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Famille du Chevalier Goybet

Prise de Damas en 1920 par le général Goybet : Récit d'Henri Goybet ; Presse du Monde et reportage de l'Illustration

 

Après la première guerre mondiale, L'empire Ottoman est démantelé : Anglais et Français rivaux pour le controle du levant depuis le XIXième siècle , s'affrontent pour harmoniser leurs intérêts surtout liés au pétrole, tout en s'efforçant de tenir les promesses faites à leurs partenaires Arabes . A la conférence de San Rémo ( 1920), sont établis trois mandats : Les Britanniques en ont un sur la Palestine et l'Irak ; les Français un sur la Syrie et le Liban . Faysal, roi proclamé de Syrie, tente de mener une résistance mais il est défait le 24 Juillet  1920 par la troisième Division du Levant du Général Mariano Goybet    qui entre victorieux dans la capitale des Omeyyades avec ses troupes. Les Français divisent alors la Syrie en trois Etats et forment le Grand Liban

Gérard D. Khoury ., l'Histoire n°327

 

Lawrence avait fait l'impossible pour que les Arabes libèrent eux même la Syrie, afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En  vain, c'est à coups de canon que la colonne française du général Goybet viendra chasser Fayçal de Damas en Juillet 1920.   

Lawrence d'Arabie par Jean Kappel. Enquète sur l'histoire N°3 été 92

C’est l’effondrement de l’éphémère royaume arabe et le commencement du mandat français sur la Syrie qui va durer un quart de siècle. Le roi Fayçal, chassé de Syrie, part en exil en Italie. Il deviendra en 1921 Roi d’Irak jusqu’à sa mort en 1933.

Samir Anhoury . La Syrie et le mandat Fançais (1920-1945)

Avant d'aborder les articles de presse et reportage sur la prise de Damas par le général Goybet le 25 JUILLET 1920 , je vous livre  la base de l'article wikipedia que j'ai confectionné sur mon arrière Grand père pour retracer le contexte historique  et faire vivre cet évènement considérable par le général lui même au travers d'extraits de ses carnets de campagne que vous pouvez retrouver en intégralité sur mon site.  

Henri Goybet

 

Entree à Damas du general Goybet 25 juillet1920.jpg

 

Le conquérant  de Damas , capitale des ommiades

Récit d'henri Goybet , arrière petit fils du Général

                                Site Goybet Actu // Syrie-USA ( Présentation et panorama du site)

                              Strasbourg à Prise de Damas (récit du général Mariano Goybet)                            

 Le rève brisé de T.E. Lawrence dit lawrence d'Arabie (film)

Bataille de Khan Mayssaloun 

Mariano Goybet - Wikipédia

 

.Syrie et Mandat Français (1920-1945)  : Samir Anhoury

 

Damas Capitale des Omeyyades

 

Damas Capitale des omeyyades 

Extrait livre de famille General Mariano Goybet

 

 

 1)  Sur les traces de T. E. Lawrence dit "Lawrence d'Arabie"

 

 

Le Général Gouraud haut commissaire de la R.F. en syrie fit venir le Général Goybet pour lui donner le commandement d'abord de la brigade mixte du littoral puis de la 3 eme D.I. de l'armée du Levant . Marche sur Damas du Général Goybet le 24 Juillet 1920 à peine plus d'un an après après l'entrée à Damas De T.E. Lawrence et du général Anglais Allenby.

 

 

 

a)  Situation Géopolitique à Damas(1918-1920)

 

 

 

 

La révolte Arabe (1916-1918) commencée en 1916 avec Hussein poursuit son avancée vers Damas.Elle est lançée pour obtenir l'indépendance de l'Arabie de l'Empire Ottoman. T.E. Lawrence aide les arabes dans ce combat aux cotés de Faycal.Les Anglais appuient le mouvement avec les troupes anglaises du Général Allenby.

1er Octobre 1918, prise de Damas ou Lawrence entre aux cotés de Faycal fils d'Hussein. A Damas . Il est promu au grade de Colonel . Il bénéficie d’un immense prestige , qualifié abusivement par le who’s who de « prince de la Mecque ». Ce prestige pèsera peu face à l’intérêt des puissances.


"Nous avons , je crois changé le cours de l'histoire dans le Proche-Orient.Je me demande comment les grandes puissances laisseront les Arabes faire leur chemin."

T.E. Lawrence 14 octobre 1918

 

Thomas Edward Lawrence - Wikipédia

 

 

 


L’entrée des troupes anglaises le 1er octobre sous le Commandement du Général Allenby en 1918 à Damas, puis celle de Fayçal le 3 oct., est humiliante pour la France après plusieurs siècles d’influence et de protectorat religieux au Levant. Cette victoire anglaise qui réveille de vieux antagonismes entre les alliés de la veille est due à la présence sur le terrain d’une force militaire considérable, un million d’hommes, qui témoigne de l’ampleur de l’engagement britannique en Orient, contre de maigres effectifs entretenus par la France dans la région.

Le Colonel  Lawrence à Damas 

Le colonel Lawrence à Damas

 


Quoiqu’il en fut, Allenby et Fayçal se rendirent le même jour à Damas le 3 octobre, et firent connaissance à l’hôtel Victoria en présence de Lawrence. Un jour auparavant, soutenu par les nationalistes et politiciens damascènes locaux, Ali Riza Rikaby avait repris le contrôle du gouvernement militaire arabe des mains de Choukri Pacha al-Ayoubi, proclamé gouverneur provisoire deux jours auparavant. On avait alors hissé le drapeau chérifien et la nouvelle administration arabe avait proclamé son allégeance à Hussein en tant que roi de tous les Arabes.

 

 

- 11 novembre 1918, retour de Lawrence à Londres ou il propose la création de 3 royaumes arabes ; la Syrie serait attribuée à Faycal. - 8 janvier 1919 Conférence de Paris ou Lawrence assiste Faycal. Les promesses faites aux arabes se heurtent aux intérèts Franco-Britanniques pour le partage du Proche Orient. Pour protester en Mars Lawrence décline l’honneur de recevoir l’ordre du bain.

 

Conference de la paix 22 Janvier 1919 Faycal aux cotés de Lawrence

 

 Conférence de la paix 22 Janvier 1919 Faycal aux cotés du Colonel  Lawrence 

 

 

Durant l’absence de Faysal en Europe s’occupant à défendre en vain les intérêts arabes contre la détermination française, abandonné par ses alliés britanniques, son pouvoir en Syrie avait faibli. Les critiques contre lui devenaient virulents, surtout après l’accord Fayçal-Clémenceau à Paris le 9 janvier 1920. Débarrassée de son allié rival britannique, la France a les mains libres sur le terrain. Sa politique en faveur de la création d’un grand Liban, ainsi que sa volonté de contrôler l’ensemble de la Syrie, rend inévitable à terme la confrontation avec Fayçal. Le 8 octobre 1919, le général Gouraud est nommé Haut-commissaire en Syrie-Cilicie, et les troupes françaises commencent à relever les Britanniques au Liban et sur le littoral syrien.

 

 


À partir de cette date, la situation se dégrade en Syrie et les nationalistes radicaux décrètent la mobilisation générale. Le 8 mars 1920, le Congrès arabe réuni à Damas, rejetant les accords Fayçal-Clémenceau, proclame unilatéralement l’indépendance et la création d’un royaume arabe syrien dans ses frontières naturelles, y compris la Palestine, et Fayçal comme roi de Syrie. Mais en avril 1920, la conférence de San Remo en Italie, confirmant les accords Sykes-Picot modifiés (accords sur les pétroles), donne à la France les mandats sur le Liban et la Syrie, à l’Angleterre les mandats sur la Palestine, la Syrie du sud (Transjordanie) et l’Irak.

 

 


La tension est à son comble en Syrie et au Liban, les incidents se multiplient. Le 14 juillet 1920, le général Gouraud lance un ultimatum à Fayçal. Le 24 juillet 1920, la colonne française commandée par le général Goybet marchait sur Damas.

 

Général Mariano Goybet  Grand officier de la légion d'honneur

Général Mariano Goybet  (1861-1943)

Grand officier de la légion d'honneur

 

 

 

b) Chez le Marechal Allenby par Mariano Goybet(25-03-1920)

 

 

 

 

 

Notes de Mariano en transit au Caire appelé par Gouraud en Syrie : sa rencontre avec le maréchal Allenby le 25 mars 1920 qui ne manque pas d'intérêt.

 


"En sortant du Musée (du Caire), visite au maréchal Allenby. La résidence est une belle demeure toute blanche, au milieu d’un vaste parc, dont les Gazons très Anglais descendent jusqu’au Nil . Un capitaine de Lanciers du Bengale me conduit au Maréchal qui me reçoit fort aimablement et veut bien m’inviter à déjeuner. A 13h30, je suis introduit au salon ou je suis reçu par une amie de la maison , la baronne De Lagrange, aimable Française qui s’est occupée pendant la guerre, d’œuvres charitables et voudrait faire maintenant de la propagande Française dans le Proche-Orient. C’est elle qui me présente à Lady Allenby charmante femme à tous égards qui veut bien me faire le meilleur accueil . Elle parle Français comme une parisienne. D’ailleurs, à la résidence, il semble que tout le monde peut s’exprimer dans notre langue."

 


"Promenade dans le parc , après déjeuner . Le Maréchal va nourrir de sa main deux immenses échassiers à becs formidables qui ressemblent d’une manière frappante ‘’ aux Adjudants’’ qui font la voirie à Calcutta ; si j’en crois du moins Kipling car je ne connais l’Inde qu’à travers les vivants récits de mon auteur de prédilection. Le Maréchal me conduit ensuite dans son bureau. Là en tête à tête , devant des cartes allant de la Mecque à Damas, mon hôte illustre me fait connaître sa pensée sur la situation assez confuse du Proche-Orient ."

 

Les Pyramides

 

 

"Je soupçonne que le Haut- Commissaire en Egypte ne serait pas fâché de déposer dans le cerveau d’un Général Français, appelé à devenir un des collaborateurs du Général Gouraud, un peu de bonne semence Anglaise. Quoi d’étonnant à ce que cette éminente personnalité, qui me parait d’ailleurs un franc et loyal soldat, cherche à parler en faveur de son pays et des amis ou des créatures de son pays ? J’avais dit au Maréchal que j’arrivai directement de Strasbourg, sans aucune donnée précise sur la situation actuelle en Syrie. Cela me limitait tout naturellement au rôle d’un auditeur attentif et muet. L’entretien, ou plus exactement la conférence, commença par un exposé très clair et très complet des questions politiques dans le Hedjaz, l’ Iemen et la Région Transjordanienne . Le Maréchal insista sur les liens de réelle vassalité ou d’amicale alliance qui existaient entre les différentes tribus ou grandes familles habitant ces régions et le Roi Hussein et ses fils . Et l’on voyait assez bien à travers ses paroles, cette famille de rois ou de futurs rois, créatures de l’Angleterre, tendant la main à l’Emir Faycal installé par les Anglais à Damas, dans le but plus ou moins avoué de dominer l’Est Syrien et de resserrer de plus en plus les Français dans la zone libanaise . Comme péroraison -- à répéter sans doute à qui de droit -- ‘’ L’Emir Faycal , à la tète des Bédouins de son père, a rendu des services aux alliés pendant l’expédition de Palestine . Il a de légitimes ambitions et il tient à ne pas être déçu dans ses espérances . Il serait sans doute dangereux de le pousser au désespoir . ‘’."

 

 

"Avant de lever l’audience le Maréchal me charge de ses cordiales amitiés pour le Général Gouraud, qu’il serait heureux de recevoir au Caire. Il compte bien lui voir faire ce voyage et il lui réserve un chaleureux accueil. En rentrant à l’hôtel, j’apprend que Monsieur Georges Clemenceau ‘’ Notre Tigre’’, retour des Indes vient d’arriver au Caire. Cette nouvelle réjouit tous les officiers présents, car nous n’avons pas encore oublié ce que l’Armée victorieuse doit au glorieux Vieillard . Je m’empresse d’aller me faire inscrire au Shéphéard’s Hôtel ou il est descendu."

 

 

 

 

c) Le Roi FAYCAL

 

 

 

 

Tiré des notes de Mariano


"A Damas, l’Emir a pris la couronne royale, il augmente le nombre de ses divisions, il mobilise, il défend l’usage de la monnaie Syrienne, il empêche les blés du Hauran de venir dans notre zone , il gène, par tous les moyens possibles, le commerce entre le Liban et les territoires chérifiens , il met de multiples entraves à mes ravitaillements par la voie ferrée vers le Nord. Bien mieux , enhardi par notre apparente inertie, il achète soit par des promesses, soit par des napoléons , la conscience élastique de personnalités syriennes qui doivent aller en Europe demander du secours en faveur de la Syrie tyrannisée par la France. Cette perfide machination disons- le tout de suite, échoua complètement grâce à l’habileté du service de la sûretè du Haut-commissariat, grâce aussi à la vigilance des postes de la 3e division qui arrêtèrent les autres suspects et cueillirent à temps les missionnaires de Faycal."

 

 

"En haut lieu on envisage la nécessité d’avoir un puissant groupement de forces prêtes à repousser une offensive peu vraisemblable d’ailleurs, malgré les rodomontades Damascaines , soit, plutôt , à porter dans l’Etat la menace de nos obus. C’est une division qui sera éventuellement chargée de ces opérations et nous allons examiner quels seront les moyens mis à ma disposition."

 

Général Goybet et ses troupes à Meizeloun 

Général Goybet et ses troupes à Meizeloun

 

 

d) Sur le chemin de Damas

 

 

 

 

Décidé à en finir avec la duplicité de l'Emir Faycal, le général Gouraud donna l'ordre au Général Goybet d'attaquer l'armée Chérifienne avec sa D.I. et d'occuper Damas peu après le passage de T.E._Lawrence dit Lawrence d'Arabie.

 

combat-de-khan-meiseiloun-24-juillet-1920.jpg COMBAT DE kHAN MEIZEILOUN  : 24 Juillet 1920

Le général Goybet et son état major  sur la position conquise après le combat victorieux qui a détruit l'armée de l'émir Fayçal et permis à la 3ème  Division de l'armée Française du Levant d'occuper Damas le 25 Juillet 1920

 

 


La colonne du général Goybet comprenait d’importants effectifs : infanterie constituée surtout de bataillons et de régiments sénégalais et marocains, batteries de 75 et de 155, sections d’auto-canons et d’automitrailleuses, deux formations de chars d’assaut, des compagnies de génie, de l’aviation ainsi que des éléments de réserve.

Les effectifs chérifiens sont les suivants:

- 1300 hommes avec 8 canons pres de Medjel and-jar - 1800 réguliers et bedoins avec 3 canons à Khan meisseloun et Aîn Djedeidé - 1800 Hommes avec canons vers voie férrée de Damas.

 

 

Soldats Syriens à la bataille de meizeloun

 


Soldats Syriens  :  bataille de meizeloun

 


Après avoir traversé le liban et l'anti-Liban, la 3ème D.I. livra un violent combat à Khan Meiseloun; victorieux, le Général Goybet fit son entrée à DAMAS, le 25 juillet 1920, déposa l'Emir Faycal, pacifia le Hauran révolté et exerca le commandement du territoire de Damas, jusqu'a sa mise au cadre de reserve, le 17 août 1921. Il revint en France Commandeur de la Légion d'Honneur et titulaire d'une 5 eme citation à l'ordre de l'armée, de la croix de guerre des TOE et de la médaille de Syrie. Le 30 juin 1923, il fut nommé général de division.

Le fameux Lawrence d'Arabie avait fait l'impossible pour que les arabes liberent eux mêmes la Syrie, afin de mettre les alliés devant le fait accompli. En vain, c'est à coup de canon que la colonne française du Général Goybet viendra chasser FAYCAL."(extrait de l'enquête sur l'histoire)(j'ajouterai que ni Alexandre le Grand ni les croisés avant lui n'ont pris cette ville de 400000 Ames capitale des Ommiades).

 

 

 

 

Citation

 

 

Citation du Général Gouraud commandant l'armée du levant suite à la prise de Damas par Mariano Goybet.

 


Ordre Général n°22

Le général est profondement heureux d'adresser ses felicitations au géneral Goybet et aux vaillantes troupes : 415 de ligne, 2eme tirailleurs algériens,11e et 10 eme tirailleurs sénégalais, chasseurs d'Afrique, régiment de spahi Marocains, batteries des groupes d'Afrique, batterie de 155, 314 Compagnie de chars d'assaut, groupes de bombardement et escadrilles qui dans le dur combat du 24 Juillet, ont brisé la résistance de l'ennemi qui nous défiait depuis 8 mois. Elles ont inscrit une glorieuse page à l'histoire de notre pays.

Aley le 24 Juillet 1920

signé Gouraud.

 

 

 

 

citation


Ordre général N° 80

Cdt en chef de l'armée du Levant

Le Général en chef cite à l'ordre de l'armée le Général Goybet Cdt la 3ème Division

 

Venu en Syrie , sur sa demande , a pris le commandement de la brigade du littoral au moment ou les intrigues chérifiennes suscitaient des troubles dans toute l'étendue de son territoire, et avec des effectifs réduits, a pu grâce a son inlassable activité en parcourant toutes les régions en effervescence , en coordonant les efforts des différentes colonnes, rassurer les populations et annihiler en grande partie les effets d'une propagande hostile.

Nommé au Commandement de la 3ème Division et chargé par le Général Commandant en chef des opérations sur Damas, a eu l'honneur d'entrer dans cette capitale à la tête de ses troupes victorieuses, au lendemain du combat de Khan Meiseloun.

A montré dans le Commandement de sa division le belles qualités de cœur, de sentiment du devoir et d'abnégation qui l'ont caractérisé pendant toute sa belle carriere.

 

Signé : Gouraud

 

Il obtient la croix de Grand Officier de la Legion d'honneur

 

 

 

 

 

 

2) La victoire de Khan Meiseiloun

 

 

 

 

 

Myriam Harry dans l'illustration du 21 AOUT 1920 dit ceci

Le combat extrêmement acharné dura 8 heures dans le fameux défilé long de 6 kilomètres . les Chérifiens avaient barré la route par un mur garni de mitrailleuses, croyant empecher le passage des tanks, mais les tanks se sont glissés dans le ravin entre le mur et la montagnee et , passant dans le bled, ils sont montés à l'assaut de la crête suivis par les fantassins du 415 eme, les algériens et les Sénégalais marocains, lancés à tout galop, enveloppaient les positions d'un mouvement débordant. Et de la haut pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heures les tanks sont restés face à face avec les batteries et c'est seulement quand ils réussirent à mettre le feu aux caisses de munitions que les chérifiens lachèrent pied et s'enfuirent désemparés complètement par la mort du ministre de la guerre Asmy Bey, tué à son poste par un éclat d'obus..............

Un colonel commandant les arrieres gardes nous donne encore quelques détails. Quand l'armée en déroute est affluée vers Damas, le désarroi était absolu . L'émir Faycal et son frère s'étaient enfuis. Hier soir est arrivé ici le nouveau ministre de la guerre, déclarant au général Goybet que la ville était à sa merçi et n'opposait aucune résistance à ses troupes.

Le Général Goybet veut qu'on enterre Asmy Bey avec les honneurs militaires. "ce fut un remarquable officier Turc. Si vous aviez vu ses positions, organisées comme les nôtres, avec des batteries, des tranchées et reliés aux postes de combat par des fils téléphoniques! On se serait cru à la grande guerre. D'ailleurs tous les canons, tous les équipements venaient de chez les Boches, et toutes les caisses de munitions portaient l'inscription : Munitionen fur die Turkei...."

(Le témoin plus loin a rattrapé les troupes du Général Goybet.)

Nous sommes arrivés à temps. Des 2 cotés du Barada se développent les troupes Françaises, les premieres troupes européennes qui soient jamais entrées dans la capitale des Ommiades - Les croisés l'ont assiégée en vain - et devant l'ancienne caserne turque , le conquérant de Damas, le Général Goybet à cheval, regarde halé et rayonnant, défiler son armée victorieuse.

 

 

 

 

Entrèe à Damas de la division du Général Goybet , le 25 Juillet 1920 , après le combat de Meyzeloun

 

Entrèe à Damas de la Division du Général Goybet le 25 Juillet 1920, 

après le combat de mezeiloun

 

 

3)  Une fascination pour l'Orient

 

 

 

 

 

Tiré des notes du General Goybet Commandant la 3 ème Division de l'Armée du Levant .

 

 

 

a) La ville des mille et une nuits

 

 

L'oasis de Damas s'étale devant nous . Dans la blonde transparence de cette soirée d'été, les milliers de toits en terrasse, les innombrables minarets se teintent d'un rose doré, sous les derniers rayons du soleil qui se couche derrière nous. Tout autour, sur des kilomètres de profondeur, c'est l'infini moutonnement de sombres frondaisons des fertiles jardins qui font à la "perle de l'orient" la "ceinture d'émeraude "chantée par les poètes arabes . Vers le Sud , une chaîne de collines teintées de toutes les nuances du bleu, limite notre vue du côté du Hauran; vers l'est, l'horizon plus lointain s'estompe vers les avancées du désert de SYRIE, dans une brume transparente ou dominent les violets exquis et des mauves délicats . Nous restons muets devant la beauté du spectacle et nous jouissons avec ferveur du calme impressionnant qui nous entoure.

 

Damas  Grande Mosquée  des Omeyyades (705-715)

 

 

Il semble invraisemblable qu'hier encore ce fut la rude journée de combat , l'assaut forcené des lignes chérifiennes, la sanglante victoire de Khan Meiseloun.

L'esclave de Damas

Je suis à Damas ! Ce nom représentant pour moi quelque chose de fabuleux et de chimérique lorsque, encore enfant, je le lisais dans les archives de ma famille.

Jean Montgolfier, lointain ancêtre de ma grand - mêre paternelle , Louise de Montgolfier , fut fait prisonnier , au cours de la deuxième Croisade, en 1147, et conduit précisément à Damas . Il comptait sans doute parmi ‘’ Les gens de pied ‘’ ; aussi les Sarrasins n’eurent ils pas pour lui les égards réservés aux brillants Chevaliers. Les Damascains du temps en firent tout bonnement un esclave , pour travailler dans une manufacture où l’on fabriquait du papier de coton . Le pauvre Jean y travailla trois ans, durement, s’évada et rejoignit enfin l’armée des Croisés, à travers mille périls .

 

 

Le descendant de L'esclave de Damas

 

Le descendant de l'esclave de Damas vainqueur dans la capitale de ommiades

 

Rentré dans son pays natal , après dix ans d’absence, il installe le premier moulin à papier connu en Europe.

N’est ce pas ‘’la justice immanente ‘’ qui a permis, au descendant de l’esclave des Croisades , d’entrer en vainqueur dans la ville Sainte ?.

 

Le général Goybet  victorieux entre dans  Damas

Le général Goybet, victorieux de l'émir fayçal en fuite entre à Damas 

 

 

b) Dans le Palais de l'Emir Faycal avec les conteurs Arabes

 

 

 

 

 

La rédaction de ce récit , c’a été comme du temps où j’étais Lieutenant ‘’Mon travail d’Hiver ‘’ . Hiver ! Peut- on prononcer ce nom sous ce ciel toujours transparent , sous ce soleil toujours jeune ardent qui semble, chaque matin, bondir d’un seul élan au dessus de l’horizon lointain où se cache Palmyre ?"

"Et cependant, aujourd’hui, d’étincelantes blancheurs poudrent les boules d’or de mes orangers , sous l’œil étonné de trois Autruches et de deux gazelles . C’est étrange et charmant , cette neige à Damas . Elle est tombée cette nuit et pendant une heure à peine elle mettra sa miraculeuse poudre au front de la ville des Mille et une nuit . Je relis sur place les récits des conteurs Arabes et surtout leurs poésies si admirablement traduites par le Docteur Mardrus."

Damas en 1920 sous la neigeDamas Sous la neige en 1920

 

‘’ A Damas , j’ai passé un jour et une nuit . Damas ! Son créateur a juré que jamais plus il ne pourrait faire une œuvre pareille . ‘’

‘’ La nuit couvre Damas de ses ailes, amoureusement. Et le matin étend sur elle l’ombrage des arbres touffus . ‘’

‘’ La rosée sur les branches de ses arbres n’est point rosée , mais perles, perles neigeant au gré de la brise qui les secoue ‘’.

‘’ Là dans les bosquets c’est la Nature qui fait tout : l’oiseau fait sa lecture matinale ; l’eau vive c’est la page blanche ouverte ; la brise répond et écrit sous la dictée de l’oiseau et les blancs nuages font pleuvoir leurs gouttes pour l’écriture ‘’


C’est ces gouttes qu’il m’aurait fallu pour rendre exactement mon impression profonde devant les formes, les couleurs , les mirages de la divine Oasis d’Ech Cham.

 


DAMAS DECEMBRE 1920


Signé GOYBET

 

 

oasis-de-damas-1920.jpg 

 

 

 

 

                     Article du Monde sur prise de Damas en 1920

 

 

Article du Monde sur prise de Damas

 

« Saladin, nous voici ! »

 

Monument sur prise de Damas par le général Mariano Goybet

 

 

Il y a cinquante ans, les troupes françaises entraient à Damas

 

 

Le Monde | 27.07.1970 à 00h00 • Mis à jour le 27.07.1970 à 00h00 | LOUIS GARROS (*)

En 1920, le général Gouraud portait le titre de haut commissaire de la République française en Syrie et en Cilicie. Du côté de la Cilicie, il avait affaire, avec peu de troupes, à une situation de plus en plus détériorée qui provenait de l'entrée en scène des forces turques de Kemal Pacha, et les revers avaient succédé aux revers, jalonnés par le siège de Bozanti, le massacre d'Ourfa, des centaines de morts, des centaines de prisonniers. La presse, en France, n'accordait que dix ou vingt lignes à ces événements qui se produisaient si loin. Il y avait encore les sièges d'Aïntab, actuellement Gaziantep, les guérillas dans les régions d'Adana, de Tarsus, de Mersine, jusque vers Arab-Punar, aux confins de l'Euphrate. Deux minces divisions essayaient de contenir la ruée des nationalistes, qui se faisait de jour en jour plus rude. Pendant ce temps, le Liban était à peu près totalement dégarni de combattants, et l'on s'attendait, au grand sérail de Beyrouth, siège de l'état-major de l'armée du Levant, aux pires solutions.

Cependant, des renforts étaient en route, ils venaient d'Allemagne occupée et de Constantinople. Tant et si bien qu'à la fin du mois de juin 1920, au lieu de deux divisions, on en eut quatre. Les effectifs de l'armée atteignirent cent mille hommes. Des tirailleurs algériens et des tirailleurs sénégalais ; une brigade de ces derniers, retirée de Mayence où elle menait joyeuse vie, était commandée par le général Bordeaux, frère de l'académicien. Ces troupes noires avaient contesté, à Marseille, leur départ pour le Levant et avaient été jusqu'à retenir prisonniers, dans leur camp, les officiers, mais sans leur faire le moindre mal. Incident mineur. Tout avait été résolu en palabres et l'embarquement avait eu lieu.

 

 

Conference de la paix 22 Janvier 1919 Faycal aux cotés de Lawrence

  Conférence de la paix 22 Janvier 1919 Faiçal aux cotés de lawrence

 

 

À Damas, l'émir Fayçal contestait, lui aussi. Soutenu par un puissant parti, il n'admettait pas le mandat français. Il disposait d'une petite armée habillée, équipée, armée par les soins du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté, et surtout il contrôlait la voie ferrée de Homs, qui conduisait vers Alep et qui aurait permis aux Français d'utiliser une indispensable rocade. En outre, l'émir, rentré d'Europe depuis le printemps, s'était adjugé la couronne royale, avait décrété la conscription, augmenté les effectifs de ses soldats, proscrit absolument l'usage de la monnaie syrienne, dont la France avait assuré le cours légal et forcé, empêché les blés du Hauran d'être négociés dans la zone libanaise... Côté français, la 3e division était en état d'alerte et ses avant-gardes se trouvaient en bordure de la plaine de la Bekaa, prêtes à franchir les crêtes. La situation ne cessait de s'aggraver.

Victoire de Damas 25 Juillet 1920

 

Livre de famille du général Goybet sur prise de Damas

 

L'ultimatum à l'émir

Pour gagner Damas, il fallait d'abord traverser la vaste plaine de la Bekaa, puis franchir l'Anti-Liban dans toute sa largeur. Depuis les pentes est du Liban, le trajet total était de plus de 50 kilomètres à vol d'oiseau.

La 3e division du Levant, commandée par le général Goybet, comprenait quatre régiments d'infanterie, dont un seul européen (le 415e), le régiment des spahis marocains, deux escadrons de chasseurs d'Afrique, un groupe de 75, un groupe de 65 de montagne, une batterie lourde de 155, des sapeurs du génie, une compagnie de petits chars Renault, modèle 1918. Elle était articulée en plusieurs colonnes.

 

Les généraux Goybet et Gouraud (Juillet 1920)

 

Les généraux Goybet et Gouraud à Beyrouth : Revue du 14 Juillet 1920 

 

Le 14 juillet 1920, le général Gouraud passa une grande revue à Beyrouth, une autre chez les Sénégalais d'Aïn-Safar, remis de leurs émotions marseillaises, puis il adressa un ultimatum à l'émir, réclamant la disposition absolue de la voie ferrée Rayak - Baalbek - Homs-Alep, l'abolition de la conscription, l'acceptation du mandat français respectant l'indépendance des populations syriennes, l'acceptation de la monnaie syrienne, le châtiment des coupables, etc. Quinze avions survolèrent les agglomérations, lançant des tracts, des proclamations. Le 19 juillet, aucune réponse n'était parvenue au haut commissariat. Le 20, à 0 heure, le général Gouraud fit téléphoner aux exécutants : " Pas de réponse de l'émir; fil télégraphique coupé sur le territoire chérifien ; la marche sur Damas commencera le 21 dans les conditions prévues. "

Le 21, les troupes de la division traversèrent le Litani - le fameux Leontes antique, - ne rencontrèrent âme qui vive, atteignirent le défilé de l'oued Harir, commençant ainsi l'invasion du territoire chérifien. Dans les gorges arides la chaleur était épouvantable, les Noirs et les Nord - Africains souffraient terriblement du manque d'eau. Dans l'après-midi, Aïn-Djedeide fut occupé par les tirailleurs algériens du colonel d'Auzac après une progression épuisante. À la tombée de la nuit, la division était en place pour déboucher le lendemain dans la direction de Khan-Meiteloun. Les agents de renseignements confirmaient que l'ennemi avait l'intention de résister dans l'étranglement de l'oued Korn.

C'est alors que la diplomatie intervint. Dans la nuit du 21 au 22, une mission chérifienne, accompagnée par le colonel Toulat, attaché militaire français à Damas, vint affirmer que l'émir acceptait les termes de l'ultimatum, mais sollicitait un délai afin d'étudier attentivement la situation. Des échauffourées avaient eu lieu à Damas, disait-on. Il fallait faire preuve de bonne volonté, suspendre la marche en avant durant au moins vingt-quatre heures. Pendant ce temps, les quinze mille hommes et les trois mille chevaux de la colonne crevaient littéralement de soif. Les cinq sources d'Aïn-Djedeide fournissaient 20 000 litres d'eau, il en fallait 90 000 litres pour abreuver quotidiennement et suffisamment personnels et animaux, la différence devait être amenée par camions-citernes depuis la Bekaa : elle arrivait à l'état de tisane nauséabonde. Les spahis marocains se jetaient à plat ventre pour boire l'eau croupie de quelques mares. Il était trop tard pour reculer.

 

== Prélude à la bataille ==

 

Le 22 juillet, Fayçal dépêcha son ministre de l'Éducation, Sati al-Husri, et l'ancien représentant du gouvernement arabe, Jamil al-Ulshi, pour rencontrer Henri Gouraud] à son quartier général à Aley et le persuader de mettre fin à son avance militaire vers Damas. Gouraud répondit en prolongeant l'ultimatum d'un jour et avec de nouvelles conditions plus strictes, à savoir que la France soit autorisée à établir une mission à [Damas pour superviser la mise en œuvre de l'ultimatum original et l'établissement du mandat français. Al-Husri retourna à Damas le même jour pour communiquer le message de Gouraud à Fayçal, qui appela à une réunion du cabinet le 23 juillet pour examiner le nouvel ultimatum. Le colonel Cousse, officier de liaison français à Damas, interrompit la réunion avec la demande de Gouraud que l'armée française pût avancer vers Maysalun, où les puits d'eau étaient abondants . Gouraud avait initialement prévu de lancer l'offensive contre Damas d'Ayn al-Judaydah , une source dans la chaîne anti-Liban, mais le manque de sources d'eau à cet endroit situé au milieu des montagnes abruptes et stériles conduisit à un changement de plans . En conséquence, Gouraud chercha à occuper Khan Mayssaloun, un [caravansérail isolé sur la route de Beyrouth à Damas, situé à la crête du col de montagne de Wadi al-Qarn dans l'Anti-Liban, à 25 kilomètres à l'ouest de Damas. Gouraud a également été motivé d'occuper Khan Mayssaloun en raison de sa proximité avec le chemin de fer Hejaz.

 

Le message de Cousse confirma les craintes du cabinet de Fayçal que Gouraud avait l'intention de prendre la Syrie par la force. Le cabinet a par la suite rejeté l'ultimatum de Gouraud et a lancé un appel largement symbolique à la communauté internationale pour mettre fin à l'avance française. Le 23 juillet, Al-'Azma partit de Damas avec sa force hétérogène de militaires réguliers et de volontaires, qui était divisée en colonnes nord, centrale et sud chacune dirigée par des unités de cavalerie de chameau. Les forces françaises de la {{3e}} division sous le commandement du général Mariano Goybet lancèrent leur offensive vers Khan Mayssaloun et Wadi al-Qarn le 24 juillet, peu après l'aube à 5 heure du matin, tandis que les forces syriennes attendaient sur leurs positions surplombant le bas de Wadi al-Qarn.

 

== Les forces en présence ==

 

=== Les forces françaises ===

 

Le général Mariano Goybet] commandait les forces françaises pendant la bataille.

Les estimations des effectifs des divisions du Levant (Proche-Orient) de l'armée française qui participèrent à la bataille varient de 9000 à 12000 soldats. Les troupes étaient majoritairement constituées d'unités sénégalaises et algériennes, composées de dix bataillons d'infanterie et d'unités de cavalerie et d'artillerie. Parmi les unités participantes figuraient le 415e Régiment d'infanterie, le 2e Régiment des fusiliers algériens, la Division sénégalaise, le Régiment des fusiliers africains et le Bataillon marocain de spahis. Un certain nombre de volontaires maronites du Mont Liban auraient également rejoint les forces françaises. L'armée du Levant était équipée de batteries d'artillerie de plaine et de montagne et de canons de 155mm, et soutenue par des chars et des chasseurs-bombardiers.

 

=== Les forces syriennes ===

 

 

Les forces syriennes à Maysalun étaient commandées par le ministre de la Guerre Youssef al-Azmeh, qui mourut pendant la bataille. Elles étaient constituées de restes de l'armée arabe rassemblée par le général al-Azmeh, y compris des soldats de la garnison dissoute du général Hassan al-Hindi, des unités dissoutes de Damas et de la cavalerie des chameaux bédouins ; La plupart des unités de l'armée arabe avaient été dissoutes quelques jours avant la bataille par ordre du roi Fayçal Ier (roi d'Irak)| dans le cadre de son acceptation des termes du général Gouraud. En plus des troupes de l'armée arabe, de nombreux volontaires civils et miliciens de Damas rejoignirent les forces de Youssef al-Azmeh. Selon les estimations, le nombre de soldats et d'irréguliers syriens était d'environ 4000 tandis que l'historien Eliezer Tauber affirme qu'al-Azmeh a recruté 3000 soldats et volontaires, dont seulement 1400 ont participé à la bataille.

Une partie des unités de la milice civile furent rassemblées et dirigées par Yasin Kiwan, marchand Damascène, Abd al-Qadir Kiwan, ancien imam de la mosquée Omeyyade, et Shaykh Hamdi al-Juwajani, un érudit musulman. Yasin et Abd al-Qadir furent tués pendant la bataille. Shaykh Muhammad al-Ashmar a également participé à la bataille avec 40 à 50 de ses hommes du quartier Midan de Damas. D'autres prédicateurs et érudits musulmans de Damas, y compris Tawfiq al-Darra (ex-mufti de la cinquième armée ottomane), Sa'id al-Barhani (prédicateur à la mosquée de la Tuba), Muhammad al-Fahl (érudit de la Madrasa de Qalbaqjiyya) Ali Daqqar (prédicateur à la mosquée de Sinan Pacha) ont également participé à la bataille.

 

Les Syriens étaient équipés de fusils mis au rebut par les soldats ottomans lors de leur retraite pendant la Première Guerre mondiale et ceux utilisés par la cavalerie bédouine de l'armée Sharifian pendant la révolte arabe de 1916. Les Syriens possédaient également un certain nombre de mitrailleuses et environ 15 batteries d'artillerie. Selon diverses versions, les munitions étaient faibles, avec 120 à 250 balles par fusil, 45 balles par mitrailleuse, et 50 à 80 obus par canon. Une partie de ces munitions était également inutilisable car de nombreux types de fusils et de balle ne correspondaient pas entre eux.

 

== Bataille de Khan Mayssaloun du 24 juillet 1920, clef de l'entrée à Damas ==

 

L’armée française du Levant dont le commandant en chef est le général Henri Gouraud place les troupes françaises dans la bataille de Mayssaloun , sur la route de Damas, sous le commandement du général Mariano Goybet. Celui-ci écrase l'armée syrienne menée par Youssef al-Azmeh, ministre de la guerre du roi constitutionnel de Syrie Fayçal ben Hussein proclamé par le Congrès national syrien| le 7 mars 1920. Il rentre victorieux à Damas le 25 Juillet 1920. Cette bataille est considérée comme la fin du rêve nationaliste panarabique. Espoir brisé de Thomas Edward Lawrence de libérer durablement la Syrie. Youssef al-Azmeh, le ministre de la guerre du roi Fayçal, est tué lors des combats.

 

Fayçal {{Ier}}, originaire du Hedjaz en Arabie saoudite, était le fils de Hussein ben Ali (chérif de La Mecque)|Hussein ben Ali, chérif de la Mecque et roi du Hedjaz. Les Britanniques firent de lui, l'année suivante, le premier [roi d'Irak.

 

Le 17 août 1931, en collaboration avec le chef de bataillon Yvon, le commandant de Gaulle publie ''Histoire des troupes du Levant'' à l’Imprimerie nationale rédigé à l'occasion de l'exposition universelle de 1931. Voici un extrait de la Marche sur Damas en partant de Zahlé de la Division Mariano Goybet et bataille de Khan Mayssaloun :

 

La colonne Goybet se porte en avant le 21 Juillet 1920, franchit le Litani, occupe Rayak, gravit les pentes de l'anti-liban et vient camper dans la région de Aîn-Djedeidé. Les troupes chérifiennes avaient pris position sur les hauteurs de Khan-Meisseloun, au débouché est d'un long défilé par où passe la route de Damas.

Dès le 21 Juillet, le général Goybet, près duquel est détaché le chef d'état major de l'armée du Levant, le colonel Pettelat, a saisi l'issue de ce défilé. Le 24 Juillet au matin, le gros de ses forces se porte en avant, par les plateaux déchiquetés de part et d'autres de la route de Damas, A droite les spahis cherchent à déborder l'aile gauche de l'ennemi. Après une sérieuse résistance des fantassins chérifiens, soutenus par plusieurs canons, l'infanterie aidée des chars et bien appuyée par l'artillerie, enlève deux lignes successives de retranchements.

 

Le chef chérifien est tué ; ses partisans abandonnent la lutte et se replient sur Damas. Le 25 Juillet, le général Goybet entre dans cette ville.

 

Texte rédigé par le Commandant Charles De Gaulle.En novembre 1929, il est affecté à l’État-major des Armée du Levant à Beyrouth où il est responsable des 2e et 3e|bureaux de renseignement militaire et opérations.

 

 Article du  Monde | 27.07.197O   LOUIS GARROS (*)(Suite)
 

 

L'attaque

Face à cette situation intenable, un ordre de Beyrouth prescrivit de continuer le mouvement. Quelques incidents fortuits entre patrouilles adverses, quelques petits massacres s'étaient produits sur la route de Tripoli à Homs, au poste de Telkalakh. Une autre de nos divisions approchait d'Alep. Dans la nuit, au poste de commandement du général Goybet, installé dans les ruines d'un caravansérail, le fil téléphonique reliant Beyrouth à l'Anti-Liban apporta l'écho des conversations qui se déroulaient encore. Le chef d'état-major de l'armée, le colonel Prételat, était sur place. De Damas étaient venus Cousse et Catroux ; les plantons et les secrétaires buvaient les dernières gouttes de vin chaud et aigre.

Le feu vert fut donné au petit jour, dans ce décor d'apocalypse le 24 juillet 1920 ; plusieurs milliers de réguliers chérifiens, et des irréguliers aussi, guettaient l'adversaire depuis les hauteurs où ils s'étaient retranchés. Ils étaient placés sous le commandement du ministre de la guerre de l'émir, Youssef Azme Bey, ancien aide de camp d'Enver Pacha : un brave, il se fit tuer sur place... La division française attaqua de front, avec une puissante avant-garde, les hauteurs de l'oued Zorzov (à sec) ; les spahis marocains débordèrent la gauche ennemie ; la batterie de 155 prit position à l'entrée du défilé de l'oued Korn (à sec) et à 5 heures du matin fit feu.

 

 

 

À 10 h. 30, les Sénégalais débouchaient des défilés; les bidons étaient vides ; Azme Bey avait été tué ; les chars étaient entrés en action, patinant sur les roches. Une section de trois parvint à la crête, accompagnée par une petite compagnie de fantassins du 415e, dont le capitaine Klopfenstein était général en 1940 ; les Chérifiens lâchèrent pied, laissant des cadavres sur le terrain ; le point d'eau fut atteint ; les fourgons ennemis capturés : ils étaient bourrés de pâtisseries écœurantes, mais hommes et chevaux burent à leur soif... Le chef de la mission française à Damas survint, accompagnant un officier chérifien porteur du traditionnel drapeau blanc.

Le 25 juillet, les troupes françaises entraient dans Damas, musique en tête, drapeaux déployés, après avoir traversé les jardins de la ville où murmuraient d'accueillantes sources fraîches. L'émir avait fui. Nous avions eu cinquante - deux tués et deux cents blessés. C'était il y a cinquante ans, et j'y étais. Aujourd'hui, la France s'est retirée dans l'hexagone ; les Anglais dans les îles ; Fayçal est mort depuis longtemps ; le général Gouraud aussi. D'autres ont pris la relève. On se battra peut-être encore pour Damas, à moins que...

 

 

Ordre général n° 22 sur prise de Damas par le général Goybet

 

Ordre général n°22  sur prise de Damas par le général Goybet  

 

J'ai eu la curiosité de jeter un coup d'œil sur une Histoire des troupes du Levant, publiée en 1931 à l'occasion de l'Exposition coloniale, je n'y ai trouvé que vingt lignes se rapportant à ce fait de guerre cependant considérable, car, enfin, un général pénétrant dans la mosquée des Ommeyades et disant : " Saladin, nous voici ! ", c'était quelque chose d'assez inhabituel. J'ai cherché le nom de l'auteur de cette assez luxueuse brochure : le chef de bataillon breveté de Gaulle, de l'état - major des troupes du Levant. Une œuvre ignorée, sans doute...


(*) Lieutenant-colonel honoraire, rédacteur en chef de la revue Historama. LOUIS GARROS

 

 

 

 

Damas Fort Goybet

Damas , Fort Goybet 

 

 

 

 

Reportage de l'iIlustration fait par Myriam Harry

sur la victoire de meyzeloun

et l'entrée victorieuse du général Goybet et sa division à Damas 

 

  

 

 

 

 

Lettre de Syrie

 

Avec le Général Goybet, A DAMAS

 

Entree à Damas du general Goybet 25 juillet1920.jpg

 

 

Par Myriam Harry

 

 

L’ILLUSTRATION 

 

  ( 21 Août 1920  N° 4042  page 134-135-136)

 

 

 

Damas, 30 Juillet  1920

 

 

Nous voici  sur le chemin de Damas, le cœur aussi enflammé que Saint Paul, mais ne partant pas comme lui pédestrement de Jérusalem pour remonter vers le Nord ; nous quittons Beyrouth , ce port de l’antique Phénicie pour traverser la Syrie dans toute la largeur ; nous le quittons sur notre petite Ford , ornée aux portières d’une gazelle d’or galopante – il faut bien accorder notre modernisme à  la couleur du désert – et que précède , claquant joyeusement , une oriflamme aux trois couleurs de France . Nous allons ainsi , seuls rejoindre le général Goybet , le même qui succéda au général Gouraud à Strasbourg et qui , parti d’Ain -Saufar le 22 Juillet , marche avec sa division sur la capitale de la grande Syrie , sur Damas , Esch –Schâm, la ville des kalifes, la cité fabuleuse des Ommiades..

 

Les dernières nouvelles sont excellentes. Le général  a franchi sans encombre le Liban et l’Anti-Liban. L’armée chérifienne, massée sur les crêtes, s’est retirée devant l’armée Française , et actuellement nos troupes campent au Khan d’Aïn-Djedeïdeh, à   quarante kilomètres de Damas. Pourtant, au moment de partir , on nous avertit du haut commissariat. Il faut nous presser d’arriver ; de sérieuses hostilités commenceront vers 2 heures . C’est donc impatiemment émus que nous gravissons sous un soleil brûlant – il vous grille déjà à 7 heures -  les lacets pénibles de l’aride Liban  que nous dépassons. Aley  ou le général Gouraud a établi  sa résidence d’été, Aïn-Sophar  où  il passa  la revue de ses troupes sénégalaises, et qu’atteignant le point culminant de la route  nous redescendons vers la plaine de la Bekaa , l’ancienne Cérésyrie , célèbre pour sa fertilité , que se sont disputés tant de peuples depuis les siècles les plus reculés  et que continuent à se disputer le petit et grand Liban .

 

 

Le Liban entre Beyrouth et Damas
 

Le liban entre Beyrouth et Damas

 

Mais avant d’y arriver, quelle désolation encore ! Autour de nous se dressent toujours des chaînes d’une stérilité absolue, effarante, où seul le vol d’un gypaète déployant ses ailes blanches et noires retroussées met une ombre de vie. Même la couleur des montagnes, rose et mauve d’habitude, n’a plus aucune douceur dans cette lumière crue, et, presque angoissés, nous nous demandons en revoyant (nos riches et tendres paysages de France ; est ce pour la possession de pareils déserts que nous avons traversé les mers, que nos soldats sont venus se battre ?

 

Derrière nous s’élève, lézardé de neiges et dominant les croupes fauves , le pied du Sannine , tandis que devant nous apparaît, réplique éclectique , pareillement couronné d’argent et encerclé  d’une tribu  de montagnes , le sommet du Hermon , ce cheikh de l’Anti-Liban, au pied duquel le Jourdain prend ses sources ….

 

De temps à autres , nous dépassons des convois de chevaux ou des détachements de soldats noirs , blanchis par la poussière crayeuse .On a établi des barrages gardés par des sentinelles sénégalaises . A l’un d’eux un petit incident . N’ayant  pu nous arrêter à temps , un beau diable de Bambara faillit nous fusiller . Le sous –officier accouru , auquel nous exhibons notre autorisation magistrale s’excuse :

 

- Que voulez –vous, nous dit–il. On lui a expliqué de crier « halte!»  trois fois ; mais il a crié ; « Halte trois fois !. »  d’une seule haleine et épaulé aussitôt .

 

Nous continuons notre route, nous promettant plus de prudence , et nous apercevons, enfin une tache de verdure , puis des allées ombreuses , des peupliers , une ferme où meugle une vache , et voici les rives bordées de saules du Litani , le fameux Léontès où tant d’armées se sont ruées , assoiffées , et où boivent, tombés à genoux, le cou tendu , des Sénégalais , casque et coupe-coupe posés à coté d’eux . On dirait des soldats oubliés par les pharaons d’Egypte ou les rois d’Assyrie.

 

Nous aussi  nous remplissons notre réservoir et arrosons nos pneus brûlants avec les eaux  du fleuve historique .

 

Puis, encore, nous montons des chemins encaissés, nous traversons les défilés de l’Anti-Liban aussi calcinés que ceux du Liban  et  toujours  dominés –déroutant contraste – par les deux gardiens de neige, le Sannine à gauche et le Hermon è droite .

 

De –ci , de-là, sur une crête , quelque Bédoin au voile flottant , le fusil pointé derrière lui ; ou bien c’est , se désagrégeant , couleur  de terre de la montagne grise, un peloton de tirailleurs algériens, ou dévalant au grand galop parmi les rochers les spahis marocains , le fier et franc visage encadré  d’un turban  un peu plus clair que leur peau .

 

Sur la route des tonneaux et des  camions citernes emportent  à la colonne l’eau  du Litani .

 

Nous passons  devant un camp d’où les chérifiens venus pour protéger  le grand village  de Medjel Hagar se sont retirés à notre approche abandonnant  des munitions .Plus loin, nous voyons le toit de tuiles d’un khan, et étendue des deux cotés de la route , dans les plis d’une plaine pouilleuse , toute une armée , avec des canons, des chars d’assaut , des tentes, des chevaux , des arabas.

 

C’est l’armée du Général Goybet , c’est la troisième   division ; et voici le général lui-même, si séduisant dans sa grande et mélancolique simplicité. ( Le général a perdu ses deux fils à la guerre.)

 

Il nous entraîne vers l’ancien caravansérail à moitié démoli où s’est installé la popote à l’aide des caisses d’emballage. Il est juste 11 heures. Nous sommes arrivés pour le déjeuner qui nous parait succulent . J’apprécie particulièrement un Méchoui parfumé au thym sauvage . Mais le général me déclare en souriant, que ce n’est qu’un rôti de vieux moutons  arrosé de margarine , et que je subis encore, malgré mes déceptions Syriennes, le mirage oriental.

 

Qu’importe !  je sais que demain j’entrerai  à Damas avec la troisième division, que demain la capitale de l’ancien royaume arabe  deviendra une ville de paix française, que je pourrai de nouveau écouter murmurer le Barada , réver sous les arcades du vieux dervichat, m’asseoir près des scribes dans la bibliothèque des Bibars où le sultan et son fils dorment sous un catafalque de livres- alors tout m’enchante, tout me semble merveilleux .

 

 

L’après midi, le général Goybet  nous conduit aux avants avant-postes  établi à l’entrèe d’un col escarpé  et tortueux  par lequel son armée est forcée de passer pour avancer sur Damas . Des deux cotés s’élèvent des montagnes rocheuses, et juste en face de nous barrant la route , se dresse , tel un mur, une autre hauteur au sommet de laquelle nous distinguons des soldats chérifiens et des batteries installées .

 

-  C’est, nous explique le général, el quartier d’Asmy  bey Youssouf, le ministre de la Guerre actuel, ancien officier d’ordonnance d’Enver pacha , auprès duquel il s’est battu en Tripolitaine  puis aux  Dardanelles , ancien officier de liaison à Beyrouth . Intelligent, courageux , ambitieux, bon soldat, Asmy bey a su  gagner la faveur des extrémistes de Damas, et, inspirant crainte à l’émir Fayçal lui-même., il s’est fait nommer ministre de la Guerre. Il a organisé une armée de plusieurs  milliers de soldats réguliers à Damas et c’est lui encore, aidé  des extrémistes, qui a lançé dans tout le pays les bandes irrégulières qui ont soulevé de grandes difficultés en Syrie et occasionné la mort  de beaucoup de nos soldats .

 

C’est un adversaire redoutable ayant admirablement choisi et solidement fortifié ses positions.

 

- Le combat sera dur, très dur pour ce défilé. Voyez , ils ont des camons de gros calibre !

Et le  général ramasse sur le chemin un culot d’obus de 105.

 

- Il s ont tiré hier sur nos tanks venus jusqu’ici pour essayer ; ils nous voient  parfaitement et pourraient bien tirer sur nous  si les hostilités n’étaient pas suspendues jusqu’à minuit . Mais alors  - et le visage guerrier du général  prend une expression d’énergie extraordinaire – mais alors, si l’émir n’a pas accepté toutes nos conditions, c’est moi , avec mes 155, qui ouvrirai le feu.

 

Revenons au camp, nous assistâmes à l’embarquement d’une trentaine de soldats chérifiens capturés  avec un capitaine et deux lieutenants dans la montagne par sept spahis marocains. C’est une bande de paysans enrôlés de force, peu farouches, armés de fusils et de ceinturons boches et vêtus de haillons  de toute les armées.

 

Plusieurs, sont d’anciens blessés de guerre et tous montent ravis dans les camions  qui les doivent transporter à l’arrière.

 

- Du moins , dit l’un d’eux, chez les Français, les prisonniers sont nourris .

 

Au camp des Spahis Marocains, nous rencontrons d’anciennes connaissances des officiers ayant chevauché  un peu partout dans les pays  sahariens. Et assis au milieu des chevaux sellés de falali, harnachés  de cartouchières, sur des bidons à pétrole  autour d’une caisse d’emballage,  nous évoquons nostalgiquement et Douz , et Khebili, et Zarzis  l’enchanteresse, et Nefta suspendue  au dessus des grands sables ….

 

 

Plusieurs de ces officiers viennent  de débarquer à Beyrouth

 

- Comment disent ils en montrant les hauteurs dénudées  , c’est ça la Syrie tant chantée ! Sa désolation même n’est pas grandiose . Mais Dams , est ce vraiment la ville merveilleuse des Mille et une nuit, Esch-Schâm, est elle la rivale du Paradis ? 

 

Je me tais, et, dans le soir qui tombe dolemment  sur cette grande plaine guerrière, je me dis que je suis peut être , en vérité, une victime du mirage oriental. Le dîner, éclairé par trois bougies  pleureuses, n’est pas animé . Il fait froid brusquement, et le vent s’engouffre par les ouvertures sans portes du vieux  Caravansérail .

 

Le poste de commandement du Gènéral Goybet  à la veille du combat de meizeloun

 

Le poste de commandement du général Goybet

 

 

Le général est préoccupé. Le colonel Toulat, notre officier de liaison à Damas, qui avait promis ce matin  d’apporter la réponse de l’émir  Fayçal avant la nuit , n’est pas revenu . On lui avait prêté,  pour faciliter le trajet, une belle auto sanitaire .

 

- Ils sont capables d’avoir gardé le colonel pour  « barboter » mon auto ! Et le général hoche la tête.   Une autre question l’inquiète, si angoissante dans ce pays : la question de l’eau qui, jadis, causa la perte de notre royaume Franc dans la terrible bataille  de Tibériade.

 

 

Une armée comme celle du Général Goybet assèche en quelques heures les maigres ruisseaux  et tarit les pauvres sources de ce désert.  L’eau vient en tonneaux  et en camions-citernes  du Litani . Mais, à mesure que la colonne s’éloigne, le ravitaillement devient plus difficile, et puis les voitures pourraient  elles suivre dans la grimpée du défilé :  On a demandé des chameaux ; mais ils ont été réquisitionnés  par les Chrétiens. Il n’y a donc qu’un remède ; faire vite, passer le col et arriver à tout prix au -delà  des positions d’Asmy  bey,  au camp  Khan  de  Meizeloun, ou l’eau coule en abondance :

 

La veillée d’armes commence dans le misérable  caravansérail . On  s’installe comme on peut, on s’enveloppe de couvertures et de manteaux . Mais on gèle quand même. Les uniques bougies, fouettées  par le vent , ont pleuré jusqu’au bout. Alors on amène une auto devant la porte et c’est éclairés  par les phares que les officiers examinent les cartes, écrivent  les messages, et qu’un pauvre dactylographe, accroupi par terre devant sa machine,  tapote toute la nuit …

 

D’autres officiers arrivent , apportant des renseignements.  Ils ont si froid qu’on allume du feu et qu’on chauffe du café. Le téléphone entre la division et le général  Gouraud fonctionne sans cesse, tandis que dehors des chameaux, qui défilent avec leurs outres d’eau, ont l’air d’ombres apocalyptiques.

 

A 1H ½  seulement , le colonel Toulat arrive, accompagné d’un capitaine  chérifien.  Il a dû  faire  35  kilomètres  à cheval dans la nuit. On a pas voulu laisser partir l’auto prêtée par  le général Goybet.  Forcé par les extrémistes .

 

L’émir Fayçal  rejette les conditions françaises. L’anarchie règne à Damas . Les prisonniers échappés  de la citadelle ont commencé à piller la ville . Le quartier Chrétien ne doit son salut  que grâce  à l’intervention très énergique  de Noury pacha , figure bien connue à Paris, ou il vint annoncer le couronnement  de l’émir.

 

 

 

L’armistice est rompue . Demain on marche sur Damas !  D’impatience  nous ne tenons plus en place ; nous sortons et errons  par le camp ou peu à peu s’allument  des foyers, oscillants  comme des feux follets , ou l’on plie des tentes, celle des chevaux, et ou, dans le jour à peine diffus, les sénégalais silencieux ont l’air de grands guerriers revenants….

 

 

Groupe de prisonniers de l'armée cherifienne

 

Gtoupe de prisonniers de l'armée chérifienne

 

 

Puis le camp se lève comme par enchantement : s’en vont les Spahis , les artilleurs, et ces vaillants fantassins du 415e  que l’on a vu à tous les combats. En Palestine  en Silicie, à Tyr, à Merjazoum , et qui iront encore se battre pour Damas.

 

 

 

Et nous, et nous, avec notre  auto-gazelle  quand suivrons nous ?

 

Notre déception est cruelle quand on assigne notre place tout en arrière, avec le dernier des convois.

 

Nous nous  étions figurés  naïvement que nous filerions sur la route en tête de la colonne !

Mais au moment de nous effacer, le général Goybet s’approche de nous, le visage grave et la voix douce : 

 

- J’ai réfléchi ; il ne faut pas que vous restiez avec nous  même à l’arrière.

 

L’attaque sera chaude. Dans une demi-heure s’ouvre le feu. Les chrétiens répondront ….. Ils ont des camons à longue portée. Cet endroit sera  marmité .   Je ne veux pas vous savoir ici. Promettez moi de vous retirer dans la Bekaa . Allez à Zahlé. Moi, de mon coté, je vous promets de vous avertir quand le danger sera passé.  Vous nous rejoindrez à Damas.

 

 

C’est pénible d’obéir ;  mais l’aimable fermeté du général ne permet aucune  insistance. D’ailleurs nous vous proposons de rebrousser chemin dans quelques kilomètres seulement et de revenir ensuite.

 

Et nous voici refaisant en sens inverse  l’horrible route .crayeuse.  Derrière nous des coups de canon éclatent, devant nous accourent, venant du camp de Taïnène, des avions qui dispersent une nuée de  gypaètes.

 

Un défilé sur la route de Beyrouth à Damas

 

Un défilé sur la route de Beyrouth à Damas

 

 

Puis  le silence se fait, et la solitude  dans ces sauvages montagnes devient absolu.

 

J’ai peur soudain. Si des bandes de bédouins cachés derrière les rochers, tiraient  sur nous, nous capturaient ? Seuls, sans armes, sans défense, nous sommes bien plus exposés ici qu’à l’arrière de la colonne. Nous n’osons plus la rejoindre ; alors mieux vaut entrer dans la Bekaa et se réfugier à Zahlé.

 

Et qu’elle est jolie  et imprévue, cette petite ville libanaise, peu connue, peu vantée alors que tant d’autres jouissent d’une réputation imméritée. Zahlé petite ville chrétienne, accrochée avec ses arcades, ses jardins , ses treilles, ses cascades, ses ruisseaux, au pied du mont  Sannine ; petite ville parcourue d’une claire rivière  sautillante, éventée de frissonnants peupliers, et ou se dressent de place en place des arcs de verdure pavoisés aux couleurs de France à l’occasion du 14 Juillet .

 

Nous somme si agréablement surpris que nous en oublions presque notre mésaventure, et lorsque, harassés par cette nuit sans sommeil  et les émotions, nous nous glissons entre des draps blancs dans une chambre charmante, nous nous endormons délicieusement  à la chanson du  Bardonni  qui coule au pied de l’hôtel et nous murmurons les paroles du cantique des cantiques, enfin  justifiées, - Sûrement  Salomon a du aimer ici :

 

 

O  ruisseau d’eau vive,

O  fontaines des jardins, 

O  Liban !

 

 

A notre réveil, nous courrons au sérail .  On ignore tout de la bataille . On sait seulement que des barrages très sévères sont établis  le long de la route et qu’on refuse le passage de tout civil.

 

Mon dieu ! qu’allons nous faire ?   Nous avons oublié notre laisser- passer  auprès du général Goybet. Il n’a pas téléphoné et les communications avec lui sont coupées.

 

Mais chance, Ô  Chance ! en revenant à l’hôtel, nous rencontrons le capitaine Attaf, officier d’ordonnance indigène du Général  Gouraud , et qui , revenu de permission hier, rejoint demain son corps en auto . Il veut bien nous piloter.

 

Il a aussi des nouvelles . Le combat, extrêmement acharné, durant 8 Heures dans le fameux défilé long de 6 kilomètres . Les chérifiens avaient barré la route par un mur garni de mitrailleuses , croyant empêcher le passage des tanks .

 

 

veille de la bataille de Meyzeloun

 

Veille de la bataille de Meyzeloun

 

Mais les tanks se sont glissés dans le ravin entre le mur et la montagne et, passant dans le bled, ils sont montés à l’assaut de la crête suivis par les fantassins du 415e , les algériens et les sénégalais, alors que les spahis marocains , lancés à tout  galop  enveloppaient  les positions d’un mouvement débordant.

 

Bataille de Khan meizeloun

 Les tanks de la bataille de meizeloun

 

 

Et de là haut -  pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heurts, les tanks sont restés face à face avec les batteries, et c’est seulement quand ils réussirent à mettre le feu aux caisses de munitions que les chérifiens lâchèrent  pied  et s’enfuirent désemparés complètement  par la mort du ministre de la guerre Asmy bey , tué à son poste par un éclat d’obus.

 

 

On ignore la suite. Peut être la bataille  dure t’elle encore.

 

trois colonels francais reçoivent le général noury pacha venant régler entrèe à Damas des troupes du général Goybet.

 

Trois colonels ftançais reçoivent le général Noury Pacha venant régler entrèe  a Damas des troupes du général Goybet

 

 

Nous partons le lendemain matin  suivant l’auto du capitaine  Ataf, dont les carabines pointent par les portières. Nous roulons encore sur la même route, dépassons le camp d’Aîn-Djedeïdeh, quitté hier , ou des obus sont tombés, et ce n’est pas  sans une violente émotion que nous entrons dans le  lugubre défilé du Ouadï-el-Corn, aussi célèbre désormais  que le  «  Défilé de la  Hache »,  et ou fut livré ,  la plus chaude bataille de la Syrie .

 

Partout nous voyons des  arabas  renversées , des caissons d’artillerie émiettés, des sacs, des équipements dispersés, et là, dans un coude de la route, deux tombes fraîches,  entourées hâtivement  de quelques pierres sèches et ou fraternisent , - dans la mort comme ils ont fraternisé dans la vie, - piqués sur deux pieux, une chéchia de sénégalais et un casque  de poilu français .

 

 

Nous montons, montons encore les lacets de cette voie douloureuse de Damas, et c’est seulement quand nous avons dépassé la crête meurtrière que nous comprenons le courage inouï de nos soldats et l’éclatante victoire de leur chef .

 

 

Ici  cesse les traces de nos pertes ; nous ne voyons plus que le matériel d’une armée affolée, les cadavres de chevaux et de Bédoins  tués par les torpilles de nos aviateurs.

 

Mais que la route est longue  sur ce haut  plateau balayé par un vent de sable et de feu !  Je songe à la soif de nos combattants, et quand arrivant au   Khan de Meizeloun  nous voyons une fontaine rouler à larges flots, me figurant  la joie de nos soldats, j’ai envie de célébrer par un hymne d’allégresse la divinité bienfaisante des eaux.

 

 

Un colonel commandant les arrière-gardes  nous donne encore quelques détails.

 

Quand l’armée en déroute  est affluée vers Damas, le désarroi était absolu. L’émir Fayçal et son frère l’émir Zeid s’étaient enfuis. Hier soir est arrivé ici le nouveau ministre de la guerre, déclarant au Général Goybet que la ville était à sa merci et n’opposerait aucune résistance à ses troupes .

 

Avant l'entrée A Damas : le passage du Barada.

 

Avant l'entrèe à Damas, le passage du Barada

 

Hélas ajoute le colonel, si brillante que fut notre victoire, elle n‘a pas été sans pertes sérieuses. Voyez , je suis chargé d’établir ici le cimetière militaire. J’ai choisi cette clairière de peuplier ou les prisonniers creusent les tombes. Elles seront bien là, pas trop bas à cause des infiltrations, ni trop haut à cause du vent dé séchant. Juste un peu sur la pente. Nos poilus entendrons murmurer   le ruisseau et frissonner les peupliers ; ils pourront se croire en France….Oui, les deux tombes de la route, je vais les ramener ici, je suis chargé aussi de faire rechercher le corps d’Asmi bey.  Je n’ai pas trouvé encore.

 

Le général Goybet  veut qu’on l’enterre avec les honneurs militaires. Ce fut un remarquable officier Turc . Si vous aviez vu se positions organisées absolument comme les nôtres  avec des batteries , des tranchées, et reliées au poste de combat par des fils téléphoniques …..

 

 

On se serait cru à la grande guerre . D’ailleurs, tous les canons, tous les équipements venaient de chez les boches, et toutes les caisses  de munitions portaient l’inscription  Minutionen  Für die Turkey….    Oui en vous dépêchant, vous rattraperiez  la colonne. Elle se repose depuis ce matin  au bord  du Barada  et doit entrer à Damas au soleil couchant.

 

Alors, vite, vite, nous filons …Mon dieu ! Voilà que le désert recommence ! et si je ne connaissais déjà Damas et la forêt de ses vergers, je croirai à quelque sortilège maléfique.

 

Mais voici brusquement, sans autre préparation ,  ces eaux limpides du fleuve béni à sept bras , et c’est parmi des gevelins  et  sous des cascades de verdure que nous roulons vers Esch-Schâm, le  « grain de beauté du désert Syrien » .

 

 

Le drapeau du 415e rentre à Damas  (25 Juillet)

 

Le drapeau du 415e entre à Damas (25Juillet).

 

Nous sommes arrivés à temps, des deux cotés du Barada se développent  les troupes françaises , les premières troupes européennes qui soient jamais entrées dans la capitale des Ommiades – Les croisés l’ont assiégé en vain – et , devant l’ancienne caserne turque, le conquérrant de Damas , le général Goybet,  à cheval, regarde , hâlé et rayonnant , défiler son armée victorieuse. 

 

 

 

 

 

Myriam Harry

 

 

Les généraux Goybet et Gouraud (Juillet 1920)

 

 

 

Général Mariano Goybet

 

 

 

 

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Entrée à Damas du général Goybet 25/07/1920 

 

 

 

Armée française à Damas

Armée francaise à Damas

 

 

JOURNAL DES DEBATS POLITIQUES ET LITTERAIRES 23/06/1941

 

LES FRANCAIS A DAMAS

25 JUILLET 1920

Au moment où les troupes françaises viennent d'évacuer Damas attaquée par les forces britanniques, il est intéressant de rappeler comment la ville fut occupée par une colonne française sous les ordres du Général Goybet à la date du 25 juillet 1920. Le général  Mariano Goybet vit toujours dans sa maison familiale de Yenne (Savoie) ainsi que son frère le général Goybet que j'eus autrefois l'honneur d'accompagner sur les cols et les sommets de Maurienne, alors qu'il était chef de service des renseignements de Chambéry, avant de devenir chef de l'infanterie la 27 B.I. .Tous deux sont neveux du général Charles-Louis Goybet de l'armée sarde passée en 1860 au service de la France et devenu inspecteur général de la cavalerie.

Le général Mariano Goybet, qui avait été officier d'ordonnance du général Zedé  quand celui-ci était gouverneur militaire de Lyon, commanda le 30° bataillon alpin de chasseurs et le 152°  d'infanterie. Il eut sous ses ordres, pendant la précédente guerre, en Argonne et en Champagne et sur les Vosges la 157° division (1). En décembre 1918 , il fut nommé adjoint du général  Hirschauêr  gouverneur militaire de Strasbourg et, à la demande du général Gouraud haut commissaire en Syrie, alla prendre sous ses ordres le commandement de la Brigade Mixte du Littoral transformée bientôt en  3° division de l'armée  française du Levant. Nous étions alors en difficultés avec le  roi Faycal qui, de son palais de Damas, luttait contre notre influence en Syrie sans craindre de faire appel à certains concours européens. Le général Gouraud avait décidé de mettre un terme à ses agissements. Il y a quatre ans, le général Mariano Goybet publiait dans la revue des  troupes du Levant une relation du combat de Khan Meiselôun livré le 24 juillet 1920 qui nous ouvrit la route de Damas.

Le général Goybet commandait la 3°division d'infanterie du  Levant Une brigade sénégalaise était aux ordres du général Bordeaux, une autre brigade formée par le  415° régiment d'infanterie et le 2° régiment de tirailleurs algériens était commandée par le colonel Sousselier. La cavalerie comprenait le régiment de spahis marocains et trois demi-escadrons du 1° régiment de marche de la cavalerie du Levant. Il fallait y ajouter 4 batteries de 75,  deux batteries et demi de 65, une batterie de 55 court, une compagnie  du génie, quinze chars d'assaut,  quatre autos mitrailleuses, une escadrille divisionnaire et un groupe de bombardement .

Le 14 juillet, un ultimatum du général Gouraud était adressé à l'émir Fayçal.  Le haut commissaire passa les troupes en revue au camp d'Ain Sofar et à Beyrouth. Aucune réponse  n'étant parvenue le 21 juillet, la marche sur Damas fut décidée. L'absence d'eau la rendait difficile. 90.000 litres étaient quotidiennement nécessaires pour abreuver hommes et animaux, 70.000 litres devaient être amenés par citernes automobiles à travers les dures pentes d l'Anti-Liban.

De nouvelles négociations faillirent arrêter l'offensive française. L'attaque sur Damas la Sainte, Damas la Mystérieuse, commença le 24 à cinq heures du matin. La bataille fut livrée sous un soleil Implacable. La progression de nos troupes bien soutenues par leur artillerie aboutit, en dépit des difficultés de terrain, à amener la retraite des troupes chérifiennes. Leur commandant en chef, le colonel Youssef Asme Bey(2), fut tué à son poste. Dès midi, avec des prisonniers, un matériel considérable était tombé entre nos mains, quinze canons, une soixantaine de mitrailleuses, une grande quantité de munitions. Hommes et chevaux purent s'abreuver aux fontaines de Khan Meiseloum.

A 16 h. 30, tandis que la poursuite avait repris, des parlementaires vinrent annoncer au  général Goybet la fin de la résistance. L'armée chérifienne s'était retirée à 15 kilomètres au sud de Damas. Le combat nous avait coûté 52 tués et 200 blessés. Le lendemain eurent lieu l'arrivée à Damas et l'entrée solennelle des troupes.

Aucun Incident ne se produisit, aucune manifestation hostile n'eut lieu pendant toute la durée de la cérémonie.

Les troupes débouchaient sur le quai de la rive gauche par le pont de la Mosquée d'El-Tequieh dont les minarets s'élançaient dans le ciel doré. La colonne gagna ensuite l'avenue de la gare du Hedjaz à laquelle les Damascains donnèrent plus tard le nom du général Goybet, puis les .places du Sérail et du Mouchirieh et l'avenue Djemal-Pacha.

Après avoir défilé devant la caserne turque face à laquelle se tenaient le général Goybet et son escorte, les troupes bivouaquèrent prêtes à évoluer et à agir. Notre batterie de 155 en batterie au pied du Kalaat Mezeh tenait sous son canon la ville aux 248 mosquées.

Il faut relire les Impressions du général Goybet au soir de sa victoire

'L'oasis de Damas s'étale devant nous. Dans la blonde transparence de cette soirée d'été, les milliers de toits en terrasse, les innombrables minarets se tintent d'un rose doré sous les derniers rayons du soleil qui se couche derrière nous. Tout autour, sur des kilomètres de.profondeur c'est l'infini moutonnement des sombres frondaisons des fertiles jardins qui font à la perle de l'Orient la Ceinture d'émeraude chantée  par les poètes arabes. Vers le sud une chaîne de collines teintées de toutes les nuances du bleu, limite notre vue du côté du Hauran, à l'est, l'horizon plus lointain s'estompe vers les avancées du désert de Syrie dans une brume transparente où dominent des violets exquis et des mauves délicats. Nous restons muets devant la beauté du spectacle et nous jouissons avec ferveur du calme impressionnant qui nous entoure.''

Le lendemain eut lieu la réception des membres du nouveau gouvernement de Damas. La déchéance de  l'Emir Fayçal comme chef du gouvernement de la zone Est de Syrie fut prononcée.

Le général Goybet était tout indiqué comme gouverneur de Damas. Un certain ancêtre de sa grand-mère maternelle, Louise de Montgolfier avait été, sous le nom de Montgolfier fait prisonnier au cours de la troisième croisade en 1147 et conduit à Damas où il devint esclave dans une fabrique de papier de coton. Il y travailla trois ans,s'évada, rejoignit l'armée des Croisés. Rentré au pays natal après dix ans d’absence, il y installa le premier moulin à papier connu en Europe.

MARTIN BASSE

Deux fils du général, le sergent Frédéric et l'Adjudant Adrien Goybet ont été glorieusement tués à l'ennemi pendant l'autre campagne. Son troisième fils, l'Amiral Goybet fut canonnier marin devant Verdun. Il débarque à Aruba en mai 40 avec le corps de débarquement du croiseur Primauguet pour défendre les dépôts de pétrole de la Standard Oil et de la Shell. Il transporte la même année en Afrique a Casablanca une partie du stock d'or de la Banque de France et les bijoux de la couronne belge pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Allemands.Le fils de l'Amiral Goybet, le Chef de Bataillon d'infanterie de marine parachutiste Adrien Goybet perpétue la tradition militaire et le service de la patrie (3eme génération de légion d'honneur). Il est le père du Chevalier Henri Goybet qui fit son service militaire au 27 BCA ( chasseurs Alpins ) en l'honneur de Mariano Goybet, Alpin lui même.

Le commandant en chef , le colonel Youssef Assme Bey était le ministre de la guerre de l'émir Fayçal

 

 

 

 == Après la bataille ==

 

Le roi Fayçal fut chassé de Syrie par les français suite à leur occupation de Damas]
Les premières estimations des pertes qui ont fait 2000 morts syriens et 800 victimes françaises ont été exagérées. L'armée française a affirmé que 42 de ses soldats ont été tués, 152 blessés et 14 disparus en action, tandis que 150 combattants syriens ont été tués et 1500 blessés. Le roi Fayça a observé que la bataille se déroulait dans le village d'al-Hamah, et comme il était apparu que les Syriens avaient été mis en déroute, lui et son cabinet, à l'exception du ministre de l'Intérieur Ala al-Din al-Durubi, Un accord avec les Français, est parti pour al-Kiswah, une ville située aux approches du sud de Damas.
Les forces françaises avaient capturé Alep le 23 juillet sans combat, et après leur victoire à Maysalun, les troupes françaises ont assiégé et pris Damas le 25 juillet. En peu de temps, la majorité des forces de Fayçal se sont enfuis ou se sont rendus aux Français, bien que les partis des groupes arabes opposés à la domination française aient continué à résister avant d'être rapidement battus. Le roi Fayçal est retourné à Damas le 25 juillet et a demandé à al-Durubi de former un gouvernement, bien qu'Al-Durubi ait déjà décidé de la composition de son cabinet, ce qui a été confirmé par les Français. Le général Gouraud a condamné le régime de Fayçal en Syrie, l'accusant d'avoir traîné le pays à un pas de la destruction, et déclarant que, pour cette raison, il était absolument impossible qu'il reste dans le pays.. Fayçal a dénoncé la déclaration de Gouraud et a insisté sur le fait qu'il restait le chef souverain de la Syrie dont l'autorité était accordée par le peuple syrien..

Fayçal quitte Damas le 27 juillet avec un seul de ses membres du cabinet, al-Husri. Il a d'abord voyagé vers le sud à Daraa dans la région de Hauran où il gagne l'allégeance des chefs tribaux locaux. Cependant, un ultimatum français aux dirigeants tribaux pour expulser Faisal ou faire face au bombardement de leurs campements a obligé Fayçal à se diriger vers l'ouest à Haïfa dans la Palestine occupée par les Britanniques le 1er août et à éviter d'autres effusions de sang. Le départ de Fayçal de la Syrie a mis fin à son objectif d'établir et de diriger un État arabe en Syrie.

 

== Télégramme du Général Gouraud après victoire de Maysseloun et entrée troupes à Damas ==


Ministère des armées : Archives historiques

Télégramme (En clair) Aley 26-07-1920

Adresse Diplomatie Paris N°|1460/2  / Guerre Paris N° 1501/2

1°- Les troupes Françaises ont fait leur entrée hier 25 Après midi dans Damas, sans rencontrer la moindre résistance entre le lieu de combat et la ville. Mais trouvant le long de la route un nombreux matériel abandonné prouvant la fuite désordonnée de l'ennemi, malgré les fatigues d'une étape de 27 km, succédant à une journée de combat ou les troupes ont défilé dans un ordre magnifique au milieu d'une foule nombreuse et respectueuse. Elles se sont installées au camp sous les murs de la ville occupant sans incident les gares et édifices publics. Ce matin un nouveau gouvernement composé de nos partisans s'est présenté au Général GOYBET qui en mon nom leur a fait une déclaration portant sur les points suivants :

L'Emir FAYSAL qui a conduit son pays à 2 doigts de sa perte, a cessé de régner. Contribution de guerre de 10 millions destinés à indemniser les dommages causés à la zone Ouest par la guerre de bandes, désarmement Général commençant immédiatement, remise entre nos mains de tout matériel de guerre et réduction de l'armée transformée en force de police, les principaux coupables traduits devant les tribunaux militaires.

Le nouveau gouvernement a accepté toutes ces conditions et a affirmé son sincère désir de collaboration loyale. La ville fournit des vivres aux troupes. Le chemin de fer entre Rayak et Damas a été rétabli aujourd'hui 26. L'émir Faysal abandonné de tous est rentré à Damas la nuit dernière. Je lui fais spécifier d'avoir à quitter le pays dans les 48 heures avec sa famille et ses principaux familiers.

2°- Colonne GOUBEAU est arrivée à Alep le 23 comme il était prévu après un léger engagement au Nord de Muslimie. Les autorités d'Alep ont affirmé leur désir de collaboration. Le général de LAMOTHE s'est installé en ville le 24.

3°- Reconnaissance de cavalerie du groupement TEL-KALA poussée au pont d'HOMS y a été accueillie par 2 officiers chérifiens qui ont déclaré que la ville était évacuée par les troupes chérifiennes et que la population attendait et désirait l'arrivée de nos troupes.

GOURAUD Fin citation

 

== Héritage ==


En 1920 proclamation du Grand Liban avec le Grand Mufti de Beyrout, Cheik Moustafa Naja, le Patriarche maronite Elias Pierre Hoayek sur sa droite et en présence du  général Mariano Goybet.


La bataille de Khan Mayssaloun a été déterminante. Les Français ont pris le contrôle du territoire qui est devenu le Mandat français sur la Syrie et le Liban.
Le 1er septembre, le général Gouraud proclame la création de l'État du Grand Liban, en y annexant le Mont-Liban et les villes côtières. La France divisa la Syrie en plus petits états centrés sur certaines régions et mouvements religieux, y compris leGrand Liban pour les[Maronites, l’État de Jabal al-Druze pour les Druzes à Hauran, l'Alawite pour les Alaouites dans les montagnes côtières syriennes et Damas et Alep.

Bien que les Syriens aient été défaits de façon décisive, la bataille de Maysalun « est devenue dans l'histoire arabe un synonyme d'héroïsme et de courage sans espoir face à de grandes difficultés, ainsi que pour la trahison »  selon l'historien irakien Ali al-Allawi. Selon le journaliste britannique Robert Fisk, la bataille de Maysalun était «une lutte que tout Syrien apprend à l'école, mais dont presque tous les Occidentaux sont ignorants ». L'historien Tareq Y. Ismael, professeur de sciences politiques à l'Université de Calgary au Canada et président du Centre international pour le Moyen-Orient contemporain, écrit qu'après la bataille, « la résistance syrienne à Khan Maysalun a bientôt pris des proportions Épopée |épiques. Elle a été vue comme une tentative Arabes|Arabe pour arrêter l'avalanche Impérialisme|impériale ». Il affirme également que la défaite des Syriens a provoqué dans le Monde arabe des attitudes populaires qui existent jusqu'à ce jour, selon lesquelles le Monde occidental déshonore les engagements qu'il prend envers le peuple arabe et opprime ceux qui s'opposent à ses desseins impériaux. Sati al Housri, grand penseur panarabiste, a affirmé que la bataille était «l'un des événements les plus importants de l'histoire moderne de Nationalisme arabe|nation arabe». L'événement était annuellement commémoré par les Syriens, commémoration au cours de laquelle des milliers de personnes visitaient la tombe d'al-Azmeh à Maysalun

.==Mandat français sur la Syrie et le Liban|la Syrie et le Mandat français (1920-1946) Extraits de Samir ANHOURY==

Il y eut échec politique sur plusieurs points essentiels :

Échec sur l’exécution de la mission de la France, puissance mandataire, de mener à bien le pays sous mandat – la  Syrie – à l’indépendance.
Diviser la Syrie en plusieurs états autonomes, regroupés plus tard en un état dans les limites d’un tracé arbitraire des frontières, non conforme à la réalité géographique et historique du pays.
Refuser à la Syrie et à son gouvernement local l’exercice en droit de ses prérogatives constitutionnelles et ce, malgré la promulgation du « Statut organique » des états du Levant sous mandat français le 22 mai 1930 par le Haut-commissaire Henri Ponsot.
Signature du traite Franco Syrien, Septembre 1936 8 février 1936, troubles a [Homs
Refuser à la Syrie son indépendance proclamée par la France Libre le 9 juin 1941, et son délégué au Levant le général Catroux.
Évacuation définitive des troupes françaises le 23 juillet 1939 du Sandjak d’Alexandrette, territoire syrien placé sous mandat français, en faveur de la Turquie, prix à payer pour s’assurer la neutralité turque durant la Deuxième guerre mondiale.
Politique monétaire et fiscale préjudiciable pour la Syrie, avec l’émission d’une monnaie locale en billets de banque liée au franc français.
Enfin, échec de la France à mener une « politique arabe » cohérente, en refusant tout soutien au nationalisme arabe.

Toutefois, et malgré cet échec politique incontestable, il ne serait que justice d’accorder à la France un bilan positif dans son œuvre administrative, qui a laissé des traces profondes en Syrie jusqu’à nos jours.

Le mandat a tout d’abord consolidé les bases de l’état moderne, instauré au temps du Royaume arabe de Fayçal. Dans ce but, le mandat a imposé son autorité grâce à l’armée, la gendarmerie et la police garants de l’ordre et de la sécurité. Ce dispositif, bien que répressif, fut toutefois accompagné d’une réforme de la justice et de sa pratique dans tout le pays, assurant calme et sécurité.

Dans d’autres domaines : santé et hygiène, cadastre, construction de routes, sédentarisation des nomades, augmentation des surfaces cultivées, mise en valeur de l’héritage archéologique, formation et mise sur pied de la future armée nationale : infanterie arabe, cavaliers [[Adyguéens|tcherkesses]], escadrons druzes, légion arménienne. Toutes ces unités ont formé les « troupes spéciales » de l’armée du Levant, commandée par des officiers français.
Autre domaine, et non le moins important, fut la culture et l’éducation étendues à des milieux socialement variés et en nombre relativement important.

L’enseignement dans les écoles fut dispensé avec rigueur et efficacité. Le même sérieux dans la formation des élèves et étudiants fut appliqué dans les écoles et instituts missionnaires et dans les écoles nationales et l’Université syrienne.

Les générations de Syriens, formés dans ces écoles et maîtrisant souvent parfaitement à la fois l’arabe et le français, ont formé l’élite cultivée qui a mené le pays à l’indépendance et consolidé les réalisations positives du mandant durant la décennie postérieure à l’indépendance. Beaucoup de ceux qui ont vécu le mandat, qu’ils soient français ou syriens, gardent en mémoire des souvenirs contrastés et inoubliables. Toutefois, ils sont tous à peu près d’accord sur un point : le mandat fut une réussite administrative et un échec politique.{{Fin citation}}

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khan_Mayssaloun

 

  De Strasbourg à la prise de Damas : Carnet de campagne du Général Mariano Goybet Ancien Commandant de la 3ème D.I. de l’Armée Française du levant . 1920-1921

 

 

Général Mariano Goybet

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