauvais esprits.


2/ LES INUITS


Un autre grand groupe occupe la région au nord de la baie d'Hudson et le Grand Nord du Nouveau-Québec, il s'agit bien sûr des Inuits (mot qui signifie «personnes»). Jadis appelés «Esquimaux» par certaines tribus ainsi que par les Français, le terme fut changé parce que peu flatteur (il signifie «mangeurs de viande crue»). Leurs voisins algonquiens les nommaient "ayaxkyimewa" (qui parlent la langue d'une terre étrangère», selon l'ethnolinguiste José Mailhot. Les Inuits sont probablement le groupe qui eut le moins de contact avec les Français compte tenu de leur situation géographique.


3 / LES IROQUOIENS (Hurons, pétuns et confédération iroquoise)


Les Iroquoiens habitaient originalement la région des Grands Lacs, les Hurons et les Pétuns (ou Tobaccos) au nord de ceux-ci et les Iroquois au sud. Les villages étaient généralement fortifiés et très grands. Ils habitaient des «maisons longues» très distinctives qui pouvaient atteindre jusqu'à 200 pieds de long. Ces structures étaient construites de bois et recouvertes d'écorce d'orme.
Les Hurons étaient probablement les alliés les plus fidèles aux Français. «Wyandots» de leur vrai nom (ce qui signifie «peuple insulaire»), ils étaient originalement situés entre le lac Simcoe et la baie Georgienne, sur un territoire de 2300 kilomètres carrés (région jadis appelée «Huronie»). Au début du XVIIe siècle, on estimait que la population huronne comptait environ 30 000 individus. Vivant principalement de l'agriculture et du commerce (maïs et tabac), la nation huronne était, à cette époque, l'un des groupes les plus prospères d'Amérique du Nord. La zone commerciale des Hurons était considérable. Elle comprenait la région des Grands-Lacs, la Mauricie et même la Baie d'Hudson. Les Hurons étaient bien conscients de la supériorité de leur système de commerce et très orgueilleux de l'influence dont ils jouissaient parmi les autres peuples amérindiens. Ils refusaient d'ailleurs d'apprendre d'autres langues que la leur, forçant ainsi les nations voisines qui trafiquaient avec eux à apprendre le huron.

Au début du XVIIe siècle, les Hurons cultivaient environ 2800 hectares de terre. On dit que, chez eux, il était plus facile de se perdre dans un champ de maïs que dans la forêt. La Huronie était rien de moins que le grenier des tribus du Nord.


Mais leur alliance aux Français ne fera qu'exacerber leurs ennemis de longue date, les Iroquois, et la Huronie sera mise à feu et à sang par ces derniers en 1649. C'est alors un long exode qui commence. Quelques centaines de survivants viennent se réfugier au Québec. Ils sont toujours poursuivis par les Iroquois qui les relancent jusqu'à leur dernier retranchement. Les Hurons se déplacent successivement à sept emplacements différents avant de se fixer de façon permanente dans la région de Québec, plus précisément à La Jeune-Lorette en 1697. Des Hurons vinrent également s'établir parmi les Français peu après la fondation de Montréal. L'harmonie entre les deux peuples est complète. Malgré le fait qu'on ne comptait qu'environ 179 membres en 1829, la population huronne se chiffre maintenant à 2751 membres dont 1100 résident toujours à Wendake (Jeune-Lorette, Québec). Ils forment aujourd'hui une petite communauté prospère.


Nous en venons enfin aux Iroquois. Ce mot vient du surnom «Irinakhoiw» que leur donnaient leurs ennemis et qui signifie «langues de serpent». Les hommes iroquois étaient les plus féroces guerriers d'Amérique.Lors de l’arrivee de Cartier, ils habitaient deux bourgades dans les basses terres du Saint-Laurent ; Stadaconé (maintenant Québec) et Hochelaga (aujourd'hui Montréal). Toutefois, a l’arrivee de Champlain, 60 ans plus tard, ils ont complètement disparu de la région de la vallée du Saint-Laurent et occupent plutôt l'actuelle région au sud des Grands Lacs (aujourd'hui l'État de New York). Cet inexplicable déplacement constitue une des grandes énigmes de notre histoire.

Les Iroquois étaient réunis en une confédération de cinq nations: les Agniers (Mohawks), les Onneitouts, les Onontagués, les Goyogouins et les Tsonnontouans. La confédération iroquoise est présidée par 50 chefs représentant autant de tribus. Contrairement aux autres peuples amérindiens, plusieurs nations iroquoises parlent une langue apparentée à la langue aztèque, parlée dans l'actuel Mexique. Ils seront d'abord les alliés des colons de New Amsterdam (le New York hollandais), et ensuite ceux des Anglais qui leur fournirent des fusils (ce que la France refusa toujours de faire). Les Hollandais et les Anglais se serviront d'eux pour plusieurs raids de guérilla sur la jeune colonie française. Les guerriers Iroquois massacreront sans pitié et à plusieurs reprises les paysans de la Nouvelle-France. L'arme préférée des Iroquois est le «casse-tête». Le «scalp» , pratique qui consiste à arracher le cuir chevelu d'un ennemi pour le porter comme trophée à sa ceinture, est aussi très populaire. Les Anglais échangeront aux Iroquois des scalps de colons Français contre des fusils. Les Iroquois sont également très doués pour la torture.

Les Iroquois étaient sédentaires, leurs villages étaient donc établis au même endroit pour de longues périodes de temps. Ils se déplaçaient pour des raisons militaires ou lorsque la terre avait été épuisée (à tous les 20 ans environ). L'agriculture fournissait la majeure partie de la diète iroquoise; maïs, haricots et courges. La société iroquoise était soumise à une hiérarchie matriarcale, c'est-à-dire que ce sont les femmes qui étaient les propriétaires terriens et qui déterminaient les liens de parenté. Après son mariage, un homme allait vivre dans la maison longue de sa femme et leurs enfants devenaient alors membres du clan de celle-ci.

Les femmes possédaient et exploitaient les champs de culture sous la supervision de la mère de clan. Les hommes quittaient d'habitude le village en automne pour la grande chasse annuelle et revenaient au milieu de l'hiver. Au printemps, ils pêchaient. Comme celle des Algonquiens, la religion des Iroquois était basée sur le culte du «Grand Esprit» tout-puissant qui régnait sur toute les créatures vivantes. C'est le système politique confédératif des Iroquois qui les rendait toutefois unique et c'est celui-là qui leur permit de dominer militairement les 200 premières années de l'Amérique coloniale.


LE CHOC DES CULTURES



Il est important de comprendre que, contrairement aux Espagnols et plus tard aux Américains, les Français de l'époque n'ont jamais eu l'intention de conquérir les Indiens par les armes. Il n'y a donc pas eu de génocides dans l'histoire de la Nouvelle-France (à part ceux qui sont l'œuvre des Iroquois), contrairement à celle de la Nouvelle-Espagne ou des États-Unis. L'objectif des Français fut d'abord de commercer avec eux et ensuite de les «évangéliser», croyant ainsi sauver leurs âmes. Les relations furent en général harmonieuses, il n'était pas rare de croiser des groupes d'Amérindiens dans les rues des villes et des villages.

Ces gens qu'on appelait «Indiens» ou «Sauvages» apprirent beaucoup aux Français, comme l'art de transformer la sève en sirop d'érable et les moyens à prendre pour survivre aux rigoureux hivers et au scorbut. Les gens d'ici modifièrent l'habillement traditionnel européen pour y incorporer des emprunts vestimentaires faits aux Amérindiens pour des raisons pratiques. Et bien que les mariages officiels entre Français et Amérindiennes étaient assez rares, les unions temporaires l'étaient beaucoup moins. Selon les compilations de Louis Tardivel, les langues amérindiennes auraient donné quelque 200 mots au français moderne et autant à l'anglo-américain. Un grand nombre d'aliments dont personne ne peut plus se passer provient d'Amérique: la pomme de terre, la tomate, le maïs, la cacahuète, le piment et bien d'autres. On estime que les trois cinquièmes des aliments cultivés aujourd'hui dans le monde seraient originaires des Amériques.

Toutefois, il ne faut pas nier que l'arrivée des Européens en Amérique du Nord constitue un choc culturel profond. Plusieurs coutumes de ces premières nations perdront de leur importance, et des maladies qui leur étaient étrangères (comme par exemple la variole) décimeront la population.

 

 

 

LES FILLES DU ROY

 

Des  jeunes femmes en majorité pauvres et orphelines ont , entre 1663 et 1673, quitté la France et bravé les périls de la mer pour venir se faire une vie dans la lointaine Nouvelle-France. Parmi elles, 71 ont osé remonter le fleuve jusqu'à Ville-Marie pour s'établir sur cette île pleine de dangers, s'y marier et élever leur famille. Les Filles du Roy pionnières de Montréal et leurs familles. Immigrantes enracinées en Nouvelle-France, elles ont contribué à peupler et à développer l'Amérique française. 

 


Apres nous etre interessé à camper la scene ou nos sulpiciens vivaient nous allons maintenant evoquer leur compagnie hier et aujourd'hui et nous focaliser sur la compagnie au Canada dont fut responsable Etienne de Montgolfier , notre Ancetre.




LES SULPICIENS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI :


AU CANADA

Les missionnaires avaient prié maintes fois la compagnie de la nouvelle France d.occuper l’ile de Montreal dont la situation etait avantageuse pour contenir les Iroquois et pour étendre le domaine d’évangélisation. Le projet fut repris par Jerome le Royer. Il choisit comme associé un jeune pretre Jean Jacques Olier , future fondateur de St sulpice et 2 gentilshommes . Les associes furent au nombre de 47. Ils consacrerent l’ile de Montreal à la sainte famille sous la protection particuliere de la vierge marie. La societe Notre Dame ainsi crée fut composée de personnes riches et puissantes.

Dans une lettre au souverain pontif Urbain VIII , ils exprimaient les vrais mobiles qui les animaient

“ Un certain nombre de personnes eloignant d’elles, toute vue de lucre temporal et d’interet de commerce, declaraient ils , et ne se proposant d’autre fin que la gloire de Dieu et l’etablissement de la religion dans la nouvelle France , sont entrées dans cette société afin de contribuer par leurs soins leurs richesses et leurs voyages au delà des mers à répandre la foi parmi ces nations barbares. “

Le 7 Juin 1640 la Societe Notre Dame de MONTREAL obtient de Jean Lauzon la concession toute entiere de l’ile de Montreal.

Les Sulpiciens en 1644 recoivent la propriété de Montreal . Ils sont Seigneurs de Montreal. Ils avaient pris l’engagement d’y fonder une colonie et 3 communautes . Le Superieur de St Sulpice Etienne Montgolfier s’occupa des interets spirituels et affaires de la colonie. Comme representant du superieur general de Paris , il etait responsable de l’administration de tous les domaines que le seminaire de ST sulpice possedait au Canada. Et qui comprenait 3 seigneuries. Celle de Montreal, celle de St sulpice, celle du lac des 2 montagnes. Ils avaient aussi la moitie du fief de Saint –herman et la moitie du fief de Bourgchemin.

Graduellement, la France a transplanté au Québec le régime féodal d'organisation sociale existant en Europe, bien que ce régime ait été adapté au caractère colonial du pays, au rôle important qu'y tenait le commerce (presque exclusivement la traite des fourrures), à l'existence de peuples indigènes et d'un milieu géographique plus vaste et au climat plus rude que celui de la France. Quoiqu'il y ait des nobles, des commerçants, des soldats, «seigneurs et censitaires forment l'élément de base de l'organisation sociale du pays». Les compagnies concédaient des terres à des particuliers qui, devenus seigneurs, recrutaient des censitaires pour cultiver en partie pour eux-mêmes les lots taillés dans la seigneurie. Huit millions d'acres de terres sont ainsi concédées sous le régime français, dont le quart environ à l'Église. Les Jésuites eurent jusqu'à 2000 censitaires, les Sulpiciens de Montréal jusqu'à 3000. C'était un nombre important pour l'époque, relativement au faible peuplement. Ce pouvoir économique de l'Église était associé à celui qu'elle a eu pendant longtemps sur les institutions d'enseignement et les services hospitaliers.

Dans toutes les seigneuries y compris celles appartenant à l'Église, «les paysans devaient payer un loyer annuel (les cens et rentes), verser un impôt sur la vente de leur terre (les lods et ventes), la défricher et la mettre en valeur, et faire moudre leur grain au moulin seigneurial. Faute de se plier à ces obligations, ils pouvaient être évincés.»

Les seigneurs détenaient certains autres pouvoirs et privilèges, comme celui d'imposer la corvée. Outre les revenus de ses seigneuries l'Église, comme aujourd'hui, passait la quête et recevait des dons. Elle percevait surtout la dîme que le gouverneur, en 1663, avait fixée au vingtième de la récolte.

La vie des colons a été très difficile. . De la naissance jusqu'à la mort, l'Église, ses rites, ses croyances, sont omniprésentes ..

La religion jouait un rôle vital en Nouvelle-France. En fait, avec la famille et la terre, elle participait de la tradition de survivance. Pendant que la famille constituait la cellule de base de la société, et que la terre la nourrissait, c'est la religion qui imposait le contexte moral et spirituel. La Nouvelle-France était presque entièrement peuplée de catholiques romains d'où l'influence énorme de l'Église qui marquait les étapes importantes de la vie, du baptême à l'enterrement, en passant par les cérémonies de passage comme la confirmation et le marriage. La religion n'offrait pas seulement un cadre moral et spirituel aux citoyens, elle constituait aussi la base de leur vie sociale. Tous assistaient à la messe dominicale et bien des échanges sociaux se tenaient avant et après la célébration. L' église était l'endroit où se tenaient plusieurs cérémonies au cours de l'année. L'Église dirigeait aussi les hôpitaux et les écoles et faisait oeuvre de charité. Montgolfier par exemple edicta des regles concernant l'enseignement des mathematiques. Elle est aussi devenue un important mécène en employant une variété d'artistes et de musiciens. L'Église devint aussi une force économique importante à cause de la valeur de ses terres et des rentes annuelles qu'elle en tirait.

La Nouvelle-France à son apogée en 1750

 

 

 

 

Carte de la Nouvelle-France vers 1750 - version française

 

 

 

 

 

 

 

 

 


DANS LE MONDE

· Jean Jacques Ollier est donc le fondateur de cette compagnie de St Sulpice. Cette compagnie a toujours donné la priorité à la formation des futurs pretres. Issue du mouvement de renovation de l’ eglise au XVIIeme . Devise Auspice Maria ‘’ Sous la protection de Marie ‘’

· Le développement de la Compagnie s'est opéré à partir du séminaire de Saint-Sulpice et de son expérience originale. Des évêques de France font appel à ses membres pour prendre en charge leur séminaire.

Supérieur général de 1676 à 1700, Louis Tronson donne à la Compagnie son organisation, avec la volonté de garder ainsi une exacte fidélité aux grandes orientations reçues de Jean-Jacques Olier.

La Compagnie est présente au Canada dès 1657, année de la mort de son fondateur. Elle y assure le service spirituel de Ville-Marie, qui deviendra Montréal.

À la veille de la Révolution française la Compagnie dirige, en France, une quinzaine de séminaires. Le nombre de ses membres est passée de 70 en 1704 à 140 en 1789.

La Révolution française éprouve durement la Compagnie. Elle favorise aussi son implantation hors de France. En 1791, en réponse à l'appel de Monseigneur Carroll, premier évêque des États-Unis, monsieur Emery envoie quatre sulpiciens à Baltimore, en vue de la fondation d'un séminaire.

Au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, la Compagnie se développe tout à la fois en France, au Canada et aux États-Unis.

En France, monsieur Emery qui fut supérieur général de 1782 à 1811 regroupe ses confrères et accepte la charge de dix séminaires. Supprimée par Napoléon en 1811, la Compagnie est bientôt rétablie. Elle est approuvée par Louis XVIII en 1816 comme " congrégation autorisée ". Le nombre de ses membres s'accroît régulièrement. Peu à peu elle va prendre en charge une vingtaine de séminaires en France.

Au Canada, où elle avait, depuis le début de sa présence, la responsabilité de la paroisse Notre-Dame et l'aumônerie de plusieurs communautés religieuses, la Compagnie fonde plusieurs collèges et, en 1840, le séminaire de Montréal, qui aura le statut d'université pontificale.
Au 20ème siècle, la Compagnie a eu la charge du séminaire de saint Boniface, au Manitoba.


Aux États-Unis, la Compagnie a un large rayonnement. Passée la période difficile des débuts, le séminaire de Baltimore rassemble un grand nombre d'étudiants. Plusieurs sulpiciens reçoivent la charge épiscopale. Les directeurs du séminaire sont en relation avec sainte Élisabeth Seton et l'aident dans ses oeuvres et ses fondations. Un sulpicien fonde une communauté de religieuses noires. La Compagnie prend la charge de quatre séminaires hors de Baltimore.

Une nouvelle étape de l'histoire de la Compagnie est marquée par la reprise du mouvement missionnaire, avec le départ de deux confrères français au Viêt-nam en 1929, de deux canadiens au Japon, en 1933, de deux français en Chine, en 1934, et la fondation des séminaires de Hanoi, de Fukuoka et de Kunming. A partir de 1950 la Compagnie prend en charge plusieurs séminaires en Amérique latine et en Afrique.

Nous allons evoquer maintenant les années de tourmente avec les invasions britanniques et Americaines au Canada et nous y decouvrirons l'engagement d'Etienne de Montgolfier.


 

LES INVASIONS BRITANNIQUES ET AMERICAINES :

La capitulation de Montreal en 1760

 

video : La conquète de Quebec 1759

 

La guerre de la Conquête (1754 – 1763) est le nom donné au théâtre militaire nord-américain avant et pendant la guerre de Sept Ans. Aux États-Unis, on désigne fréquemment ce conflit sous l'appellation de French and Indian War (« guerre contre les Français et les Indiens »). Elle voit s'affronter les Français, leurs milices de la Nouvelle-France et leurs alliés amérindiens d'un côté, et les Britanniques, leurs milices américaines et leurs alliés iroquois de l'autre, pour la domination coloniale de l'Amérique du Nord. Les hostilités commencent en 1754, deux ans avant le déclenchement de la guerre de Sept Ans en Europe, lors d'accrochages dans la vallée de l'Ohio.

Depuis la fin du xviie siècle, Français et Anglais étendent leurs possessions nord-américaines les uns aux dépens des autres et se trouvent confrontés, au travers de ces rivalités maritimes, coloniales, territoriales et commerciales, par le biais de plusieurs conflits militaires en Amérique qui se superposent aux guerres européennes d'alors. Devant la résistance de la Nouvelle-France aux attaques ennemies qui n'ont, jusque-là, pu enlever aux Français que l'Acadie, les treize colonies britanniques, au milieu du xviiie siècle, se trouvent toujours encerclées à l'ouest et au nord par un vaste mais finalement faible empire français, reposant plus sur les alliances avec les Amérindiens et la combativité de ses colons que sur un réel soutien de la part de la métropole. Lorsque, après 1749 et la troisième guerre intercoloniale, les rivalités franco-britanniques renaissent avec force, cristallisées par la volonté des deux camps de s'étendre sur la vallée de l'Ohio, un nouveau conflit paraît inévitable et éclate effectivement dès 1754.

D'abord ponctué par une série de succès français lors de ses trois premières années, le conflit ne tarde pas à prendre une ampleur inattendue du fait de l'intensification des opérations en Europe et de la volonté, de la part de Londres, de réduire la présence française en Amérique du Nord. Ainsi, à la suite de l'envoi d'un fort contingent armé britannique dans les colonies en 1758, d'un manquement par une mauvaise gestion locale et d'approvisionnement de vivres par la France qui provoqua la famine de 1757 à 1758 (cumulant mauvaises récoltes en 1757, malversations de commerçants, accroissement de consommateurs et diminution de producteurs, ces derniers étaient aussi mobilisés l'été, climat)1, du blocus imposé par la Royal Navy (qui s'impose progressivement en maîtresse des mers) aux ports français, et aussi du fait d'une intensification des opérations militaires de la France en Europe, la guerre finit par tourner à l'avantage des Anglais qui peuvent, en 1759, envahir la Nouvelle-France.

Le siège le plus impressionnant est celui de sa capitale Québec, la même année. La prise de Montréal, en 1760, met fin à la guerre en Amérique et consacre la victoire écrasante de l'Empire britannique sur son concurrent le plus menaçant jusqu'alors. Le territoire français est attribué aux Britanniques en 1763 lors du traité de Paris, à l'exception des îles Saint-Pierre-et-Miquelon, près de Terre-Neuve2

Wikipedia Guerre de la Conquete

 

 

Quand  les armées britanniques prirent Québec en 1759 et Montréal en 1760, la colonie française du Canada devint un territoire occupé administré par un gouverneur étranger. Jusqu’en 1763, les Canadiens (c’est-à-dire les habitants francophones du Canada) pouvaient espérer que cette situation ne soit que temporaire et que le Canada soit un jour rendu à la France. Mais le 10 février de cette année-là, la France reconnut sa défaite dans la guerre de Sept-Ans et signa le Traité de Paris, qui cédait le Canada à la Grande-Bretagne. En 1763, les Canadiens étaient donc justifiés de s’attendre à passer le reste de leur vie dans la nouvelle province britannique de Québec, petit coin du grand empire britannique.

Pourtant, à l’heure même de son triomphe, le premier empire britannique commençait à se disloquer. À court d’argent pour rembourser les prêts qui avaient financé la guerre de Sept-Ans, le gouvernement britannique tenta de recueillir de l’argent en Amérique du Nord grâce à des taxes directes sur des biens tels que le thé et les journaux. Ces mesures suscitèrent un profond ressentiment, tant dans les colonies américaines originelles de la Grande-Bretagne que parmi les marchands britanniques du Canada, qui partageaient nombre des valeurs et des aspirations de leurs homologues américains. La tension montant et le monde anglophone s’acheminant vers la guerre civile, les stratèges britanniques en vinrent à voir dans les Canadiens des alliés potentiels.

Le premier gouverneur britannique du Canada, James Murray, avait déjà pris des mesures pour se concilier les Canadiens. Il ignora des ordres de Londres d’imposer le droit civil anglais, subventionna les communautés religieuses et appuya la nomination de Jean-Olivier Briand comme évêque de Québec en un moment où le gouvernement britannique mettait en doute la loyauté de l’Église catholique romaine. ( le gouverneur etienne Murray etait jaloux d'Etienne Montgolfier et avait refusé sa nomination par le chapitre qui avait aussi reçu l'aval du roi D'Angleterre et du pape ).

Le successeur de Murray , Guy Carleton, persuada le gouvernement britannique d’adopter en 1774 l’Acte de Québec. Les Britanniques tentaient ainsi de consolider leur position au Canada en se montrant conciliants à l’égard des seigneurs et du clergé, en qui ils voyaient les leaders naturels des Canadiens. L’acte garantissait la tolérance pour les catholiques canadiens, leur permettant de détenir des postes dans l’administration et de siéger au conseil législatif. Il obligeait aussi les Canadiens à payer la dîme et reconnaissait la langue et le droit civil français ainsi que la tenure seigneuriale. Les frontières du Canada se déplacèrent vers l’ouest pour inclure la région des Grands Lacs et le « Territoire indien » entre la rivière Ohio et le fleuve Mississippi.

Populaire auprès de l’élite francophone du Canada, l’Acte de Québec ignorait les préoccupations des « habitants » concernant les tentatives des seigneurs de hausser les loyers et de dominer les communautés rurales. Il mit aussi en fureur les marchands britanniques du Canada, qui s’indignaient de l’absence d’assemblée élue et de la reconnaissance du droit civil français. Les Américains, contrariés par la tolérance du catholicisme et l’expansion du Canada dans des terres qu’ils avaient espéré se réserver pour eux-mêmes, considéraient l’Acte de Québec comme un « acte intolérable », autre exemple de l’insupportable tyrannie britannique.

Les Américains, qui envisageaient une rébellion armée, cherchèrent aussi à s’assurer le soutien des Canadiens. À l’automne 1774, le premier Congrès continental invita « les habitants opprimés de la province de Québec » à envoyer des délégués. Les Américains traduisirent l’invitation en français et en envoyèrent deux mille exemplaires à Thomas Walker, marchand de Montréal s’opposant farouchement à l’Acte de Québec. Au printemps 1775, quand ces invitations arrivèrent, Walker les distribua aux Canadiens de la région de Montréal. Très lu et discuté, ce texte provoqua peut-être une certaine sympathie à l’égard de la cause américaine, même quand une guerre contre la Grande-Bretagne en découla.

Lettres_du_Congrès continental_aux_habitants_de_la_province_de_Quebec


Le 15 avril 1775, les soldats britanniques et les rebelles américains s’affrontèrent à Lexington Green, dans le Massachusetts. Ce fut le début de la guerre de l’Indépendance américaine. Trois semaines plus tard, des Américains conduits par Benedict Arnold et Ethan Allan s’emparèrent des forts Ticonderoga et Crown Point, sur le lac Champlain, juste au sud de Montréal. Leur prise permit aux Américains d’avoir accès aux réseau de voies navigables lac Champlain–Richelieu–Saint-Laurent et prépara la voie à une invasion du Canada.

George Washington, le commandant en chef américain, espérait que la conquête du Canada et la prise de Québec garantiraient le flanc nord des rebelles contre toute intervention britannique. Encouragé par les rapports optimistes de Thomas Walker, il s’attendait à ce que les Canadiens se joignent aux rebelles et transforment l’invasion en guerre de libération.
Le gouverneur Carleton était tout aussi certain que les Canadiens, acceptant désormais l’autorité britannique grâce à l’Acte de Québec, se rallieraient à lui pour défendre la province. Il reconstitua la milice canadienne, importa des uniformes et des armes et attendit que se présentent des recrues.

À l’automne 1775, quand les rebelles américains envahirent le Canada, Carleton et Washington furent tous deux déçus. Certains Canadiens appuyèrent les rebelles, d’autres les Britanniques. La majorité demeura neutre. Les marchands anglophones du Canada ne se montrèrent pas davantage empressés à s’engager en bloc pour un camp ou pour l’autre et se partagèrent en factions probritanniques et proaméricaines.
Tandis que les Canadiens et les marchands examinaient les choix qui s’offraient à eux, une armée américaine conduite par Richard Montgomery gagna le nord en bateau par le lac Champlain et attaqua Chambly et Saint-Jean, sur le Richelieu. Quand les garnisons de l’armée régulière britannique et les miliciens canadiens capitulèrent, Montgomery occupa Montréal, le 12 novembre, et poursuivit sa route le long du Saint-Laurent jusqu’à Québec. Le 3 décembre, il y rejoignit une deuxième armée américaine, sous le commandement de Benedict Arnold. Après une marche épouvantablement difficile le long des rivières Kennebec et Chaudière, souffrant du froid, d’épuisement, de la faim et de maladies, les survivants de la colonne d’Arnold avaient atteint Québec le 15 novembre.

À elles deux, les armées rebelles avaient réduit le territoire aux mains des Britanniques à une minuscule étendue à l’intérieur des murs de Québec. Pourtant l’issue du siège était douteuse avant même qu’il ait commencé.
Quoique rudimentaires par rapport à ce qu’on pouvait trouver en Europe, les fortifications de Québec étaient bien assez solides pour résister à un ennemi qui ne disposait pas du moindre canon assez gros pour endommager les murs. En outre, les triomphes américains sur terre n’eurent aucun effet sur la maîtrise des mers des Britanniques. Sans gros navires leur permettant d’affronter la Royal Navy et de bloquer le Saint-Laurent, les rebelles ne purent empêcher les navires britanniques de transporter approvisionnements et renforts .

Donc, tandis que les Américains souffraient de la faim et du froid sur les Plaines d’Abraham, les 357 soldats de l’armée régulière, les 450 marins ainsi que les 543 miliciens canadiens et les 300 miliciens anglophones de la garnison, bien pourvus en nourriture, vêtements, habitations, armes et munitions, étaient prêts à affronter l’hiver. La stratégie de Carleton était entièrement passive. Au lieu de risquer la défaite en sortant défier l’envahisseur, il préférait garder son armée à l’intérieur des murs et attendre que la Royal Navy lève le siège au printemps.

Incapable de nuire à la garnison depuis l’extérieur, voire de la gêner véritablement, les Américains tentèrent de s’emparer de la basse ville au cours d’une attaque désespérée dans la nuit du 30 au 31 décembre 1775.
Vers 4 heures du matin le 31, alors que Québec était balayé par des vents furieux et une poudrerie cinglante, un officier de la garnison jeta un coup d’œil à travers les Plaines d’Abraham et vit des lumières clignotantes, peut-être des lanternes. Il sonna l’alarme et la garnison se mit en état d’alerte au moment même où deux fusées s’élançaient dans le ciel, signalant le début de l’attaque américaine. Quelques secondes plus tard, le feu commença, des groupes de Canadiens, servant avec les rebelles, faisant des attaques de diversion.

Près du fleuve, en aval, Richard Montgomery menait 300 New Yorkers vers Près-de-Ville, du côté ouest de la basse ville. Suivant un sentier étroit entre la falaise et le Saint-Laurent, progressant avec peine à travers la neige profonde et des blocs de glace géants, la colonne de Montgomery passa sous le bastion du cap Diamant et se fraya un passage à travers deux palissades. Apercevant la première maison de la basse ville, Montgomery cria « Québec est à nous! » et chargea.
À l’intérieur de cette maison, une trentaine de miliciens canadiens commandés par le capitaine Chabot et le lieutenant Alexandre Picard, et quelques marins britanniques sous les ordres du capitaine Barnsfare, étaient en état d’alerte.

Quand les Américains s’approchèrent, ils ouvrirent le feu et tuèrent Montgomery et plusieurs de ses officiers. La colonne américaine, gagnée par la panique, s’enfuit et ne revint pas.

Au nord de la ville, Arnold et 600 soldats se rassemblèrent dans la banlieue de Saint-Roch et marchèrent sur Québec. D’énormes bancs de neige les ralentissaient; de minuscules flocons de neige s’infiltraient dans leurs mousquets et détrempaient les charges de poudre. Poursuivant sa progression, toujours dans l’obscurité, fouettée par la tempête, la colonne d’Arnold avança à l’aveuglette dans un déroutant dédale de maisons, de hangars, d’entrepôts et de quais reliés par d’étroites rues et ruelles.
Conduite par Arnold, la tête de la colonne emporta d’assaut une barricade barrant la rue du Sault-au-Matelot. Arnold tomba, blessé à la jambe, mais ceux qui le suivaient continuèrent de remonter la rue jusqu’à une seconde barricade. Là, ils hésitèrent, attendant des renforts, tandis que derrière eux le reste de la force d’Arnold errait d’une rue à l’autre, perdu et désorienté.
De l’autre côté de la barricade, les soldats de la force régulière britannique menés par le colonel Henry Caldwell s’alignèrent dans la rue tandis que les miliciens canadiens commandés par le colonel Noël Voyer prenaient position dans les bâtiments environnants. Les Américains avancèrent munis d’échelles et occupèrent une maison ayant vue sur les défenseurs. Puis Charles Charland, de la milice canadienne, traîna une échelle par-dessus la barricade et la plaça contre le côté de la maison. John Nairne et François Dambourgès, du Royal Highland Emigrants, conduisirent un groupe d’Écossais des Highlands et de miliciens canadiens dans cette maison en escaladant l’échelle. Ils expulsèrent les rebelles et ouvrirent le feu sur les Américains se trouvant dans la rue en dessous. Attaqués de tous les côtés et pris au piège par une colonne britannique venant de l’arrière, les Américains capitulèrent, mettant fin à la bataille.
En tout, les rebelles perdirent entre soixante et cent hommes, morts ou blessés, et 426 prisonniers. Cinq des défenseurs furent tués et un fut blessé.

Les survivants américains se retirèrent sur les Plaines d’Abraham, où ils restèrent, souffrant de la faim, du froid et de la variole, jusqu’à l’arrivée du Surprise le 6 mai 1776. L’armée rebelle évacua le Canada et n’y reviendrait pas du reste de la guerre.

L ’invasion américaine de 1775-1776 fut l’une des campagnes les plus importantes de l’histoire du Canada. Si les envahisseurs avaient réussi, le Canada ferait maintenant vraisemblablement partie des États-Unis. Il demeura donc britannique et devint plus tard un dominion autonome, puis un pays indépendant.
Au moment même où Arnold et Montgomery envahissaient le Canada, d’autres Américains se ralliaient aux Britanniques. Connus sous le nom de loyalistes, ils furent la cible d’insultes, furent victimes de vols et de violences, et furent arrêtés par des voisins rebelles. Poussés par la persécution et par leur allégeance à la Couronne, les loyalistes étaient nombreux à fuir pour se retrouver en sécurité derrière les lignes britanniques, où beaucoup se joignirent à des unités levées à divers endroits telles que le Butler’s Rangers et le King’s Royal Regiment of New York. Les Iroquois des Six-Nations, conduits par Konwatsi’tsiaiénni et Thayendanegea (Molly et Joseph Brant) étaient également des loyalistes. Ceux-ci espéraient que le fait de combattre aux côtés des Britanniques leur éviterait que leurs terres soient occupées par des Américains.

Quand un second Traité de Paris mit fin en 1783 à la guerre de l’Indépendance américaine, il n’y avait pas de place dans les nouveaux États-Unis pour les loyalistes britanniques ou iroquois. Les Iroquois s’établirent le long de la rivière Grand, dans ce qui est aujourd’hui le sud-ouest de l’Ontario, et à Deseronto, sur le lac Ontario. Plus de 40 000 loyalistes britanniques les suivirent en exil, se rendant au Québec et en Nouvelle-Écosse. Les loyalistes transformèrent le Canada. En 1784, le gouvernement britannique sépara la colonie du Nouveau-Brunswick de la Nouvelle-Écosse pour constituer un refuge pour les loyalistes. Au Québec, leur présence ajouta un élément anglophone important à la population et amena l’adoption de l’Acte constitutionnel de 1791. Ce dernier divisait le Québec en deux nouvelles provinces, le Haut et le Bas-Canada (aujourd’hui l’Ontario et le Québec), chacune dotée d’une assemblée élue et d’un Conseil législatif non élu. La guerre de l’Indépendance américaine, en provoquant la migration loyaliste, influença fondamentalement la démographie du Canada, ses provinces et ses institutions, et contribua à créer le Canada que nous connaissons aujourd’hui.


Mais revenons En janvier 1776. Pour le Congrès qui siège à Philadelphie, la situation militaire est désespérée et désespérante. Ses troupes occupent toujours la région de Montréal mais l’invasion américaine s’est enlisée devant Québec après l’échec de l’attaque qui a coûté la vie à son général en chef, Montgomery. Si un homme peut encore sauver la mise en se rendant sur le terrain pour tenter de rallier les Canadiens à la cause des Insurgeants, c’est Benjamin Franklin, l’agent le plus persuasif de la Révolution.

En février 1776, le Congrès se réunit pour discuter le rapport de son comité secret sur l'invasion du Canada.
Le Comité de correspondance secrète, [lit-on dans le Jouurnals of the Continental Congress rapporte qu'il a conféré avec une personne qui vient d'arriver du Canada. ... Il dit que lorsque les Canadiens entendirent parler pour la première fois de la Dispute ils étaient en général pour le parti américain, mais que par l'influence du clergé et de la noblesse, qui n'avaient cessé de prêcher et de les persuader contre nous, ils sont plongés dans un état de doute et l'incertitude au sujet du parti à suivre. Que des journaux imprimés par les Tories à New-York leur ont été lus par les prêtres, leur assurant que notre dessin était de leur enlever leur religion aussi bien que leurs possessions... Qu'ils pensent alors qu'ils serait très profitable que quelques personnes du Congrès soient envoyées an Canada pour expliquer de vive voix au peuple la nature de notre Dispute avec l'Angleterre.

Le choix de l’émissaire du Congrès est un peu ironique. Mené au bord de la faillite personnelle par la défaite du général Braddock à la Monongahéla en 1755, Franklin a été par la suite le grand responsable de l’annexion du Canada par l’Angleterre. C’est sa présence et ses constantes interventions à Londres de 1757 à 1762 qui ont poussé le gouvernement britannique à réclamer la possession du Canada lors des négociations du Traité de Paris (1763). Le champion du droit des colonies à lever leurs taxes a maintenant 70 ans. Il souffre de la goutte. Mais il ne sera pas dit que le Canada sera perdu pour la future république parce que Benjamin Franklin aura refusé de s’y rendre même en hiver.

Pour l’imprimeur-journaliste-éditeur, c’est d’abord et avant tout une question d’information. La propagande du clergé et de la noblesse auprès des habitants du pays doit être neutralisée par une contre-propagande révolutionnaire simple, directe et démocratique, dans l’esprit de son célèbre almanach du peuple, le Poor Richard’s Almanack.


L’inventeur du paratonnerre amènera donc dans ses bagages une presse d’imprimerie et un imprimeur-journaliste, Fleury-Mesplet. Pour sa mission diplomatique, il est accompagné de deux commissaires : un patriote sûr, Samuel Chase, et Charles Carroll, l’homme le plus riche des colonies. Son cousin le jésuite John Carroll qui deviendra plus tard le premier évêque catholique américain fait également partie de la délégation. Les deux Carroll parlent le français.

Après un voyage éprouvant qui a duré 25 jours, la commission du Congrès débarque à Montréal le 27 avril 1776. Dès le lendemain matin, Franklin s’attaque à sa tâche pour se rendre immédiatement compte qu’au Canada, son prestige personnel est inexistant et que la raison d’être du Congrès n’est pas connue et encore moins reconnue. Les Canayens s’avèrent encore plus pragmatiques que les Américains. La seule propagande qu’ils sont prêts à écouter est celle qu’annonçait la lettre d’intention de George Washington. Nous recevrons avec reconnaissance les nécessaires et les munitions que vous nous fournirez et nous en payerons la pleine valeur. Mais à l’usage l’armée révolutionnaire s’est révélée chiche.

 




De son côté, John Carroll doit se contenter d’une réunion secrète avec quelques membres du clergé sans la présence de Monsieur de Montgolfier. Le supérieur du Séminaire refuse de le rencontrer officiellement. La réunion ébranle les convictions révolutionnaires du jésuite. Le clergé canadien est bien informé et parfaitement au courant de la violente réaction antipapiste du Congrès en 1774 lors de l’adoption de l’Acte de Québec par le gouvernement de Sa Majesté. « Est-ce que notre sang ne se glace pas dans nos veines, lorsque vous songez qu’un parlement anglais a pu adopter un acte pour établir le pouvoir arbitraire et le papisme dans un pays aussi étendu ? » écrivait alors Alexander Hamilton, un des futurs pères de la Constitution états-unienne.

La déclaration que le Congrès de Philadelphie adresse au dit parlement est tout aussi incendiaire. « Nous ne pouvons nous empêcher d’être étonnés qu’un parlement britannique ait consenti à établir une religion qui a inondé de sang votre île et qui a répandu l’impiété, la bigoterie, la persécution, le meurtre et la rébellion dans toutes les parties du monde. »

Le père Carroll peut difficilement contester les faits : le gouvernement de la vieille Angleterre a su faire preuve d’une plus grande tolérance et d’une plus grande maturité politique à l’égard du catholicisme que le jeune Congrès américain.

Franklin n’avait pas envisagé la possibilité que des papistes français aient pu lire les journaux londoniens où les objections américaines à l’Acte de Québec ont été pourtant largement diffusées. Dès qu’il a compris son erreur, l’émissaire du Congrès ne s’attarde pas. Sa conclusion est on ne peut plus explicite. Si on ne peut trouver de l’argent pour soutenir notre armée avec décence, c’est notre avis unanime qu’il vaut mieux se retirer immédiatement plutôt que d’être haï par le peuple.

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En juin 1776, le superieur des Jesuites de Montreal est interdit par Monsseigneur Briand . IL avait a pluisieurs fois rencontré le P. Carroll qui avait été désigné par le congres Americain pour tenter d’influencer le clergé Canadien à sa cause.

Les faits sont racontés en détail dans une lettre de Montgolfier à Mgr Briand, du 17 juin 1776
« Je viens au P. Floquet. Il est certainement bien coupable. et je n'entreprends pas sa défense. On en a beaucoup dit sur on compte qu'il ne méritait pas; mais aussi je sais d'ailleurs qu'on a passé sous silence bien des choses qui pourraient le charger. Je l'ai averti quelquefois en ami, et j'ai été longtemps incrédule sur beaucoup de choses dont on le chargeait, jusqu'à un dernier éclat arrivé le lundi d'après la semaine de Pâques. Trois habitants qui portaient publiquement les armes au service du Congrès et faisaient sentinelle aux portes de la ville, s'étant présentés ce jour-là à la communion, à la messe de M. Brasier, qui les connaissait, il leur refusa la communion, qu'il presumait pascale, sous prétexte qu'ils étaient étrangers et n'avaient point de billet de leur curé. Ils répondirent publiquement qu'ils étalent de la. paroisse du P. Floquet, qui les avait confessés; et lui ayant porté leurs plaintes, il les fit entrer dans son église, et leur donna la communion.
Instruit de ce scandale, dont chacun raisonnait, je fus moi même trouver le Père. Il devait prêcher dans notre église le dimanche d'après. Je le remerciai pour toujours de ses sermons, au moins jusqu'à nouvel ordre, et lui déclarai que si je ne lui retirais pas entièrement vos pouvoirs, c'était par prudence, et par ménagement de sa Compagnie, que j'estime toujours; que le temps de la pâque étant passé, je pensais bien qu'il ne serait plus dans le cas de confesser les gens d'une étoffe semblable à ceux qu'il venait de passer, qui ordinairement ne se confessent pas plusieurs fois dans l'année, et que d'ailleurs j'étais bien persuadé qu'en tout autre article il exercerait utilement son ministère. L'affaire en est demeurée là. Mais au premier jour je lui intimera vos ordres.
Je ne suis pas tout à fait content du P. Huguet, missionnaire du Saut Saint Louis. Je ne connais pas assez les sentiments du P. Well, sur qui je n'ai point de soupçon. Le P. Gordon est toujours un excellent missionnaire, qui parle et qui agit avec droiture et prudence .»

Signé : Montgolfier

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Le courrier qui part pour Philadelphie croise celui qui arrive de Québec avec la mauvaise nouvelle que les premiers renforts britanniques commencent à arriver. Franklin laisse Chase et Carroll derrière pour organiser la retraite américaine et reprend le chemin de ce qui deux mois plus tard, le 4 juillet 1776, deviendra les États-Unis d’Amérique.

Cette première impression est en tout point exemplaire. Le modèle de la Grande république n’existe pas encore qu’il cherche déjà à s’imposer en présupposant qu’une campagne d’information sur les vertus salvatrices de la démocratie appuyée par une invasion militaire présentée comme une guerre de libération nationale suffisent pour que les populations tirées des griffes de la tyrannie – c’est ainsi qu’on qualifiait l’Angleterre à l’époque – adoptent spontanément pour leur plus grand bien le modèle made in USA


Le séjour à Montréal de Benjamin Franklin a duré 10 jours. C’est le seul échec diplomatique de toute sa carrière. Son verdict sur le Canada est sans appel. '' Ça nous coûterait sûrement moins cher de l’acheter que de le conquérir ! Ou de le convaincre ''.

Video : Histoire de Quebec: Révolution Américaine et Française




                                                             ​Histoire de Montréal



2 GRANDES FIGURES DE SUPERIEURS DE ST SULPICE et UN MARTYR : Dollier de Casson et Montgolfier et un martyr patron du Canada Jean de Brebeuf.

Au travers de ces biographies, nous traverserons les XVII eme et XVIII eme Siecle au Canada.l'evangelisation des indiens et les risques encourrus, Les explorations, la seigneurie de Montreal tenue par les sulpiciens et Montgolfier qui doit assumer sa tache de SUperieur de la communauté dans une periode charniere de l'histoire du Canada pris en tenaille par deux invasions.



JEAN DE BREBEUF

 

File:Jesuit map NF.jpg

 Carte de Nouvelle France, Jésuites, 1657 Novae Franciae accurata delineatio, Bressani, Francesco Giuseppe (1612-1672),1657

Carte de Nouvelle France des Jésuites de 1657, avec la représentation de la mise à mort de Jean de Brébeuf et de Gabriel Lalemant par les Iroquois

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Jean de Brébeuf: Né le 25 mars 1593 à Condé-sur-Vire en Normandie, Brébeuf était un des premiers pères jésuites à venir en Nouvelle-France. Il arriva à Québec en juin 1625 et alla vivre auprès des montagnais et plus tard des Hurons. Il décrivit de façon admirable dans son journal le mode de vie et les moeurs de ces premiers peuples. Ces notes qui furent par la suite reproduites dans les Relations des Jésuites sont aujourd'hui précieuses pour nous aider à comprendre la vie des Hurons avant les guerres et les épidémies qui décimèrent leurs populations. Il traduisit un cathéchisme et plusieurs prières dans la langue des Hurons et entreprit même la rédaction d'un dictionnaire et d'une grammaire.


Brébeuf établit plusieurs missions en Huronie dont celle de Ihonatiria (Saint-Joseph). Peu après l'arrivée des Européens, les Hurons furent ravagés par plusieurs vagues d'épidémies (variole, grippe et dysentrie), ce qui rendit le travail de convertion de Brébeuf difficile et peu efficace. Lors d'une émeute en 1640, Brébeuf et les autres Jésuites furent sauvagement battus et la chapelle fut détruite. Mais c'est en 1642 que les vrais problèmes commencent. Soutenus par les Anglais dans leur entreprise, les Iroquois mirent en branle une vaste offensive contre leurs anciens ennemis les Hurons et leurs alliés français. Ils bloquèrent les routes commerciales et multiplièrent les pillages et les massacres sanglants. En 1647, la crainte des Iroquois était devenue telle que les Hurons refusaient d'entreprendre des voyages vers Québec.

Le 4 juillet 1648, alors que les guerriers hurons étaient partis pour échanger avec des voisins, les Iroquois attaquèrent les missions de Saint-Joseph et Saint-Michel en Huronie. Plusieurs habitants furent massacrés dont le père Antoine Daniel qui fut criblé de flèches. Les Iroquois prirent 700 prisonniers. Le 16 mars 1649, plus de 1000 Iroquois attaquèrent les missions de Saint-Ignace et de Saint-Louis où se trouvaient alors les pères Brébeuf et Lalemant. Les deux hommes furent fait prisonniers et amenés dans un village dans l'actuelle région de Midland, en Ontario.

Le père Jean de Brébeuf subit alors une des plus horribles et atroces tortures des annales de la chrétienté. Ces tortures furent rapportées par le donné Christophe Regnault qui put observer le cadavre. Le corps avait été sauvagement battu et avait reçu au moins 200 coups de bâtons. On avait arraché la chair des bras et des jambes de Brébeuf jusqu'aux os et on l'avait aspergé d'eau bouillante pour ridiculiser le sacre du baptême. Les Iroquois avaient également placé un collier de haches incandescentes autour de son cou et de son ventre et lui avaient arraché les lèvres parce qu'il ne cessait de parler de Dieu alors qu'ils le torturaient. Finalement, il fut scalpé et on lui arracha le coeur de la poitrine, probablement pour le dévorer (les Iroquois croyaient ainsi absorber les qualités de leurs ennemis).

La nation huronne toute entière fut bientôt décimée. Quelques survivants se réfugièrent chez des nations alliées du nord ou encore allèrent chercher refuge près de Québec où leurs descendants vivent toujours. Brébeuf fut proclamé Saint Patron du Canada en 1940.


A travers les 2 biographies qui suivent , nous pouvons voir le role clef joué par les Sulpiciens au Canada.


 



DOLLIER DE CASSON FRANCOIS :

Capitaine de cavalerie, prêtre, sulpicien, aumônier militaire, explorateur, supérieur des Sulpiciens en Nouvelle-France (1671–1674 et 1678–1701) et, à ce titre, seigneur de l’île de Montréal, curé de la paroisse de Trois-Rivières puis de Ville-Marie, vicaire général du diocèse de Québec, architecte et historien, né en 1636 au château de Casson-sur l’Erdre en Basse-Bretagne, diocèse de Nantes, décédé à Montréal le 27 septembre 1701.
Ses parents, Charles de Casson et Françoise de Cailleux, faisaient partie de la petite noblesse bourgeoise et militaire et possédaient une certaine richesse. Les armoiries de la famille, de gueules à trois fasces d’argent à la bande d’azur brochant sur le tout, portaient de plus des molettes d’éperon, signes de son ascendance chevaleresque et martiale.

Il servit comme capitaine de cavalerie sous les ordres du maréchal de Turenne et sa bravoure lui valut l’estime du général.
Après trois ans de vie militaire, Dollier entra chez les Sulpiciens pour continuer ses études et devenir prêtre.


Dollier lui-même qui nous apprend qu’il fut l’une des trois « victimes » désignées par le supérieur de Saint-Sulpice pour venir au Canada. Arrivé à Québec le 7 septembre 1666, il repartit une semaine plus tard pour accompagner l’expédition de Prouville* de Tracy contre les Agniers en qualité d’aumônier militaire. Il n’apprécia pas beaucoup cette prise de contact avec la Nouvelle-France ; outre les difficultés du voyage, il dut entendre les confessions une partie de la nuit et subir un sévère rationnement de vivres. Il qualifia ce régime de « noviciat d’abstinence » et son capitaine de « grand maître du Jeûne [digne de] servir de père maître en ce point chez les pères du désert ». Il en fut tellement affaibli qu’il ne put porter secours à un homme qui se noyait.

Il n’était pas encore remis de son expédition et d’une mauvaise saignée pratiquée par un chirurgien que son supérieur le désignait, à l’automne de 1666, pour porter les secours de la religion à 60 soldats en garnison au fort Sainte-Anne de l’île Lamothe sur le lac Champlain. Il résolut de partir malgré sa faiblesse et réussit à persuader une dizaine de soldats de l’escorter sur une partie du trajet. À son arrivée, les deux tiers de la garnison souffraient du scorbut ; ses soins empressés lui permirent de sauver la plupart d’entre eux.

De retour à Montréal au début de l’été de 1667, Dollier fut envoyé à Trois-Rivières pour y exercer les fonctions curiales. Il remplit pendant un an les devoirs de sa charge dans cette petite paroisse de quelques centaines d’habitants. À l’automne de 1668, il partit en mission chez les Népissingues afin d’apprendre la langue algonquine. Peut-être y apprit-il aussi à fumer, car on rapporta plus tard qu’il adorait le tabac. Il passa l’hiver chez un chef qui possédait un petit esclave venu des régions du Sud. Le sulpicien, enthousiasmé par les propos du jeune Indien, fit part à son supérieur des possibilités d’évangélisation qu’il entrevoyait chez les « nations outaouas » de la région du Mississipi. Queylus [Thubières*], désireux d’ouvrir de nouveaux champs d’apostolat aux Sulpiciens, approuva les desseins missionnaires de Dollier. Ce dernier descendit alors à Québec pour obtenir des autorités civiles et religieuses les permissions nécessaires et préparer son voyage et son séjour chez les Indiens. Il « avoit résolu [en effet] de ne jamais revenir [à Montréal] s’il pouvoit trouver quelque nation qui l’eust voulu recevoir ». À la demande du gouverneur, il accepta cependant de se joindre à l’expédition de l’aventureux Robert Cavelier* de La Salle. Mais le supérieur des Sulpiciens, qui se méfiait de La Salle, remplaça le compàgnon désigné de Dollier, Michel BARTHÉLEMY, par René Bréhant* de Galinée qui possédait quelques notions de géographie.

L’équipe d’explorateurs, formée de 22 Européens et d’interprètes algonquins, quitta Montréal le 6 juillet 1669. Les voyageurs atteignirent le lac Ontario au début du mois d’août. L’absence d’un bon interprète – La Salle avouant enfin son ignorance de la langue iroquoise – et la mauvaise volonté des Tsonnontouans à leur fournir un guide les immobilisèrent pendant près d’un mois. La rencontre d’un Iroquois qui retournait chez lui et qui offrait de les conduire les tira d’embarras. Ils longèrent le sud du lac Ontario, traversèrent la rivière Niagara et remontèrent jusqu’à Tinaouataoua (près de la ville actuelle de Hamilton). Ils y rencontrèrent Adrien Jolliet, le frère de Louis*, qui revenait d’une mission aux Grands Lacs. Il leur décrivit la route à suivre pour atteindre les « nations outaouas », les possibilités d’évangélisation chez les Potéouatamis, et leur indiqua l’endroit où il avait laissé un canot. Cette rencontre renouvela l’enthousiasme des missionnaires ; elle eut un effet contraire sur La Salle. L’ aventurier sans scrupule prétexta une indisposition causée par la fièvre pour abandonner les Sulpiciens.

Ces derniers, accompagnés de sept hommes et équipés de trois canots, poursuivirent leur route jusqu’à la rive nord du lac Érié où ils décidèrent d’hiverner. La richesse de la faune et de la flore leur permit d’amasser rapidement une grande quantité de vivres et de passer un hiver très calme. Dollier affirmait souvent que ce séjour dans la solitude de la grande nature valait plus pour l’éternité que les dix meilleures années de la vie, et allait jusqu’à souhaiter mourir au milieu des bois plutôt qu’entouré de ses confrères du séminaire. Cette joie quasi mystique n’empêcha pas Dollier de songer aux fins politiques du voyage ; le 23 mars 1670, il planta une croix et prit officiellement possession du territoire au nom du roi de France. Il signa l’acte rédigé à cette occasion « francois dollier, prestre du diocèse de nantes en bretagne ».
Les missionnaires se mirent en route dès le lendemain afin d’arriver au plus tôt chez les Indiens du Mississipi. Peu après le départ, cependant, Bréhant de Galinée perdit son canot avec tout son contenu. Avec deux canots seulement, sans vivres, ils allaient abandonner la partie quand ils découvrirent par hasard le canot laissé par Jolliet ; puis un troupeau de biches vint se placer sous leurs fusils. Ce n’était qu’un répit. Quelques jours plus tard, une tempête s’éleva au cours de la nuit et les vagues furieuses emportèrent le canot de Dollier. Le missionnaire perdit son bien le plus précieux : l’autel portatif avec tous ses accessoires. Après délibération, les sulpiciens décidèrent de revenir à Montréal.

Par esprit d’aventure et pour bien connaître la région, ils effectuèrent leur retour par la « route du Nord », bien connue des Jésuites et des coureurs de bois ; ayant passé par la rivière du Détroit et le lac des Hurons, ils abordèrent la mission de Michillimakinac, franchirent la baie Georgienne, le lac Nipissing et la rivière des Outaouais, pour arriver à Montréal le 18 juin 1670. Le voyage avait duré 347 jours et aboutissait à un échec partiel. Si l’entreprise missionnaire avait échoué, les administrateurs politiques pour leur part étaient satisfaits des résultats acquis. Les sulpiciens n’avaient pas découvert les lacs Ontario, Érié ou Huron, mais ils avaient établi formellement que ces lacs communiquaient entre eux. De plus, premiers Européens à entrer dans la rivière Niagara à partir du lac Ontario, ils avaient pris possession officiellement de cette contrée, avaient fait un relevé précis de sa géographie et laissé un récit de leur expédition Le sulpicien espérait bien repartir chez les Indiens peu après son retour à Montréal en juin 1670, mais la guerre entre les Algonquins et les Iroquois le força à retarder son projet. Il accompagna cependant les 56 volontaires assemblés par Rémy* de Courcelle pour aller sur le lac Ontario calmer les Iroquois à l’été de 1670. De retour de cette brève expédition à la mi-août, il remplaça Queylus comme supérieur à Montréal.
La tâche du nouveau supérieur ne s’annonçait pas facile. La population de Montréal avait triplé depuis son arrivée au Canada et se composait en grande partie de soldats, plus intéressés à la traite qu’à la terre. De plus, cet avant-poste recevait chaque année un fort contingent d’Indiens venus y porter leurs pelleteries. À titre de supérieur, Dollier devait remplir les devoirs de seigneur haut-justicier ; cela nécessitait de la fermeté et de la diplomatie. Il s’en tira avec honneur.

 



Au lendemain de sa nomination comme supérieur, Dollier consacra son temps à diverses tâches qui lui tenaient particulièrement à cœur : l’organisation de la ville, la construction d’une église et la rédaction de son Histoire du Montréal. La population de Ville-Marie se chiffrant par près de 1 500 âmes, la construction d’une église paroissiale s’imposait. Dollier en traça le plan, choisit et bénit le site et posa l’une des premières pierres le 30 juin 1672. L’église Notre-Dame, ouverte au culte dès 1678, fut parachevée le 16 juin 1683 par la bénédiction de sa cloche et desservit la paroisse jusqu’en 1829.
Désirant organiser le développement de la ville, Dollier traça les premières rues, en 1672, avec l’aide du notaire-arpenteur Bénigne Basset*. Il marqua l’emplacement des rues Saint-Joseph, Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Charles, Saint-François, du Calvaire, Saint-Lambert, Saint-Gabriel et Notre-Dame, et fit respecter son travail en s’opposant à l’ensemencement du tracé de ces rues par les habitants. Il rappela en outre aux concessionnaires leur obligation de tenir feu et lieu.

Premier historien de Montréal, Dollier donne des renseignements uniques sur la fondation, les pionniers et le premier quart de siècle de cette ville. À l’exemple des célèbres Relations, il résume année par année les principaux événements de la colonie, et il déborde largement le cadre de l’activité sulpicienne. Il a également laissé des phrases inoubliables que les historiens et les patriotes se plurent à citer par la suite. On lui doit, entre autres, la fière réponse de Maisonneuve [Chomedey*] au gouverneur : « il est de mon honneur, et vous trouverez bon que j’y monte [à Montréal] pour commencer une colonie, quand tous les arbres de cet Isle se devraient changer en autant d’Iroquois ». Pour ces raisons et parce qu’elle constitue une source indispensable de l’histoire de Montréal et de la colonie, l’œuvre de Dollier a exercé une influence considérable sur l’historiographie canadienne-française. Dollier a généralement fixé et pour longtemps le caractère, l’œuvre ou la renommée des Montréalais.

Dollier se préoccupa aussi du respect des droits seigneuriaux du séminaire de Saint-Sulpice

Ami de Mgr de laval, il fut quand même l’homme de confiance de Mgr de Saint-Vallier [La CROIX] qui le nomma vicaire général et qui, en veine de compliment, écrivit de lui : « Leur Superieur [des Sulpiciens] est un sujet de merite et de grace qui a recue de Dieu un merveilleux discernement pour placer ceux qui sont sous sa conduite selon la diversité de leurs talens. Il sçait l’art de ménager tous les esprits, et sa prudence jointe à sa douceur et à ses autres vertus luy a gagné l’estime et l’affection de toutes sortes de personnes ». Dollier entretint d’excellentes relations avec les communautés religieuses en Nouvelle-France : Jésuites, Récollets et prêtres des Missions étrangèrs ; il contracta d’ailleurs une union spirituelle avec le séminaire des Missions étrangères en 1688.


Sa franchise, sa compréhension des problèmes et ses fonctions, jointes à son expérience de la vie au Canada, lui valurent une grande autorité. Ainsi, quand le gouverneur Le Febvre* de La Barre convoqua en 1682 une assemblée des grands du pays, Dollier fut invité à exposer la situation de Montréal relativement au péril iroquois. Sur le plan religieux, sa compétence fut aussi reconnue par Mgr de Saint-Vallier qui fit de lui son grand vicaire pour la région de Montréal et qui, au moment de rentrer en France en 1694, ordonna au grand vicaire de la région de Québec de se mettre au besoin en rapport avec Dollier.
Comme supérieur, il dut organiser la vie interne de son institution religieuse ; au dire de Tronson, le supérieur à Paris, et de Souart*, ancien supérieur à Ville-Marie, le séminaire de Montréal fonctionnait très bien sous sa direction. Mais Dollier était avant tout un homme d’action : il construisit un nouveau séminaire où les Sulpiciens emménagèrent en 1686. Il donna son appui aux autres communautés de la région de Montréal : il organisa une collecte qui rapporta 8 000ª pour la reconstruction de l’Hôtel-Dieu, procura des secours spirituels et matériels à la congrégation de Notre-Dame et accepta ‘le poste d’administrateur de l’hôpital au décès de Jeanne Mance. Il fonda aussi des paroisses autour de Ville-Marie et géra les missions des Sulpiciens à Montréal et en Acadie. Dollier se préoccupa aussi de promouvoir l’éducation à Montréal. Depuis l’invitation que leur en avait faite le roi en 1668, les Sulpiciens prodiguaient leur enseignement aux Indiens, s’il est fort douteux que Dollier leur ait lui-même enseigné, il apporta néanmoins beaucoup d’attention à cette activité, qui donnait l’occasion d’évangéliser les Indiens.

Dollier fut inhumé dans l’église paroissiale et Joseph Grandet, qui l’avait bien connu, fit de lui cet éloge : « Il s’était acquis dans tout le Canada une estime générale et un crédit universel par un abord prévenant, par des manières honnêtes et polies, et par une conversation facile et pleine de bonté, soutenue par un air de qualité, un port et une dignité qui, sans fard et sans affectation, lui conciliaient les cœurs et lui donnaient une autorité imposante de laquelle on ne pouvait se défendre ». Mais toute cette littérature, ces louanges répétées et toute l’admiration qu’il suscitait par l’ensemble de ses qualités, les Indiens les résumaient bien plus simplement en disant : « Voilà un homme ».

Jacques Mathieu


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EVENEMENTS MARQUANTS DE MONTREAL (1760-1800)



Avant d’aborder en détail la vie de Montgolfier attachons nous à un bref historique dans cette période trouble de la ville de Montreal qui était son fief et ou il était le gardien de la foi.

Après sa reddition en 1760, Montréal est sous contrôle britannique. Après avoir été occupée par les rebelles Américains en 1775 et 1776, la ville a repris ses activités courantes. Toujours importante comme entrepôt militaire, elle étend sa présence de plus en plus profondément à l'intérieur du continent grâce au commerce des fourrures désormais dirigé par un puissant cartel, la Compagnie du Nord-Ouest.


- 8 septembre 1760 : Reddition de Montréal face à l'armée britannique.
- 10 février 1763 : La signature du traité de Paris met fin à la Guerre de Sept Ans : le Canada est cédé à la Grande-Bretagne.
- 7 octobre 1763 : La Proclamation royale établit la province du Québec dans un territoire réduit par rapport à la Nouvelle-France, promet une assemblée et instaure les lois anglaises dans la colonie.
- 29 avril 1764 : Cession de la seigneurie de l'île de Montréal par le Séminaire de Saint-Sulpice de Paris au Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal.
- août 1764 : Les Canadiens qui souhaitent quitter la colonie et passer en France doivent vendre leurs propriétés avant cette date.
-17 septembre 1764 : Inauguration de l'administration municipale par les juges de paix.
- 1765 : Construction des casernes dans l'est de la ville fortifiée.
- 1765 : Transformation d'une partie du couvent des Jésuites en prisons.
- 1765 : Épidémie.
- 18 mai 1765 : Incendie majeur dans le quartier de la place du Marché, 102 maisons détruites.
- 11 avril 1768 : Incendie majeur dans le quartier entre les prisons et l'hôtel de Vaudreuil; 88 maisons détruites.
- décembre 1768 : Fondation de la synagogue Shearith Israel.
- 1769 : Crise économique.
- 1770 : Fondation de la Union Fire Society, une société d'aide mutuelle qui vise la prévention des incendies.
- 1771-1773 : Construction de la seconde chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.
- 1774 : Achat de l'hôtel de Vaudreuil par la fabrique de la paroisse Notre-Dame afin d'établir un collège.
- 1774 : L'Acte de Québec assure le maintien du droit français et de la religion catholique dans la « Province of Quebec ».


- 1775-1783 : Guerre d'Indépendance américaine.
- 1er mai 1775 : Le buste de George III, sur la place d'Armes, est vandalisé par des inconnus, que l'on suppose républicains.
- 13 novembre 1775 : Reddition de Montréal, assiégée par l'armée américaine.
- 13 nov. 1775-15 juin 1776 : Montréal est occupée par l'armée américaine.
- 1776 : Épidémie de variole.
- 29 avril 1776 : Arrivée des delégués du « Continental Congress » — Benjamin Franklin, Charles Carroll, et Samuel Chase.
- 15 juin 1776 : Face à l'avance des troupes britanniques, les Américains quittent Montréal.


- 1778 : Fondation du journal La gazette de Montréal/The Montreal Gazette, premier périodique montréalais, par Fleury Mesplet, rue Capitale.
- 1783 : La signature du traité de Versailles met fin à la guerre d'Indépendance américaine.
- 1783 : Établissement de la Compagnie du Nord-Ouest.
- 1785 : Fondation du Beaver Club, une association qui regroupe exclusivement des négociants ayant passé l'hiver dans les pays d'en haut (à l'ouest des Grands Lacs).
- 1786 : Fondation de la Compagnie de la distillerie de Montréal sous la direction de Thomas McCord.
- 1788 : Ouverture des Grands Lacs à la navigation privée.
- 1789 : Disette.
- 1789 : Transformation de l'ancienne église des jésuites en église anglicane.
- 1791 : Fin des permis de traite pour les pays d'en haut.
- 1791 : L'Acte constitutionnel établit les provinces du Bas-Canada et du Haut-Canada, avec des assemblées législatives élues.
- 1792 : Construction de l'église presbytérienne écossaise sur la rue Saint-Gabriel.
- 1792 : Les limites de la ville sont établies à 100 chaînes (2011 mètres) de la ville fortifiée englobant ainsi les faubourgs et une partie de la campagne environnante.
- 1793-1815 : Les guerres de la Révolution française puis les guerres napoléoniennes secouent l'Europe.
- 1796 : Transformation du couvent des récollets en casernes.
- 1798 : Établissement de la Compagnie XY, ou New North West Company.
- 1799-1803 : Construction du premier palais de justice du Régime britannique sur l'ancien site de la résidence des Jésuites, rue Notre-Dame.



 

ETIENNE MONTGOLFIER : SUPERIEUR DE ST SULPICE ET SEIGNEUR DE MONTREAL

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Montgolfier, Etienne, prétre, supérieur des sulpiciens de Montréal et vicaire général, né le 24 décembre 1712 à Vidalon (dép. de l’Ardèche, France), fils de Raymond Montgolfier; il était l’oncle de Joseph-Michel et de Jacques-Étienne de Montgolfier, célèbres inventeurs des aérostats ; décédé à Montréal le 27 août 1791.

Ayant opté à 20 ans pour le sacerdoce, Étienne Montgolfier se présenta au séminaire diocésain de Viviers, France, où il entreprit des études classiques et suivit des cours de philosophie et de théologie. Ordonné prêtre le 23 septembre 1741, il obtint de son évêque la permission de se joindre à la Compagnie de Saint-Sulpice. Il se rendit à Issy-les-Moulineaux pour y passer son année de solitude (l’équivalent d’un noviciat). Au cours des neuf années suivantes, il enseigna la théologie dans divers séminaires sulpiciens de France. Il accéda par la suite à la demande de son supérieur général, Jean Couturier, et quitta La Rochelle le 3 mai 1751 pour se joindre à ses confrères de Montréal, où il arriva au mois d’octobre de la même année.


A l’ époque où Etienne Montgolfier fut chargé de prendre la direction spirituelle des éta blissements religieux de l’île de Montréal , ces œuvres éminémment françaises y étaient solidement implantées. Déjà , elles avaient affermi les bases de la religion catholique dans l âme des habitants de la colonie, et profondément empreint dans leurs cœurs l’amour de la mêre patrie

Aussi tout en reconnaissant combien la charge qui lui incombait désormais serait lourde, assujettissante et difficile , le nouveau missionnaire s’était–il hâté , six jours après avoir pris terre, d’adresser, à deux de ses parentes , la lettre suivante, de Villemarie à Montréal en Canada , le 27 Octobre 1751, dans laquelle il se montrait plein de confiance dans l’avenir , grâce au concours des diverses congrégations établies, qui ne le laisseraient Pas sans force et sans appui :



« Vive Jesus le Maître des nations

« Mes très chères Sœurs ,


« Je suis enfin arrivé , le 21 de ce mois , en parfaite santé, grâce à Dieu, à Villemarie , dernier terme de ma mission . Je préluderai a mes travaux apostoliques par une retraite , que je me propose de commencer la veillle de la Toussaint ; j’espère me dédommager ainsi de la dissipation d’un long voyage, et me renouveler dans les sentiments de zèle et de ferveur qui me sont nécessaires pour marcher sur les traces de t ant de Saints missionnaires qui m’ont précédé dans ce pays .

« Vous serez sans doute bien aise mes chères sœurs, que j’entre dans quelques détails sur les différentes œuvres auxquelles se livre notre congrégation, et dont la direction m’est confiée en ma qualité de Superieur. Je vais tâcher de vous satisfaire en peu de mots

« Nous sommes 34 Missionnaires de St Sulpice dans l’ile de Montreal située au centre du Canada . Cette île formée par le fleuve Saint - Laurent , est très fertile ; mais la température en est excessivement froide, comme dans tout le reste de la contrée. Elle a environ 15 Lieues de longueur sur 3 de largeur. 11 Paroisses se trouvent disséminées dans la campagne, au milieu desquelles est la ville de Montréal ; autrement nommée , Villemarie, parce qu’elle est spécialement dédiée à la Sainte vierge. C’est une ville assez considérable, et dont la population est au moins le double de celle d’Annonay . Nous sommes seigneurs de toute cette étendue de pays, où nos anciens confrêres ont planté la foi ce qui nous met en état de faire beaucoup de bien. Dix huit de nos prêtres sont occupés à desservir la paroisse de la ville, dont nous composons tout le clergé avec 2 ou 3 Jésuites et autant de Recollets . Il y a en outre , deux couvents de religieuses et deux hopitaux , auxquels nous fournissons les secours spirituels . Nous avons, de plus onze missionnaires , chargés de desservir les onze paroisses rurales qui dépendent de nous, et dont les habitants sont des Français depuis longtemps établis dans la colonie .

« Quatre missionnaires forment une autre communauté dans un lieu appellé le Lac des 2 Montagnes , et situé hors de l’île à deux lieus de Montréal . Leurs fonctions consistent
à diriger une grande paroisse , toute composée de sauvages convertis au christianisme.
Ils ne cessent de travailler à en attirer d’autres à la foi , et ils ont souvent le bonheur de faire de nouvelles conquêtes ; mais les conversions seraient bien plus abondantes, si nous avions à notre disposition un plus grand nombre de prêtres . Priez donc le seigneur, pour qu’il daigne envoyer de bons ouvriers dans sa vigne .

« Enfin, une quatrième mission a été nouvellement fondée à quarate lieus de Montréal au milieu des sauvages ; elle porte le nom de la Présentation . Un seul prêtre en a toute la sollicitude : mais son zèle est tel que , dans les deux dernieres années, il a gagné à Jesus Christ plus de trois cent infidèles pour lesquels il a construit une petite église. Jugez de la peine qu’il a dû se donner pour les instruire et les preparer au Saint Baptême . Monseigneur , l’Evêque de Quebec a résolu de leur aller administrer solennellement ce sacrement au printemps prochain , bien que cela nécessite un voyage de plus de cent lieus par des chemins très difficiles. Je tâcherai d’être de la partie , dans le but de m’édifier par le spectacle de cette touchante cérémonie .

« Vous voyer, mes chères sœurs, par le court exposé que je viens de faire des diverses missions qui sont à la charge de notre institut dans ces contrées et auxquelles je dois veiller, même quant au temporel, combien j’ai besoin de vos prières pour une confiance entière, et c’est en union avec les sacrés cœurs de Jesus et de Marie, que j’ai l’honneur d’être avec une affection pleine de respect pour votre communauté, mes très chères sœurs ,

« Votre très humble et très obéissant serviteur et frère Montgolfier , Prêtre de St Sulpice.



Montgolfier eut rapidement un ascendant naturel sur les sulpiciens de Montréal. Dès janvier 1759, il fut nommé supérieur, en remplacement de Louis Normant* Du Faradon. Ce titre lui conférait automatiquement les responsabilités d’administrateur des seigneuries appartenant aux sulpiciens, de curé en titre de la paroisse de Montréal et de vicaire général de l’évêque de Québec pour le district de Montréal ; il résigna ce dernier poste en 1764.

Jamais mandat de supérieur ne fut rempli dans des conditions aussi difficiles. Québec venait de capituler aux mains des Anglais, Mgr de Pontbriand [Dubreil*] se réfugia au séminaire de Saint-Sulpice où il allait mourir le 8 juin 1760, et Montréal se rendit à l’ennemi le 8 septembre suivant. Le major général AMHERST laissa tout de même à la population canadienne le libre exercice de la religion catholique, et Montgolfier put rester en relation avec le vicaire général de Québec, Jean-Olivier BRIAND, considéré, depuis la mort de l’évêque, comme le « premier grand-vicaire ».

Après la ratification de la cession du Canada par la France à la Grande-Bretagne,Montgolfier décida de se rendre en Europe, d’abord en France auprès de son supérieur général, puis à Londres auprès du gouvernement britannique. Son objectif était d’assurer aux sulpiciens la jouissance de leurs biens, en obtenant, d’une part, que leurs confrères français se départissent de ces derniers en leur faveur et, d’autre part, que son groupe ne fût pas identifié à une communauté religieuse comme celle des récollets ou celle des jésuites. Les sulpiciens évitèrent ainsi d’être spoliés par le nouveau gouvernement colonial. Montgolfier partit en octobre 1763, et le chapitre de Québec profita de ce voyage du sulpicien pour le charger de promouvoir la nomination d’un nouvel évêque en Amérique du Nord. Les chanoines, invoquant l’ancien droit selon lequel il leur appartenait d’élire un nouvel évêque lors de la vacance du siège, avaient pris les dispositions d’usage le 15 septembre précédent : messe du Saint-Esprit, assermentation et élection. Ils avaient confié au supérieur des sulpiciens le nom de celui qu’ils désiraient comme évêque ; il s’agissait de Montgolfier lui-même. Cette élection fut jugée nulle par la Sacrée Congrégation de la Propagande car, depuis la mise en vigueur des dispositions du concile de Trente, il appartenait au pape de choisir les évêques, quitte à ce que son choix fût fait parmi des candidats présentés par d’autres évêques ou même, dans les circonstances présentes, par les chanoines. Le pape Clément XIII n’en accepta pas moins le choix du chapitre, et personne ne s’y opposa à Rome, à Paris ou à Londres. Avant la date prévue pour le sacre épiscopal, en juin 1764, Montgolfier apprit que le gouverneur général du Canada, MURRAY, lui Préférait le chanoine Briand.

Voici la lettre du gouverneur murray au comte De Shelburne datee du 14 Septembre.

‘’ Le vicaire General de Montreal , M. de Montgolfier part sous peu pour l’Angleterre . Je ne sais quels sont ses projets car il me me les a point communiqués; Il est certainement tres probable qu’il vise la mitre Votre seigneurie jugera facilement comme il est peu propre a remplir ce poste par la copie que je vous envoie d’une lettre qu’il a eu l’assurance d’ecrire à un M Houdin , alors Chapelain du 48 eme regiment de sa Majesté et auparavant Récollet dans le pays .
Il a poussé les choses au point de faire deterrer les cadavres de plusieurs soldats parce que etant héretiques , ils ne devaient pas être enterrés dans une terre benite. Une telle conduite n’a pas manqué d’indisposer les sujets de sa majesté dans cette partie . Si un pretre si hautain et imperieux bien connu en France est place à la tête de cette eglise , il peut plus tard causer beaucoup de desagrement s’il trouve une occasion favorable d’exercer sa malice et sa rancune ‘’.

Le general jugeait de ces choses à son point de vue protestant et devait produire un grand effet sur des esprits absolument disposés comme le sien .


Le nouvel élu avait été invité à se rendre en Angleterre accompagné d’un second mandataire, M. Charet, désigné par ses concitoyens pour solliciter, au nom du clergé canadien, la promulgation d’un règlement équitable en faveur des prêtres et des congrégations de la colonie

Ce départ causa egalement du trouble dans l’âme des catholiques Les religieuses de ST joseph écrivaient à leur maison mère de la Flèche : << Notre digne supérieur , M Montgolfier , par son zèle, sa prudence et toutes les vertus des ministres des premiers siècles de l’église, en soutient ici toute la discipline , malgré les obstacles que vous jugez bien qu’il ne manque pas de rencontrer Il part et nous prive du plus grand et de ll’unique soutien de notre maison

Dans la pénible situation ou nous nous trouvons , il nous eût été bien avantageux de le conserver Il est le père des pauvres, des orphelins , des veuves et de tous les misérables du Canada Aussi depuis que l’on sait qu’il est déterminé à passer en Françe , la douleur est générale

On sait pourtant qu’il est expédient qu’il fasse ce voyage pour le propre bonheur de tout le monde Mais la crainte qu’il ne puisse revenir l’année prochaine comme il le fait espérer, fait répendre beaucoup de larmes à tous, grands et petits >>


La mission qu’il s’agissait de remplir auprès du gouvernement de la métropole était fort délicate A peu près partout , dans les colonies Américaines, le catholicisme était persécuté avec autant de rigueur qu’en Angleterre Par quels moyens pourrait on obtenir une déclaration de tolérance en Faveur des Canadiens ?

Etienne montra une immuable persévérence et parvint à surmonter toutes les difficultés Après bien des alarmes, il obtint gain de cause sur la question la plus importante de toutes : le maintien du clergé catholique et des congrégations

Lorsque la nouvelle fut officiellement notifiée à Philadelphie, le Congrès s’assembla, et par une résolution protesta en ces termes arrogants contre la décision du gouvernement Anglais :
<< Nous ne pouvons nous empêcher d’être étonnés qu’un parlement Britannique ait jamais consenti à permettre une religion qui a inondé de sang l’Angleterre et qui a répandu l’impiété, l’hypocrisie , la persécution , le meurtre et la révolte , dans toutes les parties du monde ! >>


Ce fatras d’expressions injurieuses n’eut pas le don d’émouvoir les flegmatiques Anglais Ils furent fidèles à leurs engagements et le Congrès de Philadelphie , quelque peu confus de son accès de méchante humeur, ne tarda pas à promettre aux Canadiens les mêmes libertés.






Le sulpicien ne s’obstina pas pour sa nomination devant l’opposition du gouverneur Murray. il revint au Canada et remit sa démission d’évêque élu au chapitre de Québec. Quand Briand fut devenu évêque, en 1766, il nomma Montgolfier deuxième grand vicaire de Montréal, afin d’alléger la tâche d’Étienne MARCHAND.

Plus tard, Montgolfier participa à une tentative de mise sur pied d’un évêché à Montréal. En effet, Mgr Briand et son coadjuteur, Mgr Louis-Philippe Mariauchau d’Esgly, ne s’y rendaient pas souvent, surtout à cause de leur âge avancé et de l’état rudimentaire des moyens de transport à l’époque. Pourtant, la population de Montréal augmentait rapidement, et le besoin d’un évêque se faisait sentir. Deux délégués canadiens furent alors choisis pour aller porter à Londres un mémoire, rédigé avec l’aide de Montgolfier, en faveur de l’érection d’un siège épiscopal à Montréal et de la venue au Canada de prêtres européens parlant français. Jean-Baptiste-Amable ADHÉMAR et Jean De Lisle* de La Cailleterie s’y rendirent en 1783, mais ils trouvèrent suffisamment ardu de poursuivre le dernier de ces deux objectifs et ils s’y limitèrent. Quand il fut question, l’année suivante, d’adjoindre un coadjuteur à Mgr d’ Esgly, lors de la démission de Mgr Briand, ces deux derniers et le gouverneur Haldimand songèrent à Montgolfier. Celui-ci s’y opposa en juillet 1785, car il se trouvait trop âgé et voulait continuer à porter plutôt ses efforts sur la venue de sulpiciens français à Montréal.

Entre-temps, Montgolfier s’est trouvé dans l’obligation de prendre position sur la situation politique du pays. Les occasions ne manquaient pas. Retenons par exemple l’incident survenu lors de l’érection d’un monument de reconnaissance envers le roi George III sur la place d’Armes à Montréal, le 7 octobre 1773. N’y étant pas invité et n’ayant pas l’habitude de participer aux cérémonies militaires ou civiles, Montgolfier resta à la maison des sulpiciens. Luc de LA Corne proposa au commandant de joindre la sonnerie des cloches aux décharges de l’artillerie. Le militaire ne s’y opposa pas, mais le supérieur ecclésiastique, qui reçut à trois reprises la visite du Canadien, rétorqua : « Vous savez que nous regardons nos cloches comme des instruments de religion dont on ne s’est jamais servi dans les cérémonies militaires ou civiles. » Il finit par ajouter, sur les instances de l’importun : « Si M. le Commandant exige qu’on sonne, il est le maître d’ordonner au bedeau et je n’aurai rien à dire. » De fait, le commandant insistait moins que La Corne, et la sonnerie ne se fit point entendre.

L’invasion américaine [V. Richard MONTGOMERY] donna lieu à une intervention plus significative. À l’invitation de Mgr Briand, le sulpicien prépara une ébauche de sermon de circonstance et la transmit aux curés du district de Montréal. Il y démontrait en quatre points l’importance de favoriser le gouvernement britannique, à l’encontre de ce que la propagande américaine préconisait. Ces points étaient les suivants : comme patriote, le Canadien doit défendre sa patrie envahie ; comme sujet, ayant prêté un serment de fidélité au roi, le citoyen manque à la justice s’il refuse d’obtempérer aux ordres ; comme catholique, le Canadien doit montrer que sa religion lui enseigne d’obéir à son souverain ; enfin, les Canadiens ont un devoir de reconnaissance envers le roi qui les a si bien traités et envers le gouverneur Guy Carleton*, qui a défendu leur cause à Londres. Montgolfier concluait son modèle de sermon en rappelant ce qui était advenu aux Acadiens une vingtaine d’années plus tôt [V. Charles Lawrence*] ; n’était-ce pas plus prudent d’opter pour le pouvoir en place ?

On voit par sa correspondance avec Mgr Briand que Montgolfier était bien au courant des allées et venues des troupes rebelles américaines et des militaires britanniques. La présence de Carleton à Montréal en 1775 suscita des prises de position chez les Indiens et chez certains Blancs francophones ; de neutres qu’ils étaient, ils se déclarèrent favorables au roi. Montgolfier appuya d’ailleurs au même moment, par une lettre circulaire à toutes les paroisses de son district, la décision de Carleton de rétablir les milices. Durant tout le temps que les Américains se trouvèrent à Montréal, c’est-à-dire de novembre 1775 au printemps de 1776, le supérieur des sulpiciens évita d’avoir des rapports avec eux ; il les considérait comme des rebelles et comprenait difficilement la neutralité de la plupart des Canadiens.

La liberation de Montreal par les troupes de Carleton fut considere comme une liberation par Montgolfier.

Lettre a Carleton d’ Etienne Montgolfier


Montreal le 21 juin 1776


Monseigneur,


Il y a tant de choses a dire, que je me trouve presque obligé a garder le silence, par la difficulté du choix de matieres qui peuvent etre plus interessantes ou de celles qui pourraient vous etre inconnues, et agreables ou utiles.

Ce qui y a d essentiel et de certain cest quaux approches de larmee de Mr carleton tous les ennemis ont disparu , et se sont retires , je ne scais ou audela du lac Champlain, ils ont brulé dans leur fuite, le fort chambly et les mauvaises baraques de st Jean . Les troupes du roy sont en possession du fort St Jean , et il y a une garnison de cinq ou six cent hommes . Il n’est pas possible pour le present de poursuivre plus loing les fuyards, parceque le roy na absolument , ny barques ny bateaux sur ce lac . son excellence les avait poursuivi en personne, jusques a quelques lieux au dela de la prairie , mais ayant appris la quil n’avait plus d’ennemis a combattre dans cette province ( car tous les canadiens sont fideles et braves aujourd huy ) il est tourné du coté de Montreal, ou il a fait une entree triomphante hyer a midi. J’ ai eu l’honneur de le recevoir et de le complimenter le premier au sortir de son bateau , sur la greve ; et de laccompagner ensuite au travers de toute la troupe, et aux acclamations du peuple, depuis la porte du port, jusques a son hotel, la maison de Mr deschambaux, ou lencienne intendante , pres du bon secours . Je vous envois ci joint copie de mon compliment , un peu plus bas, mais il y a du vray . Les rejouissances ont continue toute la nuit , pendant laquelle il y eu une illumination generale.

Sans doute que pour la rejouissance ecclesiastique, pour lentiere et prodigieuse delivrance de la province de l’infectation des ennemis , votre grandeur nous enverra quelque mandement . Il ne me conviendrait pas d’en prevenir le temps, je nay rien fait, et j’ attendrai vos ordres .

J’ ai l’honneur detre avec le plus profond respect de votre grandeur


Monseigneur


Le tres humble et tres obeissant serviteur.



Notes pour servir a l’histoire du general Richard MONTGOMERY de Faucher de St Maurice (1844-1897).


Une fois la ville libérée, il apprécia la tranquillité retrouvée grâce à « la protection d’un gouvernement équitable ; la probité est respectée et la vertu protégée », écrivait-il. Il assura Mgr Briand que les curés admettaient aux sacrements seulement ceux qui, parmi les pro-Américains, avaient reconnu leur faute et s’étaient rétractés publiquement par leur conduite ou dans leurs discours. Un petit nombre refusa cependant de se soumettre à ces conditions. Quant au clergé, il semblait tout à fait soumis à l’autorité légitime, excepté les jésuites Joseph HUGUET, missionnaire à Sault-Saint-Louis (Caughnawaga), Pierre-René FLOQUET, desservant à Montréal, et le sulpicien Pierre Huet* de La Valinière, curé à L’Assomption.

Les autres prises de position de Montgolfier se limitèrent à des cas particuliers, relevant le plus souvent de sa fonction de vicaire général : acceptations ou refus de mariages entre catholiques et anglicans, recrutement et formation de candidats au sacerdoce.
Le 18 Mai 1763 un incendie détruisit plus de 100 maisons et l’hopital general , religieuses , malades , enfants trouvés, soit . 115b personnes furent sans abri. Elles furent recueillies a l’hotel Dieu , grâce à l’intervention d’Etienne de Montgolfier entre autres Directeur de l’hopital , qui convint avec Mme d’Youville , qu’il fallait immédiatement faire appel à la générosité privée et se mettre en devoir de réparer ce désastre. L’hopital fut promptement reconstruit.

Nouveau malheur le 11 Avril 1768 , le couvent de la congrégation de Villemarie , fondé par sœur Marie Bourgeoys fut incendié à son tour . Les religieuses , réduites à la détresse, accoururent au séminaire pour implorer l’assistance de leur Superieur Etienne Montgolfier. << Ce bon pasteur , que sa généreuse charité a fait surnommer le père des orphelins et des pauvres, ne put s’empécher d’être attendri à ce spectacle . Il adressa à ses filles éplorées les paroles que l’esprit de Dieu lui inspira dans ce moment pour les consoler et pour ranimer leur confiance , il leur promit de pourvoir à leur nourriture et à leurs autres besoins les plus urgents ; et incontinent, il les conduisit à l’Hotel -Dieu , où il les mit en possession de la salle royale. >> . 5 mois après l’incendie grâce au zèle de Montgolfier, la congrégation put revenir s’installer dans l’immeuble en partie restauré et considérablement agrandi.

Il lutta pour le rétablissement de l’ancienne chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours brûlée en 1775 alors que les Anglais voulaient faire de ce lieu une caserne. Il eut l’honneur de replacer solennellement la première pierre de l’ édifice et la douce consolation de voir notre Dame du Bon Secours rendue au culte, en moins de deux ans.

 

Chapelle notre Dame de bon Secours

Désigné par son confrère , l’abbé Sartelon , pour veiller à l’exécution de ses dernières volontés en faveur de la paroisse de Sainte Claire, Etienne y fonda une mission en 1784 et un couvent des sœurs de la congregation, qui fut inauguré le 24 Mars 1787.



Nouvelle impression du petit et du grand catéchisme, nomination de prêtres, possibilité de culte anglican dans certaines églises catholiques. Ces sujets faisaient l’objet de sa correspondance avec l’évêque de Québec, lequel avait en dernier ressort la responsabilité des décisions prises par son vicaire général.


Quand on étudie l’histoire de l’Amerique du Nord à cette époque , on ne peut se lasser d’admirer le zèle que déployait ce vaillant apôtre pour servir le progrès moral et matériel de la province du Canada . Il n’est pas d’événement de quelconque importance qui l’ait trouvé hésitant . En toute occasion , il épanchait son cœur et usait largement de son pouvoir pour amortir les afflictions.



Montgolfier se préoccupa aussi de l’influence, à Montréal, des philosophes français du siècle des Lumières. Le premier poème publié en français dans un journal d’Amérique du Nord, la Gazette de Québec, fut une épître de Voltaire à un cardinal ; il y critiquait l’intolérance et le sectarisme de l’Eglise. Dix ans plus tard, en 1778, l’académie de Montréal se donna un organe officiel de diffusion : la Gazette littéraire pour la ville et district de Montréal [V. Fleury MESPLET]. On y vantait les écrits, la mentalité et l’esprit de Voltaire. Montgolfier pria Mgr Briand d’intervenir auprès des autorités compétentes, afin que le mal fût enrayé :

« J’avais toujours espéré que cette gazette, en la méprisant comme elle le mérite, tomberait d’elle-même ; mais comme il m’a paru qu’on cherchait à lui ménager la protection du Gouvernement, j’ai cru qu’il était à propos d’aller au-devant des coups. »

De fait, le journal dut être abandonné dès l’année suivante, en 1779. Il est vrai que l’engouement des académiciens pour les encyclopédistes français, surtout Voltaire, avait desservi leur cause, car les répliques des lecteurs furent vives et, finalement, plus influentes que leurs propos mal adaptés à la mentalité canadienne.

À la fin de sa vie, Montgolfier fut énormément préoccupé par la diminution des effectifs sacerdotaux. Ses nombreux efforts pour faire venir de France des sulpiciens ou d’autres prêtres n’obtinrent jamais les résultats escomptés. À l’automne de 1784, il tenta de rejoindre son supérieur général, Jacques-André Emery, par l’entremise de l’ancien gouverneur Carleton alors en Angleterre : « Ne pourriez-vous pas m’envoyer ici un sujet de confiance et choisi de votre main, pour me succéder dans la place que j’occupe à Montréal ; et le faire accompagner d’une ou deux personnes également sûres ? » Mais le gouverneur Haldimand tenait à ce que fussent respectées les instructions royales de 1764, selon lesquelles aucun Français ne pouvait entrer au pays. Par ailleurs, les sulpiciens faisaient peu de recrutement chez les Canadiens, entre autres raisons pour conserver une majorité aux Français à l’intérieur du groupe ; c’était un relent de colonialisme. De toute façon, les vocations sacerdotales étaient fort peu nombreuses à cette époque chez les Canadiens et Montgolfier termina sa vie dans l’appréhension de voir disparaître les sulpiciens du Canada.

Le representant du roi d’Angleterre au Canada offrit la mitre en 1785 a l abbe Montgolfier que le chapitre de Quebec avait choisi en 1763 .


L’Eveque de Quebec agé et infirme , sollicita auprès du gouvernement Anglais le remplacement de son coadjuteur, qui , lui aussi était un vieillard et proposa de confier ces fonctions à un jeune prètre , M. Hubert.

Ce choix avait été présenté à la sanction royale , Georges III déclara que son intention était de nommer Etienne Montgolfier En conséquence , et par ordre du roi ,Lored Sydney secrétaire d’Etat, écrivit , le 30 Avril 1785 , au Gouverneur Géneral Hamilton :

<< Le roi approuve la démission de M. Briand ; mais en ce qui regarde la nomination de M. Hubert pour remplir la place de Coadjuteur , Sa majesté , quelque peu persuadée qu’elle soit de son grand mérite , ne saurait permettre qu’on laissât paraître la plus légère marque d’inattention à l’égard d’une personne d’un caractère et d’un mérite aussi distingué que l’est M. Montgolfier . C’est pourquoi Sa majesté a jugé à propos de signifier que son bon plaisir était que la coadjutorerie lui fût offerte en première instance , et que si , pour quelque raison que ce fût, il lui trouvait bon de se refuser à cette faveur du Roi, Sa majesté prendrait alors en sa considération royale ce qui regarde la nomination de M. Hubert . >>

Pour être officiellement entouré de tels hommages par un souverain protestant, il fallait que l’humble missionnaire fût , à coup sur un homme de tact , et qu’il ait su , depuis 35 ans que durait son apostolat , gagner par son abnégation et son dévouement , l’estime de tous les habitants de la colonie, sans distinction de culte ou de nationalité

Le 13 Octobre 1785, Etienne écrivit au roi pour lui présenter ses très humbles remerciements, et le prier d’agréer son refus . Il souhaitait surtout se consacrer à faire venir des Français au sein des sulpiciens. De plus il avait atteint sa soixante treizième année et commençait à porter si péniblement le poids de l’age que,peu de temps après, il manifesta le désir d’être relevé de ses fonctions de vicaire général et de supérieur des communautés religieuses.


Le nouvel évêque de Québec, Mgr Hubert ne voulut pas accepter cette démission. Il lui adjoignit M. Brassier , prêtre de Saint Sulpice , pour l’aider et le suppléer au besoin.

Il démissionna en 1787 de sa double charge de supérieur ecclésiastique et d’aumônier de la Congrégation de Notre-Dame, non sans avoir écrit la Vie de la vénérable sœur Marguerite Bourgeois [...], qui devait être publiée en 1818. En 1776 il avait entrepris la redaction du recueil des règles et constitutions à l’usage des filles séculieres , administratrices de l’hopital général de Montréal. En 1789, ses facultés étant affaiblies, ne pouvant plus lire ni écrire, il s’adjoignit son confrère Gabriel-Jean BRASSIER comme supérieur des sulpiciens et comme vicaire général de l’évêque de Québec. Il mourut à Montréal le 27 août 1791.

Homme digne, affable, de belles manières, Montgolfier a cherché à collaborer le mieux possible avec l’évêque de Québec dans l’organisation ecclésiastique de son pays d’adoption.



Plus pragmatique que penseur, plus légiste et canoniste que théologien, il a voulu assurer la survie du catholicisme dans des circonstances inédites et délicates..Tout au long de son séjour à Montréal, il est resté Français et il a entretenu chez les sulpiciens une tournure d’esprit européenne par laquelle ils se sentaient plus près des nouveaux maîtres britanniques que des habitants du pays.


A plusieurs reprises , des membres de la famille de Montgolfier ont eu l’occasion de visiter la ville de Montréal. En 1866, deux d’entre eux ont été reçus , avec une exquise affabilité, par l’Eveque du diocèse, et conduits dans un petit oratoire orné d’un grand nombre d’objets rappelant le souvenir d’Etienne Montgolfier.

C’est là que les Canadiens venaient honorer sa mémoire. Ils n’oubliaient pas qu’il a eu l’insigne mérite de revendiquer , au nom de leurs Ançêtres la liberté religieuse qui, encore aujourd’hui leur sert de sauvegarde, et le maintien des Congrégations catholiques, qui n’ont jamais cessé d’inculquer dans le cœur de la jeunesse confiée à leurs soins , avec l’amour de la Françe , le respect de ses coutumes et de son vieux langage .


lLes supérieurs de St Sulpice de 1657 à nos jours


Bibliographie

-Histoire du Canada de Francois Xavier Garneau
-Revolution refusee ( le Canada et la revolution Americaine ) par peter Macleod
-Les premiers envahis par les americains de Jean claude Germain
-Notes sur l’histoire du general Montgomery de Faucher de St Maurice
-Notice biographique sur laval de montmorency par eveque du Quebec
-Histoire du Canada de l’abbe Brasseur de Bbourbourg
-Compagnie des pretres de St Sulpice
-Dictionnaire biographique du Canada en ligne.
- Musee de la nouvelle France
-( articles de Jacques Mathieu, Lucien Lemieux,
- Histoire du Quebec et de l’amerique Francaise . Patrick Couture
- La famille de Montgolfier : Ses alliances, ses descendants par Léon Rostaing-
- Biographie d’Etienne Montgolfier de Lucien Lemieux

 

 



MARIE BOURGEOIS

Etienne Montgolfier  écrit La vie de la vénérable soeur Marguerite Bourgeois, dite du Saint Sacrement- institutrice, fondatrice, et première supérieure des filles séculières de la Congrégation Notre-Dame, établie à Ville-Marie, dans l'Isle de Montréal." Ouvrage publié à Ville Marie en 1818 par WM Gray . Voir lien pour lire le livre :                                            La vie de la vénérable soeur Marie Bourgeois

 

 Sainte Marguerite Bourgeois ; Un film de Maurice Proulx

 

Ci dessous article wikipedia sur Sainte Marie Bourgeois

 

Sainte Marguerite Bourgeoys, en religion Sœur Marguerite du Saint-Sacrement, est née à Troyes en France le  et morte le 12 janvier 1700 à Ville-Marie au Québec. Elle est la première enseignante de Montréal et la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Elle a été canonisée le 31 octobre 1982 par Jean-Paul II ; sa fête est le 12 janvier.

Sommaire

Enfance et départ pour le Canada

« Marguerite Bourgeoys naît en France au siècle de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, au temps des puissantes et méthodiques réalisations de Richelieu et de Colbert, au temps des grands mystiques de l’école française, Jean-Jacques OlierPierre de BérulleCharles de Condren. Marquée par son milieu et son temps, Marguerite Bourgeoys sera à la fois grande réaliste et profonde mystique. Elle y prendra aussi figure d’avant-garde »

— Hélène Bernier1.

Marguerite Bourgeoys2 était la 6e d'une famille de 12 enfants aux parents dévoués1 : Abraham Bourgeoys3, son père, et Guillemette Garnier, sa mère4. Tous les deux appartenaient à la bourgeoisie de Troyes. Le jour de sa naissance5, le 17 avril 1620, elle a été baptisée en l'église Saint-Jean. Cette tradition des baptêmes donnés le jour de la naissance des enfants était une pratique courante à l'époque. Elle était liée à la mortalité infantile et à la peur que les parents avaient de voir leur nourrisson décéder avant d'avoir reçu le baptême et de ne pas pouvoir entrer au Paradis et d'être condamné aux limbes. Après une enfance paisible, elle perd sa mère lorsqu'elle a 19 ans.

Le 7 octobre 1640, pendant une procession en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, en passant devant l'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, elle regarde une sculpture de la Sainte Vierge située au-dessus du portail et y reçoit une grâce qui va bouleverser son existence6. C'est ainsi qu'elle raconte cette expérience profonde : « On repassa, écrit-elle, devant le portail[de l’abbaye] Notre Dame ou il y a au-dessus de la porte une image de pierre [de la Vierge] et en jetant la vue pour la regarder je la trouvay très belle et en même temps je me trouvai si touchée et si changée que je ne me connoissest plus et retournant à la maison cela paroissoit à tous et comme jetes for legère jetes la bien venue avec les autres filles1. » Elle désigne ce moment comme celui de sa « conversion ».

À la suite de cette expérience, elle désira devenir carmélite et chercha aussi à entrer dans d'autres communautés religieuses, qui refusèrent sa candidature. Elle devient membre externe des chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame qui avaient fondé un couvent à Troyes. Cette congrégation comprenait des religieuses cloîtrées ainsi que des « externes » qui regroupaient des jeunes filles dans le but de les former à la prière et à l’enseignement dans les milieux pauvres et en dehors du couvent. La directrice de cette association est alors Mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie qui est la sœur de Paul de Chomedey Sieur de Maisonneuve7. Ce dernier est parti en Nouvelle-France et a fondé la ville de Ville-Marie qui deviendra Montréal. En 1652, lors de son voyage en France, il rend visite à sa sœur et lui expose les besoins pour la nouvelle colonie. En effet, dans un premier temps, Ville-Marie n'est pas en mesure de subvenir aux besoins de toute une communauté religieuse. Il demande alors l'envoi d'une institutrice laïque pour instruire les enfants des colons et des Amérindiens8. À 33 ans, Marguerite Bourgeoys accepte cette tâche après que la Vierge Marie lui soit apparue et lui ait dit : "Va, je ne t'abandonnerai pas9".

Dans la plus grande pauvreté, elle part pour la Nouvelle-France en février 1653 mais ne parviendra que deux mois plus tard sur ses côtes10. Il lui faudra encore remonter le Saint-Laurent jusqu'à Ville-Marie, l'actuel Montréal. Elle entre dans la colonie le 16 novembre 1653 avec un grand nombre de nouveaux colons, hommes et femmes.

Activités à Ville-Marie et fondation

Marguerite Bourgeoys s’occupe d'abord de tenir la maison du gouverneur de la colonie, Chomedey de Maisonneuve, et d'entourer les colons. En effet, en raison de la grande mortalité infantile, la colonie, très peu peuplée, ne compte pas d'enfants lorsqu'elle s'y installe. Elle vit dans des conditions climatiques très rudes et doit s'employer à s'installer, c'est-à-dire à défricher la terre, qui met presque trois ans à être cultivable. Tout est aussi à construire, maisons, églises, hôpitaux, etc. À cela, il faut ajouter l'état de guerre permanent avec les tribus iroquoises, ce qui entraîne des pertes militaires et civiles. En plus des soins à apporter aux blessés (des deux camps), il faut aussi secourir ceux qui ont tout perdu, accueillir et placer les orphelins, soutenir les veuves, etc. Finalement, il faut aussi apporter du soutien à des personnes qui ont tout quitté pour venir s'installer en Nouvelle-France, dans une région dont ils ignorent presque tout. C'est pour cette raison que Marguerite Bourgeoys va faire relever une croix qui avait été abattue par des Amérindiens ennemis, la croix du Mont-Royal11. Marguerite Bourgeois raconte au sujet de cette croix12 : « J’y menai Minime [Gilbert Barbier, charpentier] avec quelques autres hommes et nous y fûmes trois jours de suite. La croix fut plantée et il y avait des pieux pour la clore13 ». C'est aussi ce but qu'elle poursuit en créant un lieu de pèlerinage pour les colons.

De plus, son activité d'enseignement auprès des enfants ne peut pas se mettre tout de suite en place à son arrivée en raison de la grande mortalité infantile qui décime les enfants. À son arrivée, la colonie ne compte pas d'enfants. Marguerite Bourgeoys ne peut donc pas faire l'école et le catéchisme. Peu à peu, elle va néanmoins pouvoir "montrer gratuitement aux filles à lire, les instruisant tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, n’en ayant point encore de fixé pour cela6".

Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

Elle va aussi seconder Jeanne Mance14 qui pour sa part fonde l'hôtel-Dieu de Montréal15 de Ville-Marie.

Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

Article détaillé : Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours de Montréal.

Dès 1655, Marguerite Bourgeoys projette la construction d’une chapelle qui serait située en dehors de l’enceinte du fort, aujourd'hui dans le Vieux-Montréal. Elle conçoit cette chapelle comme un lieu de pèlerinage. Des difficultés retardent toutefois la réalisation de ce rêve. Commencée en 1657, la chapelle en pierre ne sera terminée qu’en 1678.

Elle écrit : "J'excite le peu de personnes à ramasser des pierres et Monsieur de Maisonneuve fit couper du bois pour la charpente ; et il aidait à le traîner hors du bois. Et ceux à qui je faisais quelque travail, je leur demandais quelques journées pour cette chapelle. On charria du sable, d'autres préparèrent la chaux, et je trouvai suffisamment pour la bâtir et la couvrir. Le Père Pijart la nomme Notre-Dame-de-Bon-Secours16."

En 1672, Marguerite Bourgeoys ramène de son second voyage en France, une petite statue miraculeuse donnée par le baron de Fancamp pour la chapelle. Cette statue est encore vénérée dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. Ayant connu des modifications architecturales, la chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours se trouve toujours au même emplacement que celui qui a été octroyé à Margureite Bourgeoys. Victime d'un incendie qui la ravage complètement en 1754, l'église trouve sa forme définitive en 1771. Il est toutefois possible de visiter les fondations de la chapelle primitive, celle fondée par Sainte Marguerite Bourgeoys, (au sous-sol de la chapelle).

En 2005, les reliques de la sainte sont installées dans l'autel de gauche de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours de Montréal et celles de Jeanne Le Ber, sont placées dans le mur gauche de la nef.

L’école et maison-mère

Le 30 avril 1658, de Maisonneuve donne à Marguerite Bourgeoys l’étable de pierres de la commune17 dont l'acte de concession dit qu'il s'agit "d'un bâtiment de pierre de trent-six pieds de long sur dix-huit de large, situé à Ville-Marie, proche de l’Hôpital Saint-Joseph1". Elle la nettoie et l'aménage simplement pour en faire une école. Par l'installation d'une échelle extérieure, elle peut accéder au colombier qui devient pour elle un dortoir. Mais Marguerite Bourgeoys a une vision à long terme pour son apostolat auprès des habitants de la colonie. Cette dernière grandit et des besoins plus importants se font sentir (écoles, aide aux pauvres, soins aux malades, encadrement des "filles du roy", etc.). Elle sent donc qu'il va lui être nécessaire d'être accompagnée dans sa mission. C'est pour cette raison qu'elle retourne en France en 1658 afin d'y recruter des compagnes à même de la seconder.

Dès son retour de France, Marguerite Bourgeoys se joint à nouveau à Monsieur de Maisonneuve et à Jeanne Mance, l’administratrice de l’Hôtel-Dieu. Prenant conscience de l'importance du rôle des femmes dans la pérennisation de la colonie, elle forme les femmes à tout ce qui peut leur être utile et essentiel pour vivre en Nouvelle-France et y fonder une famille (cuisine, climat, culture, soins aux malades et aux blessés, etc), mais aussi pour y vivre en chrétien, par l'enseignement du catéchisme. Une fois les enfants en âge scolaire, elle leur apprend à lire, à compter et leur enseigne le catéchisme. Et elle le fait sans considération de l'origine sociale des enfants : "On doit accueillir les élèves et se comporter à leur égard "sans distinction de pauvres ou de riches, de parents et amis ou de personnes étrangères, jolies ou laides, douces ou grondeuses […]"18".

De par son souci de l'enseignement des filles de toutes conditions, mais particulièrement des plus pauvres, elle est considérée comme la fondatrice de l'enseignement français à Montréal. Il faut souligner que - ce qui était rare à son époque - elle insista pour que les châtiments corporels ne soient que très rarement utilisés. Elle se trouve ainsi dans la ligne du pédagogue et prêtre français Pierre Fournier19 et fait en sorte que les sœurs bénéficient de temps et d'une formation adaptée afin de devenir des enseignantes efficaces et dévouées. Elle disait d'ailleurs : "Les Sœurs doivent prandre peine de se randre savante et abille en toutes sortes douvrages. Les filles de la Congrégation abandonne leur santé, leur satisfaction et leur repos pour l'instruction des filles1".

"Vers 1669, on commence l'agrandissement de l'étable-école, devenue trop petite pour loger convenablement les sœurs, les pensionnaires et les hommes engagés tout en servant d'école. Cette annexe, terminée en 1673 et composée de deux corps de logis, devient la deuxième Maison mère de la Congrégation (1673-1683), dite la Grande maison de pierre20". À la suite de l'incendie de 1683 qui ravage la bâtisse, une nouvelle maison-mère, dite la "Maison sur le haut", est édifiée par Marguerite Bourgeoys et ses compagnes à la rue Notre-Dame.

Naissance d'une communauté de « vie voyagère »

En 1659, elle revient à Ville-Marie avec quatre compagnes21. Avec ses nouvelles compagnes, elles forment le noyau d'une communauté de femmes non cloîtrées. Pour elles, ce type de vie hors du cloître - dans le monde catholique la vie claustrale est alors la règle pour les religieuses - est une absolue nécessité pour se mettre au service des habitants qui sont souvent éloignés des colonies, pour être à même de secourir les pauvres et pour annoncer la foi chrétienne aux amérindiens.

En 1667, conscients de l'utilité des activités des premières sœurs de la Congrégation dite des Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame, une assemblé d'habitants de Ville-Marie se décident à demander au roi de France des lettres patentes pour ceux qu'ils appellent les "Filles de la Congrégation". En 1669, Monseigneur de Laval "approuve par l’autorité d’une ordonnance les institutrices de Ville-Marie pour l’île de Montréal et tous les autres lieux du Canada qui les demanderaient1".

Mère Marguerite Bourgeoys

En 1670, Marguerite Bourgeoys part en France seule, avec très peu d'argent et guère plus d'un petit baluchon afin d'y rencontrer le roi Louis XIV. Louis XIV écrit d'elle : "Non seulement [...] elle a fait l’exercice de maîtresse d’école en montrant gratuitement aux jeunes filles tous les métiers qui les rendent capables de gagner leur vie, mais, loin d’être à charge du pays, elle a fait construire des corps de logis, défriché des concessions, aménagé une métairie1".

Ayant recruté de nouvelles compagnes et en possession des « Lettres patentes » signées par le roi Louis XIV22 (ces lettres patentes fondent la charte civile des Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame), elle rentre en Nouvelle-France en 1672. L’approbation canonique sera octroyée en 1676 par le premier évêque de Nouvelle-France, Monseigneur de Laval23. L'approbation des constitutions religieuses de sa congrégation sera obtenue en 1698. Il s'agit de la reconnaissance officielle, par l’Église catholique, de sa congrégation non-cloîtrée, reconnaissance qui n'intervient que deux ans avant son décès.

De la nécessité de ne pas être cloîtrée et d'être de "vie voyagère24", Marguerite Bourgeoys explique : « On nous demande pourquoi nous aimons mieux être vagabondes que d’être cloîtrées, le cloître étant la conservation des personnes de notre sexe ? [...] Il y a des marques que la Sainte Vierge a agréé qu’il y eût une troupe de filles qui honorassent la vie qu’elle a menée, étant dans le monde, et qu’elles s’assemblassent à Montréal. [...] Or, la Sainte Vierge n’a jamais été cloîtrée. Elle a bien été retirée dans sa solitude intérieure, mais elle ne s’est jamais exemptée d’aucun voyage de charité à exercer. Nous voudrions la suivre en quelque chose. La règle de la charité est celle que la Sainte Vierge a prescrite à tous ceux qui ont eu l’honneur d’être à sa suite. » « Le chapelet est le temps pour remercier Dieu des faveurs qu’il a faites à la très Sainte Vierge et la reconnaître pour notre Mère, notre Supérieure et notre Tout après Dieu »25. »

Pour elle, Dieu désire aussi la diversité pour son église, y compris pour les communautés féminines, elle écrit d'ailleurs : "Tout le christianisme est comme un grand jardin que Dieu a créé et toutes les Communautés sont autant de carreaux de ce grand jardin. La nôtre, toute petite qu’elle est, ne laisse pas d’être un de ces petits carreaux que le Jardinier s’est réservés, pour y mettre quantité de plantes et de fleurs qui, étant dans ce petit carré, sont toutes différentes en couleur, en odeur, en saveur26".

Ce refus de la clôture permit aux religieuses "vagabondes et non cloîtrées" habillées simplement pour l'époque, de s'en aller faire le catéchisme et enseigner le long des rives du Saint-Laurent à pied, à cheval, en canot. Le tout en n'étant à la charge de personne car indépendantes financièrement et capables de prendre soin d'elles.

Lors de l'homélie de la canonisation de Mère Marguerite Bourgeoys, le pape Jean-Paul II disait : "Cette œuvre de maîtresse d’école populaire, elle l’accomplit avec compétence, sans faire de discrimination entre les indiennes et les filles de colons français, les estimant toutes précieuses “comme des gouttes du sang de Notre-Seigneur”. Elle veut les préparer à être de bonnes mères de famille, par une éducation complète. Il s’agit bien sûr de les former à la foi, à la piété, à la vie chrétienne et à l’apostolat, mais aussi de les initier aux arts domestiques et aux travaux pratiques qui leur permettront de subsister avec le produit de leur travail et surtout d’ordonner ou d’enjoliver leur vie de foyer, riche ou pauvre. La bienséance et la formation intellectuelle sont également au programme, et le résultat sera que ses filles en sortiront quasi plus lettrées que les garçons, signe précurseur et rare à cette époque d’une authentique promotion féminine. Elle savait faire confiance aux capacités des Indiennes qui ne tarderont pas à devenir maîtresses d’école. Il faut aussi noter cette particularité: au lieu d’attirer les élèves en pensionnat dans la grande cité - c’est d’ailleurs une des raisons qui lui fera refuser une vie cloîtrée pour ses Sœurs de la Congrégation séculière de Notre-Dame -, elle préfère des écoles sur le terrain, proches de la population, sans cesse ouvertes à la présence et aux suggestions des parents, car il importe de ne pas se substituer à eux27".

Un pensionnat et une école ménagère

En 1676, à la demande des familles nobles et bourgeoises de la ville qui désirent que leurs filles restent scolarisées à Montréal, Marguerite Bourgeoys et sa communauté fondent un pensionnat. Toutefois, la fondatrice des Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame désire toujours davantage se mettre au service des plus pauvres. C'est pourquoi elle trouve important de créer une maison de formation plus adaptée aux fillettes les moins riches.

En 1668, Marguerite achète et organise l’exploitation d’une ferme sise à la Pointe Saint-Charles28 et y crée un ouvroir, dit de la Providence. En plus des fillettes pauvres de la Ville-Marie, cette nouvelle maison est aussi destinée à accueillir les Filles du Roy, à savoir les orphelines envoyées par Louis XIV en Nouvelle-France afin d'y peupler les colonies. En effet, dans les premiers temps des colonies, la population est majoritairement masculine ce qui entraîne beaucoup de problématiques de mœurs, allant même jusqu'à des agressions et des viols. Le projet de Louis XIV est donc double, peupler les colonies en trouvant des femmes pour les colons célibataires, mais aussi permettre une baisse des tensions sociales internes.

Les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame vont donc permettre l'intégration de ces femmes nouvellement arrivées en les formant aux réalités de la Nouvelle-France et leur permettant de gagner leur vie. La congrégation va alors s'occuper d'un ouvroir dit de la Providence afin de mener cette tâche à bien. Il s'agit véritablement d'une école ménagère. La Maison Saint-Gabriel existe d'ailleurs toujours.

En 1982, de cette action et cette accompagnement des femmes et des familles à Montréal, le pape Jean-Paul II affirmait lors de la canonisation de Marguerite Bourgeoys : "Et Marguerite Bourgeoys estime non moins indispensable de tout faire pour jeter les bases de familles solides et saines. Elle doit alors contribuer à résoudre un problème très particulier à ce lieu et à cette époque. Aux hommes venus en soldats ou en défricheurs sur cette terre du nouveau monde, pour réaliser à Ville-Marie un centre d’évangélisation qui se voulait différent des autres colonisations, il manquait des épouses de valeur. Marguerite Bourgeoys fait chercher et accompagne de son savoir-faire éducatif des filles de France, si possible robustes et de vraie vertu. Et elle veille sur elles comme une mère, avec affection et confiance, les recevant dans sa maison, pour les préparer à être des épouses et des mères valables, chrétiennes, cultivées, laborieuses, rayonnantes. En même temps, par sa bonté, elle aide ces rudes hommes à devenir des époux compréhensifs et de bons pères. Mais elle ne s’en tient pas là. Quand les foyers sont formés, elle continue à leur apporter le soutien matériel nécessaire en cas de disette ou d’épidémie, et elle leur procure, notamment aux femmes, l’occasion de goûter ensemble repos, amitié tout en se retrempant dans les bonnes résolutions, aux sources de la spiritualité, dans ce qu’elle appelle les “retraites” et aussi les “congrégations externes”29"

L’accueil des Amérindiennes

En 1676, les Sulpiciens établissent à la Montagne une mission pour les Amérindiens. C’est près de cet endroit que Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, avait élevé la première croix sur le Mont-Royal – croix qui avait été relevée par les soins de Marguerite Bourgeoys à son arrivée dans la colonie. Les sœurs s'installent donc parmi les indigènes, enseignant dans des cabanes d'écorce. Marguerite reçoit même de jeunes amérindiennes dans sa congrégation à savoir : Marie-Thérèse Gannensagouas, (algonquine) qui devint enseignante à la mission et Marie Barbe-Attontinon (iroquoise). En 1685, Monsieur de Belmont fait toutefois bâtir un fort avec quatre tours de pierres qui servira à abriter les religieuses et leurs élèves. La tour ouest servira d’école et une autre, la tour est, devient la résidence des sœurs. Ces deux tours existent toujours et sont situées devant le Grand Séminaire de Montréal, au 2065 ouest de la rue Sherbrooke.

Hommage à Marguerite Bourgeoys, par Jules Lasallerue Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal.

Expansion de son œuvre sociale et missionnaire

Les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame ouvrent des missions à la Pointe Saint-Charles et à la Montagne. Elles ouvrent aussi des écoles pour les fillettes de colons à Champlain, à Pointe-aux-Trembles, à Bastican et à Lachine. Les années suivantes, les sœurs iront à Sainte-Famille, Île d’Orléans, à Québec et à Château-Richer.

En décembre 1683, alors que Mère Bourgeoys désire démissionner de son poste de supérieure, un incendie éclate dans la maison-mère et détruit intégralement l'édifice. Cet incendie cause la mort des deux religieuses qui auraient pu la remplacer à la tête de la congrégation, à savoir : Marguerite Sommillard et Geneviève Dursoy. Marguerite accepte donc de reprendre sa charge afin de reconstruire le couvent.

Dès 1685, le nouvel évêque de Nouvelle-France, Monseigneur de Saint-Vallier, demande à Mère Bourgeoys, des Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame afin d'ouvrir un hôpital pour vieillards à Québec. Finalement en 1682, Marguerite Bourgeoys a le plaisir de pouvoir fonder à Québec une école pour les filles pauvres de la basse ville. L'hôpital pour vieillards est alors confié aux religieuses hospitalières. La création de cette école à Québec entraînera des tensions avec les sœurs ursulines de Québec qui sont toutes deux des communautés enseignantes.

Marguerite Bourgeoys : une voyageuse intrépide

Pour s'assurer des appuis matériels, financiers et afin de recruter de nouvelles consœurs, Marguerite Bourgeoys n'hésitera pas à traverser l'océan à sept reprises, et ce malgré l'inconfort et les dangers de la navigation au xviie siècle30 :

  • février-novembre 1653 : elle prend le bateau pour venir s'installer à Ville-Marie, actuel Montréal.
  • 1658-1659 : 1er voyage en France pour y recruter des compagnes (au nombre de quatre).
  • 1670-1672 : 2e voyage en France pour y recruter de nouvelles religieuses et obtenir du roi des lettres patentes pour la reconnaissance civile de sa congrégation (au retour de ce voyage, elle amène une petite statue miraculeuse donnée par le baron de Fancamp pour la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours).
  • 1680 : 3e voyage en France pour obtenir de nouveaux renforts et défendre le caractère non cloîtré de sa communauté.

Les dernières années de sa vie

En 1693, Marguerite Bourgeoys cède sa place comme supérieure de la congrégation. Marie Barbier qui la remplace, est la première Montréalaise à s’être jointe à la communauté en 1678. Marguerite Bourgeoys est alors âgée de 73 ans ce qui est très âgé pour l'époque, particulièrement en Nouvelle-France. Une grande partie de ses dernières années, Marguerite les passera à l’infirmerie de la communauté. Elle entre alors dans un temps de solitude et de recueillement. Mais, malgré son âge et ses infirmités, Sœur Marguerite du Saint-Sacrement aura encore à intervenir afin de sauvegarder la "vie voyagère" non cloîtrée de sa congrégation. En effet, Monseigneur de Saint-Vallier désire leur imposer la clôture comme c'est le cas pour les ursulines de Québec et les rattacher à ses dernières. De plus, il insiste pour imposer à la Congrégation de Notre-Dame une règle qu'il a lui-même écrite pour elle. Marguerite est appuyée dans son combat par les Sulpiciens, tant et si bien qu'en 1698, Monseigneur de Saint-Vallier finit par approuver la règle de la communauté, telle que les sœurs le désirait, c'est-à-dire sans clôture. C'est ainsi que le 1er juillet 1698, Mère Marguerite Bourgeoys et ses compagnes prononcent leurs vœux simples en présence de leur évêque. Marguerite est la quatrième à signer son acte de profession et portera désormais le nom de Sœur Marguerite du Saint Sacrement.

Entre octobre 1697 et juin 1698, Marguerite Bourgeoys écrit une autobiographie et un testament spirituel. Ces textes révèlent un exceptionnel amour de Dieu et du prochain, le désir d’imiter la Vierge Marie dans le mystère de la Visitation et dans son rôle auprès des apôtres après la résurrection de Jésus. Elle écrit : "J’ai encore une autre ressource, que le bon Dieu veut bien m’accorder, qui est le secours de la très Sainte Vierge ; car, si je suis l’objet de la miséricorde de Dieu, je suis en même temps la preuve du secours de la très Sainte Vierge.31". Et elle affirme aussi : "Il est vrai que tout ce que j’ai toujours le plus désiré, et que je souhaite encore le plus ardemment, c’est que le grand précepte de l’amour de Dieu par-dessus toutes choses et du prochain comme soi-même soit gravé dans tous les cœurs.32".

Le , alors qu'une jeune sœur était à l'article de la mort, mère Marguerite demanda au Seigneur de prendre sa vie en échange. Au matin du , la jeune sœur en question avait recouvré la santé et Mère Marguerite fut prise d'une violente fièvre. Elle souffrit pendant douze jours, puis mourut le .

Spiritualité de Marguerite Bourgeoys

Une femme pragmatique au service des autres

Marguerite Bourgeoys est une femme au sens pratique et pragmatique. C'est une grande organisatrice et gestionnaire ainsi qu'une femme intrépide. Elle prendra, en effet, sept fois le bateau pour relier la France et la Nouvelle-France et elle n'hésitera pas à quitter la relative sécurité de la colonie de Ville-Marie pour aller enseigner aux filles de colons mais aussi aux amérindiennes. Elle centrera d'ailleurs toujours son apostolat et celui de ses compagnes sur la réalisation de missions dans et hors les murs de Montréal, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle refusera toujours la clôture pour la Congrégation de Notre-Dame.

Mais, en dehors du côté pratique, elle donne un sens religieux à l'apostolat de sa communauté. Elle affirme : "Oh! Qu’une sœur qu’on envoie en mission sera contente, si elle pense qu’elle y va par ordre de Dieu et en sa compagnie, si elle pense que, dans cet emploi, elle peut et doit témoigner sa reconnaissance à Celui de qui elle a tout reçu!33". Et pour Marguerite Bourgeoys, l'amour du prochain doit toujours être au centre de la vie des chrétiens. Lorsqu'elle parle de l'amour du prochain, elle affirme avec force : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même, qui est de ne rien faire à ton prochain que tu ne voudrais pas qu’on te fît et lui faire ce que tu voudrais t’être fait34". Elle insistera toujours pour que les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame aient toujours à l'esprit cet amour du prochain, particulièrement l'amour des pauvres. Pour elle-même, elle écrit : "Il est vrai que ce que j’ai toujours désiré, et que je souhaite encore le plus ardemment, c’est que le grand précepte de l’amour de Dieu par-dessus toutes choses et du prochain comme soi-même soit gravé dans tous les cœurs". Toutefois, Marguerite Bourgeoys ne conçoit pas l'amour du prochain autrement que dans une relation de réciprocité. Elle demande donc que "Dieu ne se contente pas que l’on conserve l’amour que l’on doit à son prochain, mais que l’on conserve le prochain dans l’amour qu’il nous doit porter35"

Une femme de prière et une mystique

À côté de cette vie très active au service des colons, des amérdindiens, des nouveaux arrivés, des blessés, des pauvres, mais particulièrement des fillettes à instruire et des filles du roy, Marguerite Bourgeoys a une intense vie de prière et une relation très profonde à Dieu. Si elle est très pragmatique, elle est aussi une grande mystique.

Dévotion mariale

Article détaillé : Mariologie.

Marguerite Bourgeoys depuis sa jeunesse a une grande dévotion mariale. C'est d'ailleurs au cours d'une procession mariale qu'elle vit son expérience de conversion qui la fera devenir membre externe des Chanoinesses de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame. De plus, quand Monsieur de Maisonneuve lui demande de partir pour Ville-Marie c'est-à-dire de tout quitter pour sauter dans l'inconnu, c'est Marie qu'elle questionne et qui l'assure de son aide pour mener sa mission à bien. De plus, lorsque le 1er juillet 1698, les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame pourront enfin prononcer leurs vœux, elle le feront la veille de la fête de la Visitation.

Durant toute sa vie, Marguerite Bourgeoys a eu une profonde dévotion à la Vierge Marie, particulièrement à la rencontre de Marie et Elisabeth ce que l'on appelle la Visitation. Pour elle, la rencontre de ces deux femmes enceintes - c'est-à-dire Mariela mère de Jésus-Christ et Elizabeth la mère de Jean le Baptiste - nourrit sa foi et sa démarche missionnaire. Elle écrit : "Après que la Sainte Vierge eut donné son consentement à l’ange, elle est faite Mère de Dieu par le Saint-Esprit. Aussitôt, elle se propose, dans la reconnaissance au Père éternel, de correspondre aux grâces de sa Majesté pour le rachat du genre humain pour lequel elle est faite Mère de Dieu. Elle fait sa première visite à Élisabeth34". Et si Marie est présente au moment de l'annonce de la venue de Jésus (Annonciation), de la Visitation, au cours de l'enfance de Jésus et de ses prédications ainsi qu'au pied de la Croix au Calvaire, "Elle se tint renfermée avec les Apôtres dans le Cénacle, pour les encourager à attendre la venue de ce divin Esprit qui leur avait été promis34". Pour Marguerite Bourgeoys, Marie est présente à la naissance de son Fils, mais aussi à l'envoi de l'Esprit Saint qui est la naissance de l'Église.

Pour Marguerite Bourgeoys, il faut donc faire comme Marie et marcher dans ses pas pour "l’imiter et aller à Dieu par elle, comme par elle, Dieu nous a envoyé son Fils34". Pour Marguerite Bourgeoys, la Vierge Marie doit être considérée comme la "Maîtresse des novices de tous ceux qui embrassaient la doctrine de Jésus pour faire remarquer les desseins de leur Maître dont elle gardait toutes les paroles dans son cœur ?"34". Mais la Mère de Jésus est aussi son modèle dans l'amour de Dieu et du prochain comme elle l'écrit ci-après : "La règle de la charité est celle que la Sainte Vierge a prescrite à tous ceux qui ont eu l’honneur d’être à sa suite, car l’amour de Dieu et du prochain renferme toute la loi34".

L'adoration eucharistique

Article détaillé : adoration eucharistique.

Un autre aspect majeur de sa spiritualité est celui de l'adoration eucharistique. Pour les catholiques, Jésus Christ est réellement présent dans l'eucharistie, c'est-à-dire dans le vin consacré et dans le pain consacré, appelé l'hostie. Pour les catholiques, adorer l'hostie, soit le Saint-Sacrement de l'autel, c'est adorer Jésus lui-même, être guidé par lui et recevoir des conseils et de la force pour vivre.

Pour Marguerite Bourgeoys, l'adoration eucharistique est centrale dans sa vie. C'est un moment de profond ressourcement et d'intimité avec Dieu. Mais c'est aussi une manière d'imiter et d'être proche de la Vierge Marie. Elle affirme que : "Nous [les chrétiens et ses compagnes] pouvons admirer [le] bonheur [de Marie], tous les jours à la messe et à la sainte communion, en adorant Notre-Seigneur sur nos autels, en pensant qu’elle a contribué à la matière de ce Corps sacré que nous recevons pour la nourriture de nos âmes36". Pour Marguerite Bourgeoys, adorer le Christ eucharistie est une occasion de joie comme elle le dit en affirmant : "Je ne trouve pas de terme pour lui rendre les actions de grâces spécialement dans cette mémorable faveur de Le posséder au Très Saint Sacrement de l’Autel36". Pour elle et toutes les Filles séculières de la Congrégation de Notre-Dame, le fait que, dans le tabernacle de la chapelle de leur communauté, Jésus soit présent dans la réserve eucharistique, soit une réserve d'une ou plusieurs hosties consacrées, c'est avoir Dieu à la maison. Elle dira d'ailleurs : "le souverain de tous les êtres, le Créateur de toutes choses, a bien voulu prendre place dans cette maison36".

Une vie d'adoration et de prière

Pour Marguerite Bourgeoys, toute sa vie doit être tournée vers Dieu. Elle le vit dans l'amour du prochain, dans les relations en communauté, dans son amour pour la Vierge Marie et pour Dieu, mais elle le vit aussi intensément dans la prière.

Pour elle, c'est tout le cœur des croyants qui doit être envahi par Dieu. Elle affirme "[...] que l’on ne porte pas assez d’attention à la prière, car si elle ne part pas du cœur qui doit être son centre, elle n’est qu’un songe qui ne produit rien, car la prière doit être dans la pensée, la parole et l’exécution37". La prière "doit partir du cœur qui est son centre36", qui est le centre de tout être humain et de tout croyant. De plus, la prière ne doit pas être remise à plus tard. Elle affirme avec force que "[L’esprit du croyant] doit être prompt à s’élever à Dieu, à L’adorer et à penser à ce qu’il demande de nous36".

Pour Marguerite Bourgeois, la prière n'est pas une considération magique mais un acte volontaire qui doit se faire en toute conscience. Pour elle, il s'agit "d'être attentif à ce que l’on demande, à ce que l’on promet et à ce que l’on doit faire pour Dieu36" car prier permet de donner une orientation à sa vie et elle doit rejaillir dans la vie de tous les jours. Marguerite Bourgeoys affirme qu'il faut emporter "[...] de l’oraison quelque bonne pensée qui puisse servir le long du jour36".

De plus, pour Marguerite Bourgeoys, la prière et la méditation permettent au cœur des croyants et des êtres humains de changer, de porter du fruit. C'est donc un chemin de conversion car pour elle "si le cœur est ouvert au soleil de la grâce [par la prière et la méditation], on voit des fleurs de bonne odeur s’épanouir qui font voir qu’on a bien profité de la parole de Dieu36".

Être toute unie à Dieu

Fondamentalement, pour Marguerite Bourgeoys, aider son prochain, enseigner, vénérer la Vierge Marie, adorer le Christ dans l'eucharistie, prier et méditer, c'est tourner toute sa vie vers Dieu. C'est la lui offrir. Pour Marguerite Bourgeoys, Dieu est celui "auquel on s’attache inséparablement"36". C'est pourquoi, dans une prière, elle demande pour elle et pour ses compagnes : "Que nous n’ayons jamais d’autre contentement que de vivre en Vous [Dieu] et avec Vous [Dieu] "34". Par son attitude intense d'intimité profonde avec Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit, Marguerite Bourgeoys peut véritablement être considérée comme une mystique.

Le portrait peint de Marguerite Bourgeoys

Portrait de Marguerite Bourgeoys au cours de la restauration par Edward O. Korany, septembre 1963.

Article détaillé : Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys.

Un peu après sa mort, Marguerite Le Moyne de Sainte-Marie, la supérieure de la congrégation, demande à son cousin peintre, Pierre Le Ber38 qui est le frère de Jeanne le Ber, de réaliser le portrait de Marguerite Bourgeoys39. L'évènement est relaté ainsi par une religieuses de la congrégation : "Monsieur LeBer, le fils, ayant été prié de tirer le portrait de notre chère Mère [Marguerite Bourgeoys], un peu après qu'elle fût morte, il vint chez nous à cet effet, après avoir communié pour elle à notre chapelle; mais il se trouva si incommodé d'un mal de tête qui lui prit, qu'il lui fut impossible de l'entreprendre. Une de nos Sœurs lui donna un peu de cheveux de notre Mère défunte, qu'il mit sous sa perruque, et en même temps, il se sentit si soulagé qu'il se mit à l'œuvre avec une facilité que lui et ceux qui le regardaient ne purent s'empêcher d'admirer40". Le seul jour où le corps de Marguerite est exposé dans la chapelle de la communauté, il réalise une ébauche qui lui servira à peindre le portrait demandé. Les sœurs font ensuite embaumer le cœur de leur fondatrice afin que les fidèles puissent venir se recueillir devant ce dernier durant un mois. « Le 12 février 1700, le cœur, enchâssé dans une boîte en plomb, fut « mis au-dedans de la muraille du chœur ». C'est à ce moment que le portrait peint par Le Ber fut suspendu au-dessus de cette niche ». Ce portrait, exposé depuis 1998 au musée Marguerite-Bourgeoys, a connu de nombreuses restaurations et retouches, à un point tel que des doutes sont nés sur son authenticité.

En effet le tableau a souvent été déplacé et a échappé de justesse aux flammes de l'incendie qui ravagea la chapelle des religieuses de la Congrégation Notre-Dame en 1768. Depuis 1860, il a été retiré de la chapelle et conservé à la maison-mère, où il fut sauvé de l'incendie de 1893 (destruction de la cinquième maison-mère de la communauté). De 1908 à 1961, il était accroché dans la salle du conseil général de la congrégation. Face à la facture moderne du portrait, les doutes sur l'authenticité du portrait se font si forts que les religieuses mandatent un spécialiste en art canadien ancien, Jean Palardy40, pour analyser la peinture. De 1963 à 1964, afin de retrouver le visage d'origine de la fondatrice, caché sous de nombreuses couches de peinture, les religieuses font restaurer l’œuvre. On découvre alors un portrait post mortem, c'est-à-dire réalisé à la mort de la fondatrice40, qui est considéré comme une œuvre majeure du patrimoine artistique et religieux du Canada.

Vénération et culte

Tombeau de Marguerite Bourgeoys dans la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours à Montréal.

Durant sa vie et à sa mort, Marguerite Bourgeoys avait acquis une réputation de sainte et nombreux étaient à ses obsèques, comme le montre le témoignage écrit d'un prêtre de la colonie qui écrivait : "La sœur Bourgeoys mourut hier matin…; Il n’y a jamais eu tant de prêtres ni de religieux dans l’église de Montréal qu’il n’y en avait ce matin aux obsèques de cette bonne fille… Si les saints se canonisaient comme autrefois, par la voix du peuple et du clergé, on dirait demain la messe de sainte Marguerite du Canada33". Morte en odeur de sainteté, de nombreuses personnes se mirent à venir se recueillir et vénérer ses reliques. Son cœur fut conservé à la maison-mère de la Congrégation Notre-Dame et son corps fut gardé à la paroisse de Ville-Marie.

De 1766 à 2005, ses restes mortels ont été inhumés à la maison mère de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Depuis le 24 avril 2005, ils ont été déposés dans l’autel latéral gauche de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, située dans le Vieux-Montréal.

Le 19 juin 1910, le pape Pie X la déclare vénérable41. Le 12 novembre 1950, que deux miracles ayant été reconnus officiellement, elle est béatifiée par le pape Pie XII.

Le 2 avril 1982, le pape Jean-Paul II a promulgué un décret de miracle pour une guérison attribuée à son intercession et, le 31 octobre suivant, il canonisait à Rome celle que les catholiques invoquent maintenant sous le nom de sainte Marguerite Bourgeoys27. Sa fête est célébrée le 12 janvier, dans certains calendriers liturgiques régionaux le 1941.

Une congrégation canadienne

En 1680, Marguerite Bourgeoys fait un troisième voyage en France afin d'obtenir de nouveaux renforts et défendre le caractère non cloîtré de sa communauté. L’évêque de Québec, Monseigneur de Laval42, alors à Paris, ne lui permet pas de ramener des recrues. Ce sont les filles du pays qui contribueront à la progression de son œuvre. Au recensement de 1681, la Congrégation compte déjà 7 canadiennes parmi les 18 sœurs. En 1700, à la mort de Marguerite Bourgeoys, la communauté compte 40 religieuses.

Trois siècles d'évolution et de rayonnement

Plaque commémorative "Marguerite Bourgeoys" située sur le fronton de l'église Saint-Jean à Troyes dans le département de l'Aube (France).

L’action éducative et apostolique de Marguerite Bourgeoys se perpétue grâce à l’engagement de ses filles43. Les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal44 œuvrent dans les champs d’activités les plus divers45 : l’école, la promotion sociale, la pastorale familiale, paroissiale ou diocésaine. On les retrouve dans plusieurs provinces de Québec46 et ailleurs au Canada47. Un élan missionnaire les a conduites aux États-Unis en 186048, au Japon en 193249, en Amérique latine en 1962, au Cameroun en 1970 et en France en 1981.

En 1961, la communauté comptait 6644 religieuses réparties dans 262 maisons au Canada, aux États-Unis et au Japon. L'ensemble de ces religieuses s'occupait, en 1961, de 100 000 élèves50.

Depuis 20 ans, une expérience tente de faire revivre la « congrégation externe » établie par Marguerite Bourgeoys. Les « personnes associées » sont des laïcs qui s’inspirent de la spiritualité de Marguerite Bourgeoys pour orienter leur vie chrétienne et leur engagement dans l’Église. En 2015, la Congrégation de Notre-Dame de Montréal était présente sur quatre continents : Canada, États-Unis, Japon, Honduras, Guatemala, El Salvador, Cameroun, France.

Co-fondatrice de l’Église canadienne

Considérée comme la cofondatrice de Montréal avec Jeanne Mance, ainsi que cofondatrice de l’Église du Canada, Marguerite Bourgeoys est aussi appelée la "mère de la colonie51". Soulignant cet aspect de l’œuvre de Marguerite Bourgeoys, lors de la canonisation de la sainte canadienne, le pape Jean-Paul II a d'ailleurs dit : « Pour sainte Marguerite Bourgeoys, on retiendra surtout sa contribution originale à la promotion des familles, enfants, futurs époux, parents. Elle qu’on a pu appeler à Montréal la “Mère de la colonie”, elle aurait pu dire comme saint Paul : “Avec vous, nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes”52 »

Œuvre écrite

  • Les écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation Notre-Dame, 1964, 302 p.

Voir aussi

Statue de Marguerite Bourgeoys, boulevard Saint-Laurent, coin Royer est, à Montréal.

Bibliographie et textes de Marguerite Bourgeoys

Concernant les biographies et les sources archivistiques sur Marguerite Bourgeois, consulter en premier lieu l'article du Dictionnaire bibliographique du Canada en ligne53.

Autres monographies :

  • Bernier H., Marguerite Bourgeoys, Montréal, 1958, 94 p.
  • Blatrix M., Sainte Marguerite Bourgeois de Montréal et de Troyes, Chambay-lès-Tours, 1982, 185 p.
  • Charron Y., Mère Bourgeoys (1620-1700), Montréal, 1950.
  • Chastel C.J., La vie de la Sœur Marguerite Bourgeois, institutrice, fondatrice & pre̕miere supe̕rieure d'une comunaute̕ de filles se̕culieres, e̕tablie en Canada sous le nom de congre̕gation de Nôtre-Dame, 1728, 123 p.
  • Chicoine Emilia, La métairie de Marguerite Bourgeoys à la Pointe-Saint-Charles, Montréal, Fides, 1986, 359 p.(ISBN 2762112834)
  • Coton Denis, La vie héroïque de Marguerite Bourgeoys 1620-1700: de Troyes à Montréal : "sans voile ni guimpe", Les éditions de la Maison du Boulanger, 2001, 235 p.
  • Desjardin M., Marguerite Bourgeois et son institut, Montréal, 1938.
  • Desrosiers L.-P., Les Dialogues de Marthe et Marie, Montréal et Paris, 1957.
  • St. Ignatius Doyle (Sister), Marguerite Bourgeoys and her congregation, Gardenvale, 1940.
  • Faillon E.-M., Vie de Sœur Bourgeoys fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Villemarie en Canada, suivie de l'Histoire de cet institut jusqu'à ce jour], Villemarie/Montréal, 2 tomes, 1853. — En ligne : t. 1 [archive] ; t. 2 [archive]
  • Glandelet Ch., Le Vray Esprit de Marguerite Bourgeoys et de l'Institut des Sœurs séculières de la Congrégation de Notre-Dame établie à Ville-Marie en l'Isle de Montréal en Canada, 1701 (livre conservé sous forme de copies manuscrites).
  • Glandelet M., The true spirit of Sister Bourgeois and the Secular Sisters of the Congregation de Notre-Dame. [Transl. from the original French manuscript by Patricia R. Kinney], Montréal, 1968, 57 p.
  • Gouin P., Marguerite Bourgeois, In : La Revue moderne Montréal, Vol. 9, no 7 (mai 1928), p. 4.
  • Jamet A., Marguerite Bourgeoys (1620-1700), 2 volumes, Montréal, 1942.
  • Laberge F., Pionnière, éducatrice et sainte venue de France, 1983, 17 p.
  • Lambert Th., Marguerite Bourgeoys, éducatrice, 1620-1700 : mère d'un pays et d'une Église, Éditions Bellarmin, 1978, 137 p.
  • La Mère de la colonie, Montréal, 1925.
  • Liste des ouvrages les plus importants parus sur Marguerite Bourgeois, [s.l.], [s.n.], [s.d.].
  • Major H., Marguerite Bourgeoys (1620-1700), 1983, 55 p.
  • Mineau D., Marguerite Bourgeoys première enseignante de Montréal, Vieux-Montréal, 2008, 24 p.
  • Mongolfier E., La Vie de la Vénérable Marguerite Bourgeoys dite du Saint-Sacrement, Ville-Marie/Montréal, 1818 (appelée aussi : "Vie de 1818").
  • Marguerite Bourgeoys, Classiques canadiens, tome III, Montréal et Paris, 1958.
  • Niels J.-C., Marguerite Bourgeoys et sa famille d'après des documents inédits, Troyes, 1950, 27 P.
  • Ransonnet S.-F.-M., La vie de la vénérable sœur Marguerite Bourgeois, dite du Saint Sacrement [ressource électronique] : institutrice, fondatrice, et première supérieure des filles séculières de la Congrégation Notre-D[ame] établie à Ville-Marie, dans l'isle de Montréal, en Canada, tirée de mémoires certains, et la plupart originaux, Ville-Marie, 1818.
  • Ransonnet S.-F.-M., La Vie de la sœur Marguerite Bourgeois : institutrice, fondatrice et première supérieure d'une communauté [sic] de filles séculières, établie en Canada sous le nom de Congrégation de Notre-Dame, Avignon, 1728, 123 P.
  • Simpson Marguerite, Marguerite Bourgeoy et Montréal, 1640-1665, McGill-Queen's University Press, Montreal & Kingston-London-Ithaca, 1999, 269 p.
  • Simpson Patricia, Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre Dame, 1665-1670, McGill-Queen's University Press, Montreal & Kingston-London-Ithaca, 2007, 303 p.
  • Simpson P., Marguerite Bourgeoys et Montréal, 1640-1665, Montréal-Kingston, McGill-Queen's University Press, 1999, 269 p.
  • Sœur Saint-Louis-du-Sacré-Cœur, A l'école de la bienheureuse Marguerite Bourgeois [sic] : fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, Montréal, 1950, 224 p.
  • The life of Venerable Sister Margaret Bourgeois [ressource électronique] : foundress of the Sisters of the Congregation of Notre Dame, established at Montreal, Canada, 1659, New York, 1886.
  • Une immortelleLaure Conan, c. 1910.

Monographies

  • Beaudoin M.-L., Les premières femmes à Ville-Marie et les Filles du Roi, Montréal, Maison Saint-Gabriel, 1996, 71 p.
  • Deroy-Pineau F., Jeanne Le Ber : La recluse au cœur des combats, Bellarmin, 2000, 193 p.
  • Dufour A., Histoire de l’éducation au Québec, Montréal, Boréal, 1997, 123 p.
  • (en) Foley M. A., C. N. D., « « We Want no prison among us » : The struggle for ecclesiastical recognition in seventeenth-century New France » [archive], dans U.S. Catholic Historianvol. 14, no 1 (hiver 1996), p. 1–18 — Saint-Vallier et ses règles pour la congrégation Notre-Dame
  • Gagnon R., Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Montréal, Boréal, 1996, 400 p.
  • Lacoursière J., L'Île-des-Sœurs. D'hier à aujourd'hui, Montréal, Les Éditions de l'Homme, 2005, 261 p.
  • Simpson P. et Pothier L., Notre-Dame-de-Bon-Secours. Une chapelle et son quartier, Montréal, Fides, 2001, 150 p.

Archives

Marguerite Bourgeoys a assez peu écrit et ne l'a fait que tardivement dans sa vie. En plus de la rareté de ses écrits, ces derniers, pour beaucoup, ont disparu dans plusieurs incendies.

  • En 1683, du vivant de Marguerite Bourgeoys, la maison-mère est détruite par un incendie. Des sœurs meurent et de nombreux documents de la communauté partent en fumée.
  • En 1768, plusieurs manuscrits de Marguerite Bourgeoys brûlent dans l'incendie de la maison-mère.
  • En 1867, les religieuses font faire des copies des manuscrits de leur fondatrice lors du procès informatif pour sa cause en béatification. Ces copies ont alors été conservées à l'archevêché de Montréal.
  • En 1893, l'original conservé chez les sœurs ayant été très gravement endommagé par un nouvel incendie, ces dernières font faire une transcription des écrits de leur fondatrice.

Aujourd'hui, les archives de la maison-mère possèdent :

  • la copie des écrits de Marguerite Bourgeois de 1893
  • le microfilm de la copie de 1867
  • le microfilm de la copie de 1868 qui avait été envoyée au Vatican
  • les photostats reliés des copies de 1867 et 1868

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. ↑ abcdef et g Hélène Bernier, « BOURGEOYS, MARGUERITE, dite du Saint-Sacrement » [archive], sur Dictionnaire biographique du Canada,  (consulté le 19 novembre 2015).
  2.  « Life of Venerable Sister Margaret Bourgeois » [archive], sur CatholicSaints.Info,  (consulté le 20 novembre 2015)
  3.  Son père était monnayeur de la monnaie de Troyes et maître chandelier.
  4.  Concernant toute la vie de Marie Bourgeoys et sa congrégation, il peut être utile de consulter la chronologie suivante : http://www.archivesvirtuelles-cnd.org/lignedutemps/presentation [archive]
  5.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  6.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  7.  « Biographie – CHOMEDEY DE MAISONNEUVE, PAUL DE – Volume I (1000-1700) – Dictionnaire biographique du Canada » [archive], sur www.biographi.ca (consulté le 20 novembre 2015)
  8.  « Mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie présente Marguerite Bourgeoys à Paul de Chomedey de Maisonneuve, en visite au couvent de la Congrégation Notre-Dame | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  9.  « Marguerite Bourgeoys (1620-1700) Fondatrice des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur VAtican (consulté le19 novembre 2015)
  10.  En effet, le voilier était misérable, la peste éclata à bord et Marguerite Bourgeoys dut se faire infirmière.
  11.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  12.  « Réinstallation de la croix du mont Royal | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le20 novembre 2015).
  13.  « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015).
  14.  « Biographie – MANCE, JEANNE – Volume I (1000-1700) – Dictionnaire biographique du Canada » [archive], sur www.biographi.ca(consulté le 20 novembre 2015)
  15.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  16.  « Musée Marguerite-Bourgeoys Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours » [archive], sur Musée Marguerite-Bourgeoys Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours (consulté le 19 novembre 2015)
  17.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  18.  « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015)
  19.  « Portrait de Pierre Fourier | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015).
  20.  « Deuxième Maison mère | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  21.  « Embarquement de Marguerite Bourgeoys et de ses premières compagnes sur le Saint-André | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  22.  « Première page des lettres patentes | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  23.  « Croire et vouloir | 350 ans d'éducation par Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  24.  Marguerite Bourgeoys parlait de « vie voyagère » pour expliciter la vie sans clôture.
  25.  Bourgeois Marie Marguerite, Les écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation Notre-Dame, , 302 p.p. 146
  26.  « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015)
  27. ↑ a et b « 31 octobre 1982, Canonisation de Marguerite Bourgeoys et Jeanne Delanoue | Jean Paul II » [archive], sur w2.vatican.va(consulté le 20 novembre 2015)
  28.  « Copie collationnée du contrat d'achat d'une terre à la prairie Saint-Gabriel passé le 25 août 1662 entre Paul de Chomedey de Maisonneuve et Marguerite Bourgeoys | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  29.  « Jean Paul II, Homélie de canonisation de Marguerite Marie Bourgeois » [archive], sur Vatican,  (consulté le19 novembre 2015)
  30.  « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 21 novembre 2015)
  31.  Bourgeois Marie Marguerite, Les écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation Notre DAme, , 302 p.p. 185
  32.  Bourgeois Marie-Margueriter, Les Écrits de Mère Bourgeoys: Autobiographie et Testament Spirituel, Congregation de Notre-Dame, , 302 p., p. 297
  33. ↑ a et b « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur www.cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015)
  34. ↑ abcdef et g « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015)
  35.  Bourgeois Marie Marguerite, Les écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation Notre-Dame, , 302 p.p. 244
  36. ↑ abcdefgh et i « Congrégation de Notre-Dame » [archive], sur cnd-m.org (consulté le 20 novembre 2015)
  37.  Bourgeois Marie Marguerite, Les écrits de Mère Bourgeoys : autobiographie et testament spirituel, Congrégation Notre-Dame, , 302 p.p. 243
  38.  « Biographie – LE BER, PIERRE – Volume II (1701-1740) – Dictionnaire biographique du Canada » [archive], sur www.biographi.ca(consulté le 20 novembre 2015)
  39.  Martel, Stéphan - Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française, « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » [archive], sur www.ameriquefrancaise.org (consulté le 20 novembre 2015)
  40. ↑ ab et c Martel, Stéphan - Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française, « Vrai portrait de Marguerite Bourgeoys » [archive], sur www.ameriquefrancaise.org (consulté le 20 novembre 2015)
  41. ↑ a et b « Saint Marguerite Bourgeous » [archive], sur CatholicSaints.Info,  (consulté le 20 novembre 2015)
  42.  « Biographie – LAVAL, FRANÇOIS DE – Volume II (1701-1740) – Dictionnaire biographique du Canada » [archive], sur www.biographi.ca(consulté le 20 novembre 2015)
  43.  « Présentation | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  44.  « CATHOLIC ENCYCLOPEDIA: Congregation of Notre Dame de Montreal » [archive], sur www.newadvent.org (consulté le20 novembre 2015)
  45.  « Présentation | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  46.  « Province de Québec | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  47.  « Ailleurs au Canada | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  48.  « États-Unis | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  49.  « Japon | Croire et vouloir » [archive], sur www.archivesvirtuelles-cnd.org (consulté le 20 novembre 2015)
  50.  Hélène Bernier, « BOURGEOYS, MARGUERITE, dite du Saint-Sacrement » [archive], sur Dictionnaire biographique du Canada, (consulté le 20 novembre 2015)
  51.  « Historique de la plus ancienne chapelle de Montréal, Notre-Dame-de-Bon-Secours » [archive], sur Musée Marguerite-Bourgeoys Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours (consulté le 19 novembre 2015)
  52.  (fr + et + it) « Jean Paul II, Homélie de canonisation de Marguerite Marie Bourgeois § 3 » [archive], sur Vatican, (consulté le 12 octobre 2015)
  53.  « Bourgeoys, Marguerite, dite du Saint-Sacrement » [archive], sur Dictionnaire biographique du Canada en ligne, edition : 1966 / révision : 2015 (consulté le 12 octobre 2015)



FLEURY MESPLET ( 1734-1794) VOLTAIRIEN


Cet homme courageux d,exprimer ses idées fut en bute au pouvoir politique et religieux à Montreal representés par le gouverneur general Frederic Haldimand et le superieur de St Sulpice Etienne Montgolfier , seigneur de Montreal. Il est parfaitement compréhensible que les idées Voltairiennes à l’epoque purent être considérées comme une menace, et par la royauté et par le pouvoir religieux ce qui n’enleve rien aux merites par ailleurs éminents de Montgolfier, dans une période agitée, pour avoir contribué à défendre langue Française, la religion catholique et apporter une contribution non négligeable à l’indépendance du Canada vis à vis des Etats Unis en refusant de coopérer avec les délégations du Congrès Americain, et peu après les envahisseurs portés par la guerre d’indépendance, qui voulaient faire du Canada leur 14 eme colonie.


Né en France, fils et petit-fils de maîtres-imprimeurs, Fleury Mesplet (1734-1794) installa ses presses en 1776 à Montréal où il publia le premier journal littéraire (1778-1779) et le premier périodique d'information (1785-1794). Entre 1776 et 1794, il imprima 96 livres et brochures. Ce nombre de publications est un record : l'imprimeur William Brown, à Québec, entre 1764 et 1789, ne fit paraître que 47 travaux. Il faut ajouter que Mesplet publia le premier almanach de langue française en Amérique. Il sortit aussi le premier livre illustré au Canada. Il imprima non seulement en langue française et en langue anglaise, mais encore en latin et en iroquois.


Fleury Mesplet reçut sa formation dans l'atelier de son père, Jean-Baptiste Mesplet, à Lyon, rivale de Paris dans le monde de la librairie et de l'imprimerie en France. Fleury Mesplet n'avait que vingt ans quand il prit la direction de l'imprimerie de sa tante, Marguerite Capeau-Girard, à Avignon. Il retourna à Lyon vers 1760, d'où il partit pour Londres en 1773. Les Mesplet étaient alliés aux libraires-imprimeurs Aimé de LaRoche, fondateurs du premier journal de Lyon, et Jean Deville, propriétaire d'une importante librairie. Le beau-frère de Fleury Mesplet, le libraire François de Los Rios, était l'ami de l'écrivain Joseph Vasselier, le principal correspondant lyonnais de Voltaire.


Le premier livre connu, imprimé par Mesplet sous son nom, le fut à Londres en 1773. C'était un ouvrage d'histoire, la Louisiane ensanglantée, dans lequel le chevalier Jean de Champigny appelait l'Angleterre au secours des Louisianais abandonnés aux Espagnols par le gouvernement de Louis XV. Après une année en Grande-Bretagne, Mesplet décida de gagner Philadelphie où il devint, en 1774, l'imprimeur de langue française du Congrès américain. À ce titre, il imprima trois lettres destinées aux habitants du Québec pour les inciter à se joindre au mouvement de libération du joug de l'Angleterre. À la recommandation de Benjamin Franklin, Mesplet, comme maître-imprimeur, fit partie de la délégation des commissaires envoyés à Montréal par le Congrès pour mettre en marche le processus démocratique dans la province de Québec, alors la seule colonie britannique ayant un régime «féodal».

 

 

Description de cette image, également commentée ci-après

 

WIKIPEDIA : Fleury Mesplet



Mais la reconquête du territoire par les troupes britanniques refoula les miliciens américains hors des frontières canadiennes; restés sur place, Mesplet, ses ouvriers-imprimeurs et son journaliste furent emprisonnés durant vingt-six jours.

Libéré, Mesplet commença à imprimer des ouvrages de dévotion commandés par les religieux -- Sulpiciens, Jésuites et Récollets --, ainsi que par l'évêque de Québec. Le 3 juin 1778, il lançait la Gazette du commerce et littéraire, qui deviendra peu après la Gazette littéraire, le premier journal uniquement de langue française au Canada, animé par l'avocat Valentin Jautard, le premier journaliste de langue française et critique littéraire au pays. L'imprimeur et le journaliste fondèrent aussi en 1778 l'Académie de Montréal, la première société de pensée créée en l'honneur de Voltaire en Amérique.

Les membres de cette académie envoient le 30 décembre 1778 une lettre au gouverneur Haldimand :


«Le désir de nous instruire, y lisons-nous, nous a fait rechercher mutuellement : nous nous sommes rencontrés, et amis des Sciences, nous nous proposons de contribuer autant qu'il sera en nos lumières, à exciter l'émulation des jeunes Gens ; pour y parvenir il ne manque à notre entreprise, que l'Approbation de Votre Excellence».


Mais le supérieur des Sulpiciens et Seigneur de Montreal , M. Montgolfier, qui demeurait non loin de la boutique de Mesplet, écrit à son tour une lettre au gouverneur où il dénonce

«un dessein formé, de jeter du trouble dans votre province, et de saper, s'il étoit possible les fondements de toute religion, si nécessaire, même dans l'ordre purement politique, à la tranquillité des peuples, et à la conservation des États, et cette vue commence à alarmer un grand nombre des plus honnêtes citoyens de cette ville» (2 janvier 1779).


À quoi le gouverneur répond, un mois et demi plus tard :

«je lui ay fait défendre [à Mesplet] très expressément d'attaquer la Religion ou le Clergé (...) Je vous prie, Monsieur, de veiller de près aux publications de cet Imprimeur et de m'avertir au plutôt s'il lui arrive encore de s'écarter de la conduite qui lui a été prescrite de ma part».


Le gouverneur général Frédéric Haldimand supprima le journal le 4 juin 1779 et emprisonna Mesplet, Jautard durant plus de trois ans, sans permettre de procès.


Après sa sortie de prison, l'imprimeur lança, le 25 août 1785, la Gazette de Montréal-The Montreal Gazette, périodique franco-anglais d'information qu'il dirigea jusqu'à son décès.

La Gazette littéraire ne fut pas seulement le premier périodique littéraire au Canada, elle fut aussi la première à diffuser de façon systématique les idées des Lumières.

La Gazette de Montréal prit la relève, mais en élargissant son contenu par l'information. Le second journal de Mesplet entreprit des campagnes en faveur de réformes entre autres du système seigneurial et de l'enseignement. Il donna d'amples informations et commentaires sur la Révolution française, celle de la Déclaration des droits de l'homme, puis de la naissance de la République. Au mois d'août 1793, la publication d'un long commentaire «philosophique» contre la superstition et la tyrannie conduisit au boycott de la Gazette de Montréal par les postes royales. Limité dans sa diffusion, le journal continua à fournir des informations favorables à la France, jusqu'au dernier numéro imprimé par Mesplet le 16 janvier 1794.

Cette année-là, le relevé de ses biens indique que le premier maître-imprimeur de Montréal jouissait de l'aisance d'un bourgeois de cette ville. Dans sa carrière en Amérique, Mesplet avait pu compter sur un généreux bailleur de fonds, Charles Berger, un compatriote qu'il s'était associé à Philadelphie en 1774. Endetté envers des marchands de Montréal, en raison de son long emprisonnement, il tenta de se faire rembourser par le Congrès américain les frais de son installation comme imprimeur officiel des colonies unies dans la province. Il n'obtint qu'une compensation dérisoire et ses biens furent vendus à l'encan en 1785. Mais il ne fut en aucun temps emprisonné pour dettes et les commerçants ne lui retirèrent jamais leur appui publicitaire.

Fleury Mesplet était né à Marseille le 10 janvier 1734, d'Antoinette Capeau et de Jean-Baptiste Mesplet, maître-imprimeur originaire d'Agen. Il est mort à Montréal le 24 janvier 1794. Il avait épousé Marie-Marguerite Piérard, à Avignon, le 17 août 1756; Marie Mirabeau, à Lyon, vers 1765; et Marie-Anne Tison, à Montréal, le 13 avril 1790.

Lagrave, Jean-Paul de, «Fleury Mesplet, diffuseur des Lumières au Québec», Montréal, Université de Montréal, thèse de doctorat, 1985, xxiii/434 p. Dir. : José-Michel Moureaux.
Yvon Dionn : Histoire du laïcisme au Quebec


                                               Montgolfier contre Mesplet ; Debuts tumultueux de l''imprimerie au Quebec